Information relative à la SP destinée aux pharmaciens et pharmaciennes

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Les pharmaciens et pharmaciennes jouent un rôle important auprès des personnes atteintes de sclérose en plaques (SP). L’objectif de la présente page Web consiste à fournir à ces professionnels de l’information pratique et à jour sur la SP, ainsi que sur les stratégies de soins et les options thérapeutiques à envisager relativement à cette affection. Que vous cherchiez à approfondir vos connaissances sur les médicaments destinés au traitement de la SP ou souhaitiez en savoir plus sur la façon de mieux soutenir les personnes aux prises avec cette maladie, l’information fournie ci-après devrait vous être utile. Vos connaissances relatives à la SP et à la prise en charge de celle-ci contribuent grandement à l’amélioration des soins prodigués aux personnes atteintes de SP ainsi qu’au renforcement du bien-être de ces dernières.

La SP est une maladie neurologique du système nerveux central (SNC), qui comprend le cerveau, la moelle épinière et les nerfs optiques. Cette affection se manifeste différemment d’une personne à l’autre. Dans le contexte de la SP, le système immunitaire s’attaque par erreur à la myéline, soit la gaine protectrice qui enveloppe les fibres nerveuses. La myéline est nécessaire à la transmission des messages en provenance ou en direction du cerveau. La détérioration de cette substance peut entraîner de l’inflammation et la dégénérescence des fibres nerveuses, ce qui, au fil du temps, contribue à la progression de la maladie et à l’apparition de handicaps.

Bien que la cause de la SP demeure inconnue, on croit que cette affection serait attribuable à une combinaison de facteurs génétiques, environnementaux et liés au mode de vie. Des équipes de recherche sont parvenues à cerner plus de 200 variantes génétiques influant sur la vulnérabilité à la SP. Toutefois, la génétique ne représente que 30 p. 100 tout au plus du risque de SP. On croit que les facteurs qui influeraient le plus sur le risque de SP sont liés à l’environnement et au mode de vie. Parmi ces facteurs de risque, ceux qui ont été les plus étudiés sont le tabagisme, la carence en vitamine D, l’obésité durant l’adolescence et l’infection par le virus d’Epstein-Barr (VEB), virus à l’origine de la mononucléose infectieuse. Comme le risque de SP est multiplié par 32 chez les personnes infectées par le VEB, ce virus est le seul facteur de risque considéré comme majeur quant à l’apparition de la SP.

Activité de la maladie

La SP peut être en phase active ou inactive. La survenue de poussées, ainsi que l’apparition de nouvelles lésions et/ou la progression de lésions existantes révélées par IRM signifient que la SP est en phase active. En l’absence de poussée ou de changements visibles sur les clichés d’IRM, on considère que la SP est en phase inactive. Toutefois, même si la maladie n’est pas active, une personne atteinte de SP peut continuer d’éprouver des symptômes. Les neurologues ont recours à l’IRM et procèdent à des examens physiques et à des tests axés sur la détection de certains biomarqueurs (tests sanguins et analyse du liquide céphalorachidien) pour déterminer s’il y a activité de la maladie ou non.

La SP est une affection qui se manifeste et évolue de façon unique chez chacune des personnes qui en sont atteintes. Les poussées de SP peuvent entraîner une progression des incapacités. Cette progression peut aussi se produire indépendamment des poussées en raison d’une inflammation persistante et d’autres mécanismes touchant le cerveau et la moelle épinière. Dès les premiers stades de la SP et tout au long de cette maladie, la survenue de poussées et la persistance de l’inflammation contribuent à la progression de l’invalidité.

La réserve cérébrale désigne la capacité du cerveau à compenser les atteintes subies par ce dernier et à maintenir les aptitudes fonctionnelles malgré la présence de lésions ou d’une maladie. Chez les gens qui vivent avec la SP, les atteintes neurologiques se produisent plus rapidement comparativement aux personnes exemptes de cette maladie. Les processus touchant de façon chronique le système nerveux central – comme les infections, les facteurs relevant du mode de vie, les problèmes liés à l’âge, la neurodégénérescence, l’excitotoxicité et le dysfonctionnement des mécanismes de protection – jouent un rôle important dans la progression de la SP.

