Introduction aux essais cliniques

Introduction aux essais cliniques

Un essai clinique est un type d’étude de recherche mené auprès d’êtres humains (sujets) qui y participent volontairement. Les essais cliniques sont conçus pour permettre l’obtention de réponses à des questions importantes sur l’innocuité et l’efficacité d’une intervention, l’objectif étant de déterminer si cette dernière est supérieure, inférieure ou équivalente aux interventions qui servent habituellement à diagnostiquer, à prévenir ou à traiter une maladie donnée ou qui sont réalisées à ces fins au sein d’une population donnée. En somme, le but des essais cliniques consiste à établir quelle est l’intervention optimale, en fonction de facteurs tels que l’âge, le sexe, l’origine ethnique, le type de maladie ou le stade de celle-ci.

Les interventions qui sont évaluées dans le cadre des essais cliniques peuvent être des médicaments, des produits de santé naturels, des modifications du mode de vie (régime alimentaire, exercice), des soins de réadaptation, ou des interventions diagnostiques ou chirurgicales. Un essai clinique peut porter sur une nouvelle intervention qui n’a pas encore été mise à l’essai ou sur une nouvelle indication proposée pour une intervention qui a déjà été évaluée dans d’autres contextes thérapeutiques. Dans bien des cas, l’intervention à l’étude est comparée aux pratiques ayant cours, à un placebo, à une intervention factice (qui ne comprend pas d’ingrédient ou de technique ayant des effets thérapeutiques) ou à l’absence d’intervention.

Quelles sont les différentes phases des essais cliniques?

Étude préclinique

Bien souvent, les questions de recherche concernant une intervention possible contre la SP sont d’abord mises à l’essai en laboratoire. Les évaluations effectuées dans ce contexte portent sur des cellules et des modèles animaux de la SP. L’un de ces modèles est une maladie appelée encéphalopathie auto-immune expérimentale (EAE), qui est transmise à des rongeurs de laboratoire. Les manifestations de l’EAE chez ces rongeurs sont semblables aux principales caractéristiques de la SP observées chez l’être humain (inflammation et démyélinisation, évolution cyclique caractérisée par l’alternance de poussées et de périodes de rémission, et progression inexorable des incapacités). L’étude préclinique permet de procéder à une première évaluation des bienfaits possibles d’une intervention et fournit quelques indications sur l’innocuité et des risques de celle-ci. Si les résultats sont prometteurs, l’étude pourrait aboutir à la réalisation d’essais cliniques.

Phases des essais cliniques

Les essais cliniques se font généralement en quatre phases (tableau 1), lesquelles varient selon les objectifs de recherche et le nombre de personnes qui y prennent part. En général, les premières phases sont consacrées à l’établissement de la dose qui pourra être administrée sans danger tout en étant bien tolérée et qui produira les effets escomptés. Les phases subséquentes consistent généralement en la mise à l’essai de cette dose auprès d’un plus grand groupe de personnes que dans les phases précédentes en vue de la confirmation des bienfaits de l’intervention à l’étude auprès d’une population élargie et de la détermination des effets indésirables que cette intervention pourrait avoir. Des essais de prolongation sont menés pour permettre l’évaluation de l’innocuité et de l’efficacité à long terme du traitement. Y participent des personnes ayant pris part aux essais cliniques antérieurs et ayant consenti à poursuivre l’intervention.

Les essais cliniques varient en fonction notamment du type d’intervention, de la population cible, des effets recherchés et de la démarche adoptée pour mesurer l’efficacité de l’intervention. L’information ainsi recueillie lors de chacune des phases constitue un premier bagage de connaissances sur l’intervention, qui sert de base aux phases subséquentes de la recherche. Une intervention ne pourra passer à la phase d’essais cliniques subséquente que si les résultats obtenus lors de la phase en cours sont positifs.

