Dr Alexandre Prat

Professeur agrégé, neurologue (CHUM) et professeur titulaire

photo of Dr. Alexandre Prat

Dr Alexandre Prat, Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM)

Le Dr Prat est neurologue (membre du personnel) au CHUM, à Montréal, et professeur titulaire de neurosciences à l’Université de Montréal. Il a dirigé la chaire de recherche Donald Paty de la Société canadienne de la SP et a été chercheur-boursier senior du Fonds de recherche du Québec - Santé (FRQS) de 2012 à 2016. Il est désormais titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la sclérose en plaques et a été élu au Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en art et en science de la Société royale du Canada en 2015. De 2015 à 2018, il a été directeur adjoint du développement au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM), institut de recherche qui compte plus de 120 chercheurs et 2 000 employés. Depuis juin 2021, il est le directeur du Département de neurosciences de l’Université de Montréal.

Les travaux de recherche du laboratoire du Dr Prat portent actuellement sur les fonctions immunitaires de la barrière hémato-encéphalique (BHE), les mécanismes qui sous-tendent la migration des monocytes et des lymphocytes au-delà de la BHE et la régulation physiologique des fonctions de cette barrière par les cellules gliales. Selon l’hypothèse de travail du Dr Prat, si on parvenait à élucider les mécanismes suivant lesquels la BHE fait obstacle au passage des cellules et des molécules dans le système nerveux central (SNC), on comprendrait mieux certaines maladies, comme la SP et les tumeurs au cerveau, et on découvrirait de nouvelles voies d’administration des agents chimiothérapeutiques et d’autres médicaments dans le SNC. Les activités de recherche menées au sein du laboratoire du Dr Prat sont tout particulièrement axées sur l’étude biologique des lymphocytes TH1 et TH17 humains et murins et sur le rôle important joué par les lymphocytes B dans la physiopathologie de la SP. L’équipe du laboratoire effectue régulièrement les analyses suivantes : séquençage de l’ARN en cellule unique et cytométrie en flux multicouleur (30 couleurs) sur des cellules du SNC et du sang périphérique humaines et murines (souris), imagerie dynamique multiphoton des vaisseaux du SNC, examen d’échantillons de cerveau de personnes atteintes de SP au microscope confocal, transfert adoptif actif dans un contexte d’encéphalomyélite auto-immune expérimentale (EAE) spontanée (souris transgéniques), et mise en culture primaire de cellules endothéliales et gliales du SNC humaines ou murines (souris).

Questions et réponses avec le Dr Prat

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la recherche sur la SP? Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?

J’ai commencé à m’intéresser à la neurologie au secondaire lorsqu’un excellent professeur de biologie nous a fait un cours sur le système nerveux. À l’époque, j’avais 15 ou 16 ans et je me souviens que j’étais fasciné par ce domaine et ses concepts révolutionnaires, qui paraissaient presque relever de la science-fiction en ce temps-là. Puis, à la faculté de médecine, c’est mon mentor, le fameux Dr Pierre Duquette, qui m’a fait découvrir le domaine de la SP et m’a encouragé à poursuivre mes travaux de recherche en neuro-inflammation. Sur ses conseils, je me suis joint à l’équipe du Dr Jack Antel, éminent spécialiste du domaine, et j’ai préparé ma thèse de doctorat, qui portait sur l’étude de la BHE dans le contexte de la SP sous la supervision de ce dernier à l’Institut neurologique de Montréal.

Il va sans dire que ce sont mes patients et mon désir d’améliorer leur qualité de vie qui sont mes principales sources d’inspiration et qui m’incitent à faire progresser la recherche sur la SP.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la recherche et quels sont les plus grands défis auxquels vous faites face?