Formes de SP

On sait maintenant que la SP implique un phénomène d’inflammation aigu et chronique (ou latent), ainsi qu’un processus appelé neurodégénérescence. Ces mécanismes s’amorcent dès les premiers stades de la SP et se poursuivent, à des degrés divers, tout au long de la maladie. Un tel continuum témoigne de la nature évolutive de la SP – dont le cours peut suivre différentes phases – et justifie, par là même, l’application d’un suivi continu et le recours à une approche thérapeutique personnalisée.
Les diagnostics suivants peuvent être posés :

Le syndrome clinique isolé (SCI) consiste en un épisode unique de symptômes neurologiques évoquant la SP. Tous les cas de SCI n’évoluent pas en SP. On estime toutefois que les personnes qui présentent un SCI et des lésions cérébrales comparables à celles qui sont associées à la SP sont très susceptibles d’avoir un jour la SP : environ 80 p. 100 des personnes atteintes d’un SCI subiront d’autres manifestations neurologiques au cours des années suivantes.

Le syndrome radiologique isolé (SRI) se définit par la présence de lésions démyélinisantes détectées par imagerie par résonance magnétique (IRM) et évoquant fortement la SP chez une personne ne présentant aucun symptôme de cette maladie. Environ un tiers des personnes qui ont un SRI recevront un diagnostic de SP au cours des cinq années qui suivent.

La majorité des personnes chez qui la SP apparaît reçoivent d’abord un diagnostic de SP cyclique. Cette forme de SP se caractérise par la survenue de symptômes neurologiques ou d’épisodes symptomatiques (qu’on appelle poussées), suivis de périodes de rétablissement complet ou partiel (appelées rémissions). Dans environ 90 p. 100 des cas, les personnes atteintes de SP reçoivent un diagnostic de SP cyclique. Parmi les gens atteints de SP cyclique, certains verront leur état évoluer vers une phase de la maladie appelée sclérose en plaques progressive secondaire (SPPS). La SPPS se manifeste généralement par une fréquence moindre des poussées et une progression des incapacités.

Dans environ 10 p. 100 des cas, les personnes atteintes de SP reçoivent un diagnostic de SP progressive primaire (SPPP). Généralement, il s’agit de personnes plus âgées que celles chez qui on diagnostique une SP cyclique. La SPPP se caractérise d’emblée par une aggravation presque continue, sans poussée ni rémission évidente.

Quelle que soit la forme de la SP, celle-ci peut être définie en fonction de son activité – elle sera dite active (en cas de poussées et/ou de signes évocateurs d’une reprise de son activité à l’IRM) ou non active – et de sa gravité – on dira qu’elle s’aggrave (en cas d’aggravation confirmée des incapacités pendant une période déterminée à la suite d’une poussée) ou qu’elle ne s’aggrave pas.

Le traitement global de la SP comporte la prise en charge de la maladie en tant que telle, la réadaptation, un soutien psychosocial et des stratégies axées sur le bien-être.

L’échelle élaborée d’incapacités de Kurtzke (ou échelle EDSS, de l’anglais Expanded Disability Status Scale) est une méthode d’évaluation quantitative de l’incapacité en cas de SP qui permet de faire un suivi du niveau d’incapacité au fil du temps. Cet outil permet d’évaluer à quel point les capacités d’une personne atteinte de SP sont compromises par cette maladie. L’échelle EDSS est graduée de 0 à 10 (chaque incrément de 0,5 point correspondant à une augmentation du degré d’incapacité). Selon l’échelle EDSS, des scores allant de 1 à 4,5 concernent des personnes atteintes de SP pouvant marcher sans aide, tandis que des scores EDSS variant de 5 à 9,5 témoignent d’une mobilité compromise.

L’établissement d’un score suivant l’échelle EDSS repose sur un examen réalisé par un ou une neurologue et sur l’évaluation de huit systèmes fonctionnels (SF) distincts. Un système fonctionnel consiste en un réseau de neurones compris dans le cerveau et ayant pour rôle d’assurer certaines tâches. Les neurologues s’appuient sur les systèmes fonctionnels pour suivre l’évolution du degré d’incapacité de leurs patients et patientes au fil du temps. Bien que l’échelle EDSS soit une ressource utile en ce qui a trait à la pratique clinique, aux essais cliniques et à la question des critères de remboursement, cette méthode présente certaines limites. L’établissement des scores EDSS repose sur des examens qui sont effectués par des neurologues et dont les résultats peuvent être subjectifs. De plus, cette méthode ne permet pas de détecter les changements subtils pouvant dénoter une légère détérioration ou amélioration. Par ailleurs, étant essentiellement centrée sur la marche et la fonction motrice des membres inférieurs, l’échelle EDSS ne permet pas d’établir un tableau complet de la progression des incapacités, notamment en ce qui concerne les troubles cognitifs, la fatigue ou d’autres répercussions de la maladie sur la qualité de vie.