 

Tableau 1 : Phases d’essais cliniques

 
Objectifs
Plan de l’étude (durée)
Nombre de sujets

Phase I
Évaluer l’innocuité et la tolérabilité de l’intervention et déterminer la posologie appropriée chez des sujets en bonne santé (la population de l’étude peut englober ou non des personnes atteintes de SP).Essais généralement une étude sans insu (1 an ou plus).
De 20 à 80

Phase II
Évaluer de manière approfondie l’innocuité et l’efficacité de l’intervention et déterminer la posologie appropriée chez des personnes atteintes de SP.Essais qui comprennent généralement un groupe témoin et un groupe traité et qui sont souvent menés à double insu (au moins de 1 à 3 ans).
De 100 à 300

Phase III
Confirmer l’efficacité de l’intervention, surveiller les éventuels effets secondaires qui lui sont associés et la comparer aux interventions usuelles ou à un placebo chez des personnes atteintes de SP; après quoi, les résultats obtenus seront soumis à Santé Canada en vue de l’approbation de l’intervention.Essais souvent multicentriques, à double insu et à répartition aléatoire, comparatifs avec placebo/intervention factice (au moins de 2 à 3 ans).
De 1 000 à 3 000

Phase IV
Déterminer les effets à long terme (risques, bienfaits, effets secondaires) et les modalités d’utilisation optimales de l’intervention une fois que celle-ci aura été approuvée par Santé Canada (les essais de phase IV, dits de pharmacovigilance, sont souvent réalisés à cette fin). Des centaines, voire des milliers de personnes

Cliquez ici pour en savoir plus sur les traitements contre la SP qui font actuellement l’objet d’essais cliniques de phase II et III.

Quelles sont les étapes préliminaires au lancement d’un essai clinique et les étapes subséquentes?

  • Définir le concept de l’étude, s’assurer de disposer des ressources financières nécessaires à la tenue de l’étude et tenter d’obtenir la collaboration de divers spécialistes qui n’ont pas nécessairement travaillé ensemble auparavant.
  • Établir un protocole ou un plan directeur détaillé décrivant la portée de l’étude, le type d’étude, le nombre de sujets à recruter, la fréquence des consultations ou des examens par imagerie par résonance magnétique (IRM) à effectuer, les types de données à consigner, ainsi que la procédure détaillée de chacune des phases de l’étude. Cette étape permet de s’assurer que tous les sujets seront soumis au même protocole.
  • Rédiger un ou plusieurs formulaires de consentement éclairé. Le processus de consentement éclairé consiste à fournir aux sujets qui veulent prendre part à l’étude des renseignements importants sur celle-ci, à les aider à comprendre ces renseignements, à répondre aux questions qu’ils pourraient se poser et à leur accorder le temps nécessaire pour prendre une décision éclairée quant à leur éventuelle participation à l’étude. En apposant leur signature sur le formulaire de consentement, les sujets indiquent qu’ils ont compris les exigences liées à l’étude et qu’ils acceptent de prendre part à celle-ci.
  • Déposer une demande d’approbation auprès du Comité d’éthique de la recherche de Santé Canada ou, aux États-Unis, du comité d’examen de l’établissement hôte. Cette approbation doit également porter sur le formulaire de consentement et toute autre disposition prévue pour l’étude. Cette étape, imposée par les gouvernements, a pour objectif de garantir le respect des directives ayant pour objet la protection des personnes participant à des travaux de recherche.
  • Mettre sur pied un comité responsable de surveiller le déroulement de l’étude et de réagir aux éventuels problèmes pouvant survenir sur le plan de la recherche ou de la sécurité.
  • Procéder au recrutement et à la sélection des sujets et obtenir le consentement éclairé de ces derniers relativement à leur participation à l’étude.
  • Mener l’étude en question, ce qui consiste notamment à effectuer des examens d’imagerie et des évaluations cliniques ainsi qu’à collecter divers types de données. Certains protocoles peuvent nécessiter le recours à des examens d’IRM répétés ou supplémentaires, ce qui implique des consultations additionnelles pour les sujets.
  • Compiler et évaluer les données cumulatives obtenues auprès de tous les sujets.
  • Communiquer et publier les résultats de l’étude.

Participation à des essais cliniques et à des travaux de recherche en lien avec la SP

Participation à un essai clinique : critères d’admissibilité

Sont définis dans le cadre de tous les essais cliniques des critères d’admissibilité qui permettent de déterminer qui peut y prendre part. Les critères d’inclusion sont les caractéristiques que doivent posséder les sujets pour être admis à l’étude, alors que les critères d’exclusion sont celles qui les empêchent d’y participer. En somme, les critères d’admissibilité sont fondés sur les caractéristiques des sujets (âge, sexe, type de maladie, stade/durée de celle-ci, antécédents thérapeutiques ou médicamenteux et maladies concomitantes).

