Mme Helen Tremlett
Ph. D., titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuroépidémiologie
Mme Helen Tremlett, Ph. D., Université de la Colombie-Britannique
Mme Tremlett est professeure à la Faculté de médecine (neurologie) à l’Université de la Colombie-Britannique et au Centre de la santé du cerveau Djavad Mowafaghian. Son programme de recherche est financé par des bourses de fonctionnement et des subventions de fondation octroyées par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Société canadienne de la SP, la Fondation scientifique pour la recherche sur la SP et la National MS Society (organisme états-unien de la SP), entre autres. Mme Tremlett a obtenu son doctorat (Ph. D.) à l’Université de Cardiff, au Royaume-Uni, où elle s’est principalement intéressée à la pharmacoépidémiologie et à la sclérose en plaques (SP). Elle dirige le Tremlett Lab (Labo Tremlett) et le programme de recherche sur l’épidémiologie de la SP en demeurant fidèle à sa vision, qui est de favoriser l’excellence dans les études de recherche multidisciplinaire (clinique et épidémiologique), afin d’enrichir le corpus de connaissances sur le traitement de la SP et d’améliorer le devenir des patients atteints de cette maladie. Ses travaux de recherche portent sur les sujets suivants : prodromes de la SP; innocuité et efficacité réelle des médicaments modificateurs de l’évolution de la SP; pharmacogénomique; risque de SP au sein de certaines populations; impact de maladies concomitantes sur l’évolution de la SP; microbiote et SP.
Questions et réponses avec Mme Tremlett
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la recherche sur la SP? Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
C’est un coup de chance qui a éveillé mon intérêt pour la recherche sur la SP. En fait, j’ai eu la chance de recevoir l’une des bourses de recherche postdoctorale d’un an octroyées par la Société canadienne de la SP tout juste après l’obtention de mon doctorat (ma thèse portait sur la SP). Je voulais poursuivre mes travaux de recherche sur la SP dans la plus belle région du monde – la Colombie-Britannique, et plus précisément à l’Université de la Colombie-Britannique, à Vancouver, au Canada. J’avais entendu parler des essais cliniques déterminants novateurs menés par le Dr Paty sur l’interféron bêta. Tout ça, c’était il y a près de 15 ans! J’ai ensuite reçu la bourse de perfectionnement Donald Paty. J’ai de nombreuses sources d’inspiration : le personnel et les stagiaires bourrés de talent qui font ou qui ont fait partie de mon équipe et qui se consacrent à la recherche sur la SP, les personnes atteintes de SP avec lesquelles j’ai eu le plaisir d’interagir et qui nous apprennent à tous ce que c’est que de vivre avec une maladie chronique, et les personnes qui se sont engagées auprès de la Société canadienne de la SP et qui s’efforcent inlassablement de collecter des fonds pour son compte. Vive les participants à la Marche de l’espoir et au Vélotour SP!
Sur quel sujet portent vos travaux de recherche? Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la recherche sur la SP?
Mes travaux de recherche portent sur l’épidémiologie de la SP, les prodromes de la SP, l’innocuité et l’efficacité des médicaments modificateurs de l’évolution de la SP, la pharmacogénomique, les risques de SP au sein de certaines populations, l’impact de maladies concomitantes sur l’évolution de la SP, de même que sur le microbiote et la SP. Pourquoi la SP m’intéresse-t-elle? J’ai eu la chance de suivre une série de conférences sur la SP au cours de mon programme de premier cycle en pharmacie au Royaume-Uni. À l’époque, aucun médicament modificateur de l’évolution de la SP n’avait encore été approuvé, et les premiers essais cliniques sur l’interféron bêta étaient en cours. J’étais fascinée par cette maladie neurologique complexe qui recelait encore tant de mystères, en particulier d’un point de vue pharmacologique.
Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
Ce sont tous les gens atteints de SP que j’ai rencontrés au fil des ans qui m’incitent à poursuivre mes efforts de recherche sur la SP, ainsi que mon équipe de recherche formée de jeunes adultes intelligents qui consacrent leur carrière à approfondir les connaissances sur la SP et à changer réellement les choses pour les personnes qui vivent avec cette maladie.
Comment espérez-vous changer la vie des personnes atteintes de SP en menant vos travaux de recherche?
Je dirige un programme de recherche polyvalent dont l’objectif consiste à enrichir le corpus de connaissances sur la SP. J’espère découvrir de nouvelles pistes de recherche susceptibles de servir un jour les intérêts des personnes atteintes de SP. Par exemple, je m’efforce de comprendre le rôle joué par le microbiote dans la SP (caca!).
Nos travaux portent également sur les prodromes de la SP. La SP est parfois difficile à déceler, parce que les premiers symptômes de cette maladie, tels que la fatigue, la maladresse ou les troubles de la vue, peuvent être vagues ou non spécifiques. Cette période peut être angoissante pour les personnes concernées et leur famille, qui essayent de s’y retrouver dans les dédales du système de santé à la recherche de réponses. Même dans les cas où la SP est diagnostiquée peu après la détection des symptômes, il se peut qu’elle se soit déclenchée des mois, voire des années auparavant. Nous avons démontré que le taux d’utilisation des ressources de soins de santé était plus élevé que prévu chez les personnes atteintes de SP, et ce, avant même que ces personnes ou leur médecin ne se soient rendu compte qu’elles avaient la SP. Quoi qu’il en soit, il reste encore de nombreux mystères à élucider. On ignore par exemple s’il existe des différences entre les sexes, entre les groupes d’âge ou entre les personnes qui viennent de milieux distincts quant à la pathogenèse de la SP. Nous nous pencherons sur ces questions importantes, à savoir à quel moment la SP se déclenche exactement et si sa pathogenèse varie en fonction de certaines caractéristiques. L’étude de cette période prodromique de la SP peut nous amener à établir de meilleures stratégies pour le dépistage et la prise en charge de cette maladie. Elle permettra par ailleurs aux médecins et aux chercheurs de mieux cerner le moment où la SP se déclenche et de savoir quels signes ou symptômes ils doivent surveiller