L’échelle EDSS permet d’effectuer des mesures relativement aux systèmes fonctionnels suivants, bien qu’elle porte principalement sur les fonctions physiques et neurologiques, en particulier du point de vue de la mobilité et de l’aptitude à la marche :

  • fonction pyramidale – faiblesse musculaire ou difficulté à mouvoir les membres inférieurs et supérieurs

  • fonction cérébelleuse – ataxie, pertes d’équilibre, manque de coordination ou tremblements

  • fonction du tronc cérébral – troubles de l’élocution, dysphagie (troubles de la déglutition) et nystagmus (mouvements involontaires des yeux)

  • fonction sensorielle – engourdissements ou pertes de sensations

  • fonction vésicale et intestinale

  • fonction visuelle – troubles de la vision

  • fonction cérébrale ou mentale – troubles de la pensée et de la mémoire

 
Score relatif au handicap selon les systèmes fonctionnels (SF)  Description 
0 Examen neurologique normal. 
1 Absence de handicap; signes minimes d’atteinte – un SF.  
1,5  Absence de handicap; signes minimes d’atteinte – plus d’un SF. 
Handicap minime – un SF. 
2,5  Handicap léger – deux SF.  
Handicap modéré, aucune difficulté ambulatoire. 
3,5  Aucune difficulté ambulatoire, handicap modéré – un SF. 
Capacité de marcher sans aide ni repos sur une distance de 500 m. Capacité de vaquer à ses occupations durant 12 heures malgré une atteinte fonctionnelle relativement importante. 
4,5  Capacité de marcher sans aide ni repos sur une distance de 300 m. Capacité de vaquer à ses occupations la majeure partie de la journée et de travailler une journée entière. 
Capacité de marcher sans aide ni repos sur une distance de 200 m. Handicap suffisamment important pour entraver la réalisation des activités d’une journée normale. 
5,5  Capacité de marcher sans aide ni repos sur une distance de 100 m. Handicap suffisamment important pour empêcher la réalisation des activités d’une journée normale.
Aide à la marche requise pour franchir une distance d’environ 100 m avec ou sans repos. 
6,5  Aide bilatérale à la marche requise pour franchir une distance d’environ 20 m sans repos. 
Incapacité de franchir une distance de plus de 5 m même avec aide. Utilisation d’un fauteuil roulant requise presque en tout temps. Capacité de faire avancer le fauteuil roulant et d’effectuer les transferts. 
7,5  Incapacité de faire plus de quelques pas ou de franchir une distance de plus de 5 m même avec aide. Utilisation d’un fauteuil roulant motorisé requise presque en tout temps (capacité de faire avancer un fauteuil roulant manuel, mais pas une journée entière). Aide parfois requise pour effectuer les transferts. 
Confinement au lit ou à la chaise presque en tout temps. Incapacité de faire avancer un fauteuil roulant. Capacité de rester hors du lit la majeure partie de la journée. Capacité d’effectuer la plupart des soins personnels. Conservation en général de l’usage des bras. 
8,5  Confinement au lit la majeure partie de la journée.  Conservation d’un usage partiel des bras. Capacité d’effectuer certains soins personnels. 
Confinement au lit. Capacité de communiquer et de manger. 
9,5  Confinement au lit et invalidité totale. Incapacité de communiquer efficacement ou de manger/d’avaler. 
10  Décès lié à la SP. 

Les scores de 1 à 4,5 concernent les personnes capables de marcher sans aide. 

Les scores de 5 à 9,5 concernent les personnes qui présentent des difficultés à marcher ou à se déplacer. 

De nombreuses stratégies peuvent être envisagées pour favoriser le maintien du bien-être global et l’amélioration de la qualité de vie, comme l’activité physique, la réadaptation, l’adoption d’un mode de vie sain ainsi qu’une alimentation équilibrée. En plus de ces stratégies axées sur le bien-être, il existe plusieurs options thérapeutiques pour le traitement de la SP. Comme leur nom l’indique, les médicaments modificateurs de l’évolution de la SP (MMÉSP) sont des agents qui modifient l’évolution du processus pathologique sous-jacent ou qui agissent sur celui-ci. Les MMÉSP ne traitent pas les symptômes de la SP, mais ils ciblent l’inflammation qui provoque des lésions dans le SNC. Certains médicaments servent quant à eux à traiter les poussées de SP, et d’autres contribuent au soulagement des symptômes de cette maladie.

Médicaments modificateurs de l’évolution de la SP (MMÉSP)

Les MMÉSP, également appelés immunomodulateurs, sont conçus pour réduire la fréquence et la gravité des poussées de SP, pour freiner la multiplication des lésions (régions détériorées ou exposées à l’activité de la maladie) dans le cerveau et la moelle épinière, et pour finalement ralentir l’accumulation des incapacités. La meilleure chose à faire est de contrer d’emblée l’inflammation et de prévenir la formation de lésions tissulaires irréversibles. Les médicaments actuellement offerts pour le traitement de la SP sont conçus pour ralentir le processus inflammatoire; or, ils ne sont généralement pas efficaces chez les personnes atteintes de SP progressive qui ne présentent aucun signe d’activité inflammatoire.

Traitements pour la SP (SP Canada) 
CPS (Association des pharmaciens du Canada)

Prise en charge des symptômes  

Les symptômes de la SP peuvent être soulagés par le recours à des médicaments et à des stratégies axées sur le mode de vie et les thérapies de soutien, comme la réadaptation, le soutien psychologique et un mode de vie adapté (exercice physique régulier, alimentation équilibrée et bonnes habitudes de sommeil). Dans certains cas, il peut aussi convenir de fournir de l’information sur l’administration des médicaments, les possibles effets secondaires de ces derniers et l’importance de l’adhésion au schéma thérapeutique.

Prise en charge des symptômes de la SP (SP Canada)

Plus que les autres, les personnes atteintes de SP peuvent être exposées aux risques liés à la polypharmacie en raison 1) du recours à divers médicaments destinés à traiter les symptômes de la SP, 2) des taux de comorbidité accrus, et 3) de la prise en charge des effets secondaires de certains MMÉSP. La polypharmacie peut avoir des conséquences néfastes comme des interactions médicamenteuses, des risques pour la sécurité à long terme, un manque d’observance envers les médicaments et une augmentation du coût de la prise en charge de la maladie. Chez les personnes aux prises avec la SP, la polypharmacie est aussi associée à un nombre accru d’hospitalisations et de poussées, à une intensification de la fatigue, ainsi qu’à un plus grand recours aux ressources en soins de santé. Les maladies concomitantes les plus répandues parmi les gens qui vivent avec la SP sont la dépression, l’anxiété, l’hypertension et l’hyperlipidémie. Il est recommandé que les fournisseurs de soins de santé passent régulièrement en revue les médicaments que prennent leurs patientes et patients atteints de SP – y compris les suppléments et les médicaments en vente libre – afin de reconnaître les personnes qui sont exposées aux risques liés à la polypharmacie et qui bénéficieraient d’un bilan complet de leurs médicaments.

Personnes chez qui la SP est apparue durant l’enfance ou l’adolescence

Jusqu’à 10 p. 100 des personnes atteintes de SP éprouvent leurs premiers symptômes de SP durant l’enfance ou l’adolescence. L’apparition de la SP durant l’enfance (soit chez des enfants de moins de 10 ou12 ans) concerne 1 p. 100 de tous les cas de SP. Il est recommandé d’instaurer un traitement rapidement en cas de SP pédiatrique. Tous les MMÉSP qui sont approuvés pour les adultes ont été utilisés pour le traitement de la SP pédiatrique et sont probablement efficaces chez les enfants. Un seul MMÉSP a été approuvé par Santé Canada pour ces derniers, soit le fingolimod. Toutefois, la couverture de ce médicament est assurée uniquement dans le cadre des programmes de compassion (ou programme d’accès compassionnel) offerts par les compagnies pharmaceutiques ou en vertu de régimes privés d’assurance médicaments. D’autres MMÉSP sont utilisés dans le traitement de la SP pédiatrique, bien qu’ils n’aient pas été homologués pour une population non adulte. Les enfants et les adolescents atteints de SP qui suivent un traitement contre cette maladie doivent faire l’objet d’une surveillance globale conforme aux critères standards établis pour le MMÉSP utilisé.

Résumé :   

  • La SP peut se déclarer durant l’enfance, mais ce n’est pas courant.

  • Les facteurs susceptibles d’accroître le risque de SP chez les enfants et les adolescents comprennent une carence en vitamine D, le tabagisme, l’exposition à la fumée secondaire et l’obésité.

  • Un traitement par un MMÉSP est recommandé chez toute personne de moins de 18 ans (enfant ou adolescent) qui reçoit un diagnostic de SP.

  • Tous les MMÉSP employés contre la SP chez les adultes ont été utilisés chez les enfants et contribuent probablement à ralentir efficacement l’activité de la SP pédiatrique.

  • Les enfants atteints de SP qui reçoivent un MMÉSP font l’objet d’un suivi continu étroit, destiné à permettre d’évaluer l’évolution de leur état pendant le traitement, l’efficacité de celui-ci contre l’activité de la SP et les effets secondaires qu’il entraîne.

Femmes enceintes ou allaitantes – qu’en est-il des MMÉSP?

Les femmes qui envisagent de concevoir un enfant sont invitées à en discuter avec leur neurologue. Si une grossesse est possible, il est préférable d’attendre que la maladie soit stable depuis quelque temps. Les femmes qui souhaitent avoir un enfant doivent obtenir des conseils sur l’utilisation des MMÉSP, car certains de ces médicaments sont contre-indiqués avant la conception, pendant la grossesse ainsi que lors de l’allaitement. Il importe de comprendre les risques envisageables des MMÉSP en ce qui a trait à la grossesse et à l’allaitement. Des résultats de recherche donnent à penser que l’allaitement pourrait freiner l’activité de la SP après l’accouchement. Les femmes atteintes de SP qui sont susceptibles de tomber enceintes doivent utiliser une méthode contraceptive fiable. En général, il est recommandé de cesser le traitement par un MMÉSP avant la conception.

Résumé :  

  • Idéalement, les femmes atteintes de SP qui sont capables d’avoir des enfants devraient attendre que leur maladie soit stable depuis un certain temps avant de planifier une grossesse.

  • Il convient d’encourager les femmes atteintes de SP à consulter leur neurologue si elles envisagent une grossesse.

  • Toute femme atteinte de SP qui risque de tomber enceinte par accident à court terme doit éviter d’utiliser un MMÉSP.

  • L’allaitement pourrait freiner l’activité de la SP après l’accouchement.

  • On croit que certains MMÉSP sont plus sûrs que d’autres pendant l’allaitement.

LactRx App (en anglais seulement)
LactMed® (en anglais seulement)

Bon nombre de personnes atteintes de SP utilisent ou envisagent d’utiliser du cannabis médicinal dans le cadre de la prise en charge de leurs symptômes. Les deux principaux cannabinoïdes présents dans le cannabis sont le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Le THC est connu pour ses effets psychoactifs (anxiété, psychose, troubles cognitifs), alors que le CBD possède des propriétés analgésiques et anti-inflammatoires. Ces substances activent des récepteurs situés dans tout l’organisme, qui participent à des processus tels que la douleur, l’humeur, la mémoire et l’appétit.

Le nabiximols (Sativex®) est une préparation pharmaceutique de cannabis qui se présente sous forme de vaporisateur buccal. Il s’agit du seul dérivé de cannabis médicinal approuvé au Canada pour le traitement de la douleur neuropathique chez les adultes atteints de SP. Le Sativex renferme du THC et du CBD dans une proportion de 1:1. Le Sativex n’est pas couvert par tous les régimes d’assurance médicaments provinciaux.

Au Canada, il a été établi que les gens doivent avoir un accès raisonnable à une source légale de cannabis lorsqu’un médecin leur prescrit cette substance, bien que celle-ci ne soit pas un médicament approuvé dans notre pays. Parmi les personnes atteintes de SP, le cannabis est principalement utilisé pour atténuer les symptômes suivants :

  • spasticité;

  • douleur;

  • dysfonctionnements urinaires;

  • tremblements;

  • troubles du sommeil.

Lorsque des personnes atteintes de SP vous consultent à propos du cannabis médicinal, veuillez les renseigner sur l’action du THC et du CBD, en soulignant les bienfaits et les effets secondaires de ces deux agents. Il importe d’aborder les différentes formes de cannabis, ainsi que le délai au bout duquel leurs effets se font sentir et la durée de ces effets. Il est primordial de commencer par une petite dose, qui sera ensuite augmentée graduellement. Il convient aussi de passer en revue les traitements suivis par les personnes prenant déjà des médicaments – afin d’éviter tout risque d’interaction médicamenteuse indésirable – et d’informer ces gens quant aux possibles effets secondaires, tels les étourdissements et la sécheresse buccale. Les gens doivent aussi connaître le statut légal du cannabis dans la région où ils résident et être conscients de l’importance d’un suivi régulier. Il est primordial de fournir des renseignements complets sur l’utilisation sécuritaire et efficace du cannabis en vue de l’obtention de résultats optimaux pour les personnes qui ont recours à cette substance.

Parmi les facteurs qui peuvent influer sur les effets indésirables qu’une personne peut présenter en ayant recours au cannabis figurent la fréquence d’utilisation du cannabis, la quantité administrée, la façon dont il est consommé, la proportion des cannabinoïdes que contient le cannabis administré ainsi que la tolérance de la personne au cannabis.

À l’heure actuelle, le cannabis utilisé à des fins médicales ne fait pas partie des médicaments remboursables en vertu des régimes d’assurance médicaments provinciaux et il est rarement couvert en vertu des régimes d’assurance privés. Les gens peuvent vérifier auprès de leur fournisseur d’assurance médicaments si le régime auquel ils ont adhéré comprend une couverture pour le cannabis. Dans certains cas, toutefois, le coût du cannabis peut être couvert en vertu de la politique de remboursement du cannabis à des fins médicales adoptée par Anciens Combattants Canada. Pour obtenir davantage de soutien et d’information sur le cannabis, les gens peuvent communiquer avec le réseau des Cliniques de Cannabis Canadiennes (CCC).Ce réseau permet à des particuliers de consulter des spécialistes du domaine de la santé ayant de solides connaissances sur l’utilisation du cannabis médicinal. Quand une personne fait appel au réseau CCC, un professionnel ou une professionnelle de la santé détermine si le recours au cannabis médicinal est approprié pour cette personne, qui, le cas échéant, bénéficiera ensuite du soutien et des conseils d’une instructrice ou d’un instructeur spécialisé en cannabis médicinal durant l’ensemble du processus.

Information générale sur la vaccination 

Les personnes atteintes de SP devraient s’assurer que leurs vaccins sont à jour avant d’amorcer un traitement par un MMÉSP. Pour recevoir tous les vaccins dont elles ont besoin, ces personnes font généralement appel à leur infirmier ou infirmière en santé publique, à leur pharmacien ou pharmacienne, ou à leur médecin de famille. Il n’existe aucun lien de causalité entre, d’une part, la vaccination contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO), l’hépatite B et la grippe (influenza) et, d’autre part, les troubles du spectre de l’autisme ou les affections démyélinisantes, y compris la SP. 

Aucun changement n’a été constaté quant au risque de SP après l’administration de vaccins contre la grippe saisonnière, l’hépatite B, le virus du papillome humain (VPH), la rougeole, la rubéole et les oreillons (vaccin conjugué RRO), la variole, le tétanos, le bacille Calmette-Guérin (BCG), la poliomyélite ou la diphthérie; tout comme aucune augmentation du risque de poussées n’a été observée à la suite de la vaccination contre la grippe saisonnière. Les gens atteints de SP devraient se faire vacciner chaque année contre la grippe, car cette affection peut aggraver les symptômes de SP. On ne dispose pas encore de données probantes issues de la recherche sur l’innocuité des vaccins suivants chez les personnes ayant la SP : vaccins contre la méningite, la typhoïde, l’hépatite A, la coqueluche et l’encéphalite japonaise.

La vaccination est fortement recommandée, car bon nombre de médicaments prescrits contre la SP peuvent inhiber ou moduler l’activité du système immunitaire, ce qui peut accroître la vulnérabilité aux maladies infectieuses. Les vaccins vivants, qui contiennent un virus vivant atténué, ne conviennent généralement pas aux personnes atteintes de SP, car, même si l’agent viral a été affaibli, le pouvoir pathogène de celui-ci n’a pas été complètement éliminé. Si une personne atteinte de SP a besoin d’un vaccin vivant, celui-ci devrait lui être administré au moins 6 semaines avant l’amorce de son traitement contre la SP. Une personne ayant déjà amorcé un traitement contre la SP ne bénéficiera que d’une protection partielle en cas de vaccination. Il est donc préférable que les gens qui envisagent le recours à un MMÉSP aient reçu au préalable tous les vaccins appropriés. Il est possible d’obtenir davantage d’information à propos de la vaccination et la SP en consultant les sites Web mentionnés ci-après : 

Vaccins non financés par les gouvernements provinciaux (assurance médicaments requise ou coût assumé par le particulier) : 

Vaccin Instructions sur l’administration Recommandations 
Hépatites A et B – TwinRix 
  • Administrer la dose initiale.
  • Les autres doses peuvent être données après l’amorce d’un traitement par MMÉSP.
  • Recommandé avant un traitement immunosuppresseur.
  • Trois doses requises : initiale, 1 mois, 6 mois.
  • Administration accélérée : 0, 7, 21 jours et 12 mois.
Herpès zoster (zona) – Shingrix  
  • Administrer la dose initiale.
  • La deuxième dose peut être donnée après l’amorce d’un traitement par MMÉSP.
     
  • Recommandé au-delà de 50 ans ou en cas de risque.
  • Deux doses requises, espacées de 2 à 6 mois.
Vaccin contre le virus du papillome humain (VPH)
  • Administrer la dose initiale.
  • Les autres doses peuvent être données après l’amorce d’un traitement par MMÉSP.

 

  • Recommandé pour les personnes âgées de 9 à 26 ans et n’ayant pas été immunisées par le passé.
  • Facultatif pour les femmes âgées de 27 à 45 ans.
  • Trois doses requises sur 6 mois.

Vaccin conjugué contre le méningocoque  

MenC-ACYW (ou équivalent) 

  • Administrer la dose initiale.
  • Les autres doses peuvent être données après l’amorce d’un traitement par MMÉSP.
  • Recommandé pour les personnes âgées de 2 à 55 ans présentant de façon persistante une réponse immunitaire diminuée.
  • Deux doses requises, espacées de 8 à 12 semaines; rappel tous les 5 ans.

Autres ressources : Recommandations de la Clinique de Cleveland en matière de vaccination (en anglais seulement)

Le lien entre la vitamine D et la SP démontre qu’une carence en vitamine D est associée à un risque accru de SP. D’autres facteurs, comme le tabagisme et l’obésité, peuvent accroître le risque de SP. On estime que les gens qui comptent un parent, un frère, une sœur ou un enfant atteint de SP présentent un risque accru de SP. Toute personne peut réduire le risque qu’elle présente d’avoir un jour la SP en s’assurant un apport quotidien suffisant en vitamine D en suivant les recommandations de Santé Canada à cet égard. Certains neurologues recommandent à leurs patients et patientes de prendre une dose de vitamine D plus élevée que celle qui est normalement recommandée, afin que leur taux sanguin de vitamine D se situe dans les valeurs optimales.

La prise de vitamine D n’est pas considérée comme un traitement efficace contre la SP, et un traitement modificateur de l’évolution de la SP ne peut être remplacé par une supplémentation en vitamine D. La prise d’une dose de vitamine D peut toutefois être combinée à celle d’un médicament modificateur de l’évolution de la SP.
 
On ne dispose pas encore de données solides confirmant l’innocuité et l’efficacité des vitamines A, B6, B12, C et E dans la prise en charge de la SP. Des doses élevées de vitamine B6 (de 50 mg à 1 000 mg) peuvent entraîner des symptômes similaires à ceux de la SP, tels des fourmillements, des engourdissements et de la douleur.

L’action de certains des suppléments alimentaires qui stimulent le système immunitaire peut exacerber la SP ou interférer avec les effets thérapeutiques des médicaments prescrits contre cette affection. Parmi ces produits figurent notamment la scutellaire, le germanium, le chaparral, la consoude officinale, le kawa (kava ou kava kava), l’échinacée, le coqueret somnifère, la luzerne, l’astragale, la liane du Pérou, l’ail, le ginseng asiatique, le millepertuis et le ginseng de Sibérie.

À propos de nombreux suppléments, nous disposons de données limitées ou non concluantes relativement à leur innocuité et à leur efficacité dans le contexte de la SP. Par conséquent, il est conseillé aux personnes atteintes de cette maladie d’obtenir les vitamines et minéraux essentiels dont elles ont besoin à partir de leur alimentation, en suivant les recommandations contenues dans le Guide alimentaire canadien. Si ces personnes souhaitent quand même prendre des suppléments de quelque type que ce soit (vitamines, minéraux ou autres), il serait préférable pour elles de suivre les conseils d’un fournisseur de soins, basés sur les recommandations de Santé Canada en matière d’apports alimentaires.

Les traitements par MMÉSP sont coûteux, et la plupart des régimes d’assurance médicaments requièrent que les gens qui y ont recours répondent à des critères précis en vue du paiement de leur médicament. Les régimes d’assurance médicaments et les critères de remboursement diffèrent d’une province ou d’un territoire à l’autre. La présente section procure un aperçu de la couverture des traitements par MMÉSP dans le cadre des divers régimes d’assurance médicaments en place au Canada. Les médicaments prescrits contre la SP, ou MMÉSP, coûtent très cher, et la plupart des gens n’ont pas les moyens d’en assumer le coût. Il importe donc de bénéficier d’un programme d’assurance médicaments en vertu duquel l’intégralité ou la majeure partie du coût des médicaments prescrits contre la SP sera couverte. Cette couverture peut être assurée dans le cadre d’un régime d’assurance médicaments privé ou public.