Les personnes qui souhaitent prendre part à un essai clinique devraient en parler avec leur équipe soignante afin de voir si elles y sont admissibles et de s’assurer qu’une telle participation ne nuira pas à la poursuite du traitement en cours.

Toutes les conditions requises pour la participation à un essai clinique ne sont pas remplies si les sujets n’ont pas donné leur consentement éclairé. L’équipe de recherche leur remet un formulaire de consentement éclairé qui décrit en détail tous les renseignements importants sur l’essai et elle leur laisse suffisamment de temps pour le lire et poser toutes les questions qu’ils pourraient avoir, afin de pouvoir prendre une décision éclairée. Tout sujet qui accepte de participer à l’essai doit signer le formulaire de consentement éclairé de celui-ci. Il aura toutefois la possibilité de revenir sur sa décision, c’est-à-dire de retirer son consentement, à n’importe quel moment par la suite.

Questions à poser lorsque l’on envisage de participer à un essai clinique 

  • Quelle est l’intervention à l’étude? Que sait-on et que cherche-t-on à savoir à propos de cette intervention?
  • Quels sont les bienfaits et les risques possibles liés à cette intervention (à court et à long terme)?
  • Quelle sera l’intervention de comparaison?
  • Quelles seront les méthodes de mesure/d’évaluation utilisées dans le cadre de cette étude?
  • À quelle fréquence et pendant combien de temps me demandera-t-on de me rendre au centre de recherche?
  • En quoi consisteront les données collectées et de quelle façon celles-ci seront-elles diffusées?
  • Quels sont les frais qui seront couverts ou qui me seront remboursés?

Vous trouverez ici, sur la page d’Essais cliniques Ontario, des ressources additionnelles sur la participation aux essais cliniques.

Comment peut-on vérifier la crédibilité d’un essai clinique?

La crédibilité et la solidité scientifiques d’une étude reposent sur de nombreux facteurs, dont les suivants :

  • le type d’étude réalisée;
  • l’expertise et les compétences des chercheurs et chercheuses (affiliation à un établissement universitaire ou à un établissement de santé);
  • l’évaluation et l’approbation par un organisme de réglementation (Santé Canada, Food and Drug Administration [FDA] des États-Unis), un comité d’éthique de la recherche et/ou l’établissement auquel sont affiliés les chercheurs et chercheuses et dans lequel se déroule l’étude (université, clinique, hôpital);
  • les méthodes utilisées pour la collecte et l’analyse des données;
  • la rigueur et la qualité de l’examen des résultats effectué par un comité externe indépendant.

Où peut-on trouver de l’information sur les possibilités de participation à des essais cliniques (pour lesquels le recrutement de sujets est en cours) et les études de recherche portant sur la SP?

  • Outil de recherche dans la base de données des essais cliniques de Santé Canada – outil de recherche qui permet aux Canadiennes et aux Canadiens de trouver des éléments d’information précis sur un essai clinique portant sur le problème de santé dont ils souffrent;
  • ClinicalTrials.gov – base de données publiques de la National Library of Medicine des États-Unis, qui répertorie tous les essais cliniques menés dans le monde;
  • Outil de recherche d’essais cliniques d’Essais cliniques Ontario – outil de recherche destiné à aider les Canadiennes et les Canadiens à trouver les essais cliniques menés au Canada (pas seulement en Ontario) qui portent sur le problème de santé dont ils souffrent;
  • Recherche clinique Québec – service personnalisé de recherche bilingue, gratuit et convivial, conçu pour aider les personnes du Québec et leurs proches aidants qui sont à la recherche d’essais cliniques susceptibles de les intéresser;
  • Portail sur la recherche en SP de la Société canadienne de la SP – plateforme sur laquelle est diffusée de l’information sur les études de recherche et les essais cliniques auxquels peuvent prendre part les Canadiennes et les Canadiens. Les chercheurs et chercheuses œuvrant au sein d’établissements canadiens qui souhaitent faire la promotion de leur étude sur le Portail afin d’optimiser le recrutement de sujets doivent soumettre une demande en ce sens. Les renseignements relatifs à leur étude pourront être publiés sur le Portail une fois que cette demande aura été approuvée par le comité d’examen de l’établissement et par le comité d’éthique de la recherche. Les études et les essais menés par des entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques, des sociétés de recherche en marketing ou d’autres entreprises à but lucratif ne sont pas annoncés sur le Portail.