Bon nombre des travaux de recherche en cours au sein de mon laboratoire visent à nous permettre d’identifier et de valider de nouvelles cibles thérapeutiques contre la SP. Ce type de projet a ceci d’incroyable qu’il aboutit dans certains cas à la mise au point de traitements expérimentaux qui sont évalués dans le cadre d’essais cliniques sur la SP. Ces avancées sont très stimulantes pour nous, car elles démontrent que les efforts soutenus que nous déployons sont susceptibles d’améliorer directement la vie des personnes atteintes de SP. De plus, j’aime beaucoup encadrer les étudiants, les aider à faire avancer leurs projets et finalement être témoin de l’évolution de leur carrière. Non seulement mon travail avec les étudiants garantit la survie et le développement de mon domaine de recherche, mais en plus, il lui permet de progresser de manière exponentielle. Nous bâtissons en quelque sorte une grande famille d’étudiants et de spécialistes qui poursuivront la lutte scientifique que nous menons contre la SP jusqu’à ce que nous ayons réussi à éradiquer cette maladie.

Quelle importance accordez-vous à la collaboration et dans quelle mesure y avez-vous recours dans le cadre de vos travaux de recherche?

La collaboration entre chercheurs est essentielle à l’avancement du domaine. La recherche sur la SP se subdivise désormais en une constellation de sous-spécialisations axées sur les différents compartiments cellulaires qui jouent un rôle dans la physiopathologie de la SP et même sur les différentes techniques expérimentales servant à étudier cette maladie. La collaboration nous permet d’échanger des idées, d’envisager un objectif de recherche donné sous plusieurs angles, et, par conséquent, de contribuer à l’amélioration de nos projets respectifs et de les faire progresser plus rapidement.

Au sein de mon laboratoire, j’encourage systématiquement mes stagiaires à collaborer d’abord les uns avec les autres, puis avec les scientifiques des nombreux laboratoires d’excellence du CRCHUM. Mon équipe et moi sommes également fiers de participer à plusieurs projets collaboratifs de grande envergure à l’échelle locale, nationale et internationale, grâce auxquels nous espérons aider la communauté scientifique à mieux comprendre la physiopathologie de la SP et ainsi à mettre au point de nouvelles stratégies thérapeutiques pour lutter contre cette maladie.

Dans quelle mesure le soutien fourni par la Société canadienne de la SP vous permet-il de mener à bien vos travaux de recherche?

La Société canadienne de la SP a joué un rôle déterminant dans la réalisation de mes projets de recherche au fil des années. Les subventions de fonctionnement qu’elle m’a octroyées ont permis à mon équipe et à nos collaborateurs de mener des travaux de recherche novateurs qui n’auraient pas pu être envisagés sans cela. Les subventions accordées à mes stagiaires sont une source de fierté pour eux et un tremplin pour leur carrière respective de chercheur spécialisé en SP. Sans compter que les initiatives extrêmement importantes lancées tous les ans par la Société canadienne de la SP favorisent la collaboration et des échanges de connaissances entre les chercheurs du monde entier et nous permettent surtout de nous rapprocher des personnes atteintes de SP, de mieux comprendre leur souffrance et ainsi de mieux orienter nos travaux afin de répondre à leurs besoins pressants.

Si vous pouviez poser une seule question à une personne vivant avec la SP qui pourrait vous aider à concevoir une étude, quelle serait-elle?

C’est ce que je fais tous les jours lorsque je rencontre mes patients...

Nous vous remercions de vous être prêté à cet exercice qui permettra à nos donateurs, aux autres parties prenantes et aux personnes touchées par la SP d’en savoir plus sur les chercheurs talentueux qui nous aident à nous rapprocher un peu plus chaque jour de notre objectif, à savoir trouver un remède contre cette maladie.

En quoi consiste votre rôle dans le cadre de l’étude de cohorte canadienne relative à la progression de la SP?

Je serai chef de l’équipe du volet de l’étude consacré à la biologie et coordonnateur des travaux en biologie au sein des cinq principaux établissements canadiens.

Je serai aussi coordonnateur du centre d’étude de Montréal.

Pourquoi importe-t-il que les personnes atteintes de SP participent à cette initiative?

Elles nous aideront à comprendre les mécanismes à l’origine de la progression de la SP. Pour ce faire, il nous faut évaluer tous les aspects de cette maladie, soit aborder celle-ci sous divers angles, tels les facteurs environnementaux, la démographie, la biologie, la radiologie et les réponses aux traitements.

Selon vous, quelles seront les retombées de l’étude de cohorte canadienne relative à la progression de la SP?

Mise en évidence des facteurs de risque qui permettront de prédire la progression de la SP.