Régimes privés d’assurance médicaments

Un régime privé d’assurance médicaments consiste généralement en un programme d’assurance collective offert par l’employeur du ou de la bénéficiaire ou par l’employeur du conjoint ou de la conjointe de cette personne. Toutefois, il peut aussi s’agir d’un plan auquel le ou la bénéficiaire adhère à titre individuel pour bénéficier et faire bénéficier sa famille d’une couverture adéquate. Pour connaître les options de financement envisageables dans son cas, une personne bénéficiant d’une assurance privée peut communiquer avec son fournisseur d’assurance ou s’informer à propos du programme de soutien aux patients relatif au médicament de son choix. La compagnie d’assurance lui demandera alors son numéro de contrat et le numéro d’identification (DIN) du médicament qu’elle a choisi.

Questions à poser à son fournisseur d’assurance :   

  • La police d’assurance en vigueur prévoit-elle une limite maximale à vie ou une limite maximale annuelle quant à la couverture du médicament concerné?

  • Le médicament en question est-il couvert en vertu du régime privé d’assurance médicaments? 

  • Quel pourcentage du coût du médicament sera couvert en vertu du régime privé d’assurance médicaments?  

  • Le ou la neurologue ayant prescrit le médicament doit-il ou doit-elle fournir des documents ou remplir des formulaires?  

Souvent, le fournisseur d’assurance privée exige qu’un formulaire d’autorisation spéciale ou préalable, dûment rempli, lui soit fourni, et le ou la bénéficiaire doit obtenir une approbation du fournisseur d’assurance pour pouvoir se procurer le médicament à la pharmacie. Les compagnies d’assurance ont des critères précis auxquels il faut répondre pour bénéficier de la couverture prévue dans le cadre du régime d’assurance qu’elles offrent. Ces critères diffèrent en fonction de chaque médicament.

Dans les cas où les gens ne bénéficient pas d’une couverture privée complète par l’entremise de leur employeur, en raison de l’existence d’une limite maximale annuelle ou à vie, la façon la plus économique de se procurer un médicament et d’en financer l’achat consiste à se tourner vers le régime d’assurance médicaments public de sa province ou de son territoire, à condition d’y être admissible. Dans certains cas, il peut être nécessaire de bénéficier à la fois de deux régimes d’assurance médicaments, privé et public, pour obtenir une couverture complète des coûts associés aux médicaments dont on a besoin.

Régimes publics d’assurance médicaments

Les régimes publics d’assurance médicaments sont offerts par les gouvernements provinciaux et territoriaux à l’ensemble des Canadiens et Canadiennes admissibles. Ils sont généralement réservés aux personnes qui n’ont pas de plan d’assurance médicaments privé et à celles qui ont besoin d’une assurance complémentaire du fait que le régime privé dont elles bénéficient n’offre pas une couverture suffisante pour les médicaments dont elles ont besoin. Les régimes publics d’assurance médicaments diffèrent considérablement d’un bout à l’autre du pays en ce qui concerne les MMÉSP, ainsi que les critères de remboursement et les délais de renouvellement relatifs à ces médicaments.

Renouvellement d’ordonnance pour un médicament contre la SP

Qu’elles bénéficient d’un régime d’assurance médicaments privé ou public, les personnes atteintes de SP doivent généralement consulter leur neurologue pour faire vérifier la liste de leurs médicaments et faire remplir les formulaires de renouvellement nécessaires. En l’absence de formulaires de renouvellement dûment remplis, ces personnes pourraient ne pas obtenir leurs médicaments à la pharmacie. Les délais de renouvellement concernant les MMÉSP varient d’un océan à l’autre.

Suspension d’un traitement par MMÉSP durant une période prolongée

Dans les cas où une personne doit interrompre son traitement par MMSÉP durant une période prolongée (p. ex. planification de la conception d’un enfant, grossesse ou allaitement), il y a généralement une période maximale de deux ans durant laquelle cette personne pourra ne pas suivre son traitement. Comme ce délai peut varier d’une province ou d’un territoire à l’autre, il importe que cette personne s’informe à ce sujet auprès de son équipe soignante ou du personnel de la clinique où elle est suivie. Elle doit aussi se renseigner sur l’incidence de la suspension de son traitement sur les modalités de remboursement de son régime d’assurance public ou privé. Elle aura aussi besoin d’obtenir une lettre de renouvellement de son ou sa neurologue avant la fin de la période de deux ans. Dans le cas d’une suspension dépassant deux ans, elle devra suivre de nouveau le processus de demande pour être admissible à la couverture dont elle bénéficiait auparavant.

Les personnes atteintes de SP peuvent recourir aux programmes de soutien offerts par les compagnies pharmaceutiques pour obtenir de l’aide à propos des médicaments prescrits contre la SP. Des spécialistes en remboursement d’assurance à l’œuvre au sein de certaines de ces entreprises peuvent aussi les guider relativement à la marche à suivre pour amorcer ou reprendre un traitement par MMÉSP.