Comprendre les termes employés en recherche clinique

Quelle différence y a-t-il entre une étude sans insu (ouverte) et une étude menée à l’insu?

Dans le cadre d’une étude sans insu, ou étude ouverte (étude de phase I, en général), l’équipe de recherche et les sujets savent à quelle intervention seront soumis ces derniers (médicament expérimental ou placebo). En revanche, dans le cadre d’une étude menée à l’insu (étude de phase II ou III, en général), l’équipe de recherche sait à quelle intervention les sujets seront soumis, alors que ces derniers l’ignorent jusqu’à la fin de l’étude (auquel cas l’étude est dite à simple insu). Il se peut aussi que l’équipe de recherche ne sache pas non plus à quelle intervention les sujets seront soumis, et ce, jusqu’à la fin de l’étude (auquel cas l’étude est dite à double insu).

Qu’est-ce que la répartition aléatoire?

La répartition aléatoire consiste à affecter au hasard les sujets aux divers groupes d’intervention de l’étude, afin d’éviter que les résultats ne soient faussés par des biais éventuels. Cette méthode est souvent utilisée dans les essais cliniques de phase II et III dont l’objectif consiste à comparer au moins deux interventions (par exemple, comparaison d’une nouvelle intervention contre la SP et d’une intervention approuvée contre la SP).

Qu’est-ce qu’un témoin ou un groupe témoin?

Les témoins sont des personnes qui font l’objet de l’intervention usuelle ou qui reçoivent un placebo durant un essai clinique, aux fins de comparaison avec les personnes (sujets) qui font l’objet de l’intervention expérimentale. C’est lors des essais cliniques de phase II et III que sont formés un groupe témoin (qui fait l’objet de l’intervention usuelle contre le problème de santé à l’étude ou d’une intervention factice, ou encore qui reçoit un placebo) et un groupe traité (qui fait l’objet de l’intervention à l’étude). Il est essentiel d’avoir un groupe témoin dans un essai pour pouvoir comparer les effets de la nouvelle intervention à ceux de l’intervention usuelle.

Qu’est-ce qu’un placebo?

Un placebo est une substance (pilule, liquide ou poudre) « inerte », c’est-à-dire sans aucun ingrédient actif. Durant les essais cliniques de phase II et III, les effets du traitement expérimental sont comparés à ceux d’un placebo, ce qui permet d’évaluer l’innocuité et l’efficacité de ce traitement expérimental.

Qu’est-ce que l’effet placebo?

L’effet placebo est un effet réel, mesurable et reconnu par la communauté scientifique. Des changements quantifiables sont observés dans le cerveau des gens qui prennent un placebo en croyant ou en espérant qu’il sera efficace. Cet effet a tendance à être maximal en présence de symptômes qui comportent une composante subjective, comme la douleur, mais il peut aussi agir sur les fonctions physiques.

Qu’est-ce qu’une intervention factice?

Une intervention factice est une intervention de type placebo. Par exemple, des sujets prenant part à un essai peuvent recevoir des injections d’un produit inactif ou être soumis à une intervention (chirurgicale, médicale ou autre) simulée (en ce sens qu’elle n’a aucun effet thérapeutique), s’ils sont affectés au groupe témoin.

Avertissement : La Société de la SP est un organisme bénévole et indépendant qui œuvre dans le domaine de la santé. Elle n’approuve ni ne recommande aucun produit ou traitement, mais renseigne sa clientèle afin que celle-ci puisse prendre des décisions éclairées. Pour obtenir des renseignements ou des conseils particuliers, veuillez consulter votre médecin. Pour lire la politique relative à la confidentialité dans son intégralité, cliquez ici.