La LEMP est une maladie rare du cerveau, attribuable à une infection par le virus JC (« JC » pour John Cunningham, nom du patient chez qui ce virus a été isolé pour la première fois) ou à la réactivation de ce virus. La LEMP peut entraîner de graves incapacités, voire la mort. Elle est considérée comme une infection opportuniste, soit une infection causée par des agents pathogènes qui sont habituellement inoffensifs chez des sujets ayant un système immunitaire sain. Or, le recours à certains médicaments dits « modificateurs de l’évolution de la maladie » (ou « immunomodulateurs ») implique un risque accru de LEMP chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli ou qui sont atteintes d’une maladie auto-immune telle que la sclérose en plaques, le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde. En effet, ces médicaments modifient la façon dont fonctionne le système immunitaire et agissent notamment sur la capacité de ce dernier à combattre efficacement les infections. Par conséquent, les personnes traitées par ce type de médicament se trouvent exposées à un risque accru d’infection par le virus JC ou de réactivation de cet agent pathogène. Des cas de LEMP ont effectivement été signalés chez des personnes atteintes de SP traitées par le natalizumab (TysabriMD), le diméthylfumarate (TecfideraMC), le fingolimod (GilenyaMD) et l’ocrélizumab (OcrevusMC)
La LEMP peut se manifester par les symptômes suivants :
· troubles de la coordination, maladresse;
· altération du langage (aphasie);
· pertes de mémoire;
· troubles de la vision;
· faiblesse des bras et des jambes qui va en s’aggravant.
Il n’existe aucun remède contre la LEMP. La prise en charge de cette affection implique notamment l’arrêt immédiat du traitement immunomodulateur en cours. Dans certains cas, on peut avoir recours à des médicaments antirétroviraux ou à un traitement expérimental. En ce qui concerne les personnes ayant reçu du natalizumab (Tysabri), la plasmaphérèse (ou échange sanguin) peut être envisagée pour éliminer de la circulation sanguine toute trace de ce médicament.
Natalizumab (Tysabri)
En 2005, trois cas de LEMP ont été signalés lors d’essais cliniques menés sur le Tysabri. Deux des trois patients concernés sont décédés : le premier suivait un traitement associant le Tysabri et l’Avonex; le second était atteint de la maladie de Crohn et prenait des immunosuppresseurs (médicaments qui affaiblissent le système immunitaire). Ensuite, d’autres cas de LEMP ont été recensés en dehors du cadre d’essais cliniques parmi des personnes non traitées de façon concomitante par le Tysabri et un autre immunomodulateur. En tout, sur 134 600 personnes ayant reçu du Tysabri dans le monde, 541 cas de LEMP ont été rapportés (Biogen, 2015).
Il existe trois facteurs connus pour accroître le risque de LEMP chez les personnes traitées par le Tysabri : la présence d’anticorps contre le virus JC (indiquant que la personne a déjà été infectée par ce virus), la prolongation de la durée du traitement (surtout au-delà de 24 mois) et l’administration antérieure d’un traitement immunosuppresseur (le risque accru de LEMP serait alors indépendant de la durée du traitement par le Tysabri). La combinaison de ces trois facteurs entraîne le risque de LEMP le plus élevé. Il convient donc de prendre soigneusement en considération les risques et les bienfaits de la poursuite du traitement par le Tysabri dans les cas où ces trois facteurs sont réunis. La monographie du Tysabri publiée par Santé Canada fournit des lignes directrices à l’intention des médecins quant au suivi des patients relativement au risque de LEMP associé au médicament. Il est possible de communiquer avec Biogen pour en savoir plus sur le Tysabri et les services de soutien offerts par cette entreprise en composant le 1 855 MSONE‑00 ou le 1 855 676‑6300.
Diméthylfumarate (Tecfidera)
Deux cas de LEMP ont été recensés parmi des personnes traitées par le Tecfidera. Chez les deux patients concernés, on a pu observer une diminution considérable du nombre des lymphocytes (lymphopénie), effet indésirable connu de ce traitement. Santé Canada a procédé à la mise à jour de la monographie du Tecfidera en y ajoutant des lignes directrices à l’intention des médecins quant au suivi des patients relativement au risque de LEMP associé au médicament. Il est possible de communiquer avec Biogen pour en savoir plus sur le Tecfidera et les services de soutien offerts par cette entreprise en composant le 1 855 MSONE‑00 ou le 1 855 676‑6300.
Fingolimod (Gilenya)
En 2012, Novartis avait déjà signalé un cas de LEMP chez un patient traité par le Gilenya, tout en précisant que l’apparition de cette affection était, en l’occurrence, probablement imputable au traitement précédent, soit le Tysabri. Or, en 2015, trois cas de LEMP sont survenus chez des personnes ayant pris du Gilenya sans avoir été traitées par le Tysabri auparavant.
Novartis en a informé les organismes de réglementation pertinents et se penche présentement sur ces deux nouveaux cas afin de déterminer si le Gilenya a contribué à l’apparition de la LEMP. L’entreprise a déclaré qu’elle continuera d’étudier tous les facteurs potentiels qui pourraient accroître le risque de LEMP chez les personnes prenant du Gilenya. Pour le moment, aucun changement n’a été recommandé quant aux indications énoncées dans la monographie du Gilenya en ce qui concerne la prise en charge des patients et la surveillance courante dont ceux-ci doivent faire l’objet. Il est possible de communiquer avec Novartis pour en savoir plus sur le Gilenya et les services de soutien offerts par l’entremise de son programme GOMD en composant le 1 855 745-5467.
Ocrelizumab (Ocrevus)
Un diagnostic de leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) associée à la persistance des effets d’un autre traitement a été posé chez une personne atteinte de sclérose en plaques qui prenait part à un programme d’utilisation à titre humanitaire. Cette personne était porteuse d’anticorps contre le virus JC (index élevé de 4,1) et avait reçu pendant trois ans et demi un traitement par le natalizumab (36 perfusions, la dernière ayant été administrée en février 2017). En avril 2017, cette personne a reçu une dose d’Ocrevus. Selon le médecin traitant, la LEMP aurait été causée par la persistance des effets du natalizumab et ne serait pas associée à l’Ocrevus.
Un nouveau diagnostic de leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) associée à la persistance des effets d’un traitement interrompu a été posé en avril 2018 chez une personne atteinte de sclérose en plaques. Avant l’arrêt de son traitement par le fingolimod, en décembre 2017, cette personne présentait une aggravation constante de ses symptômes neurologiques, et des changements pouvaient être observés sur ses clichés d’IRM. En mars 2018, un nouveau traitement (par l’ocrélizumab) a été amorcé dans son cas. Selon le médecin traitant, la LEMP aurait été causée par la persistance des effets du fingolimod.
Tous les cas d’effets indésirables graves sont signalés à Santé Canada dans le cadre de son programme de surveillance après la mise en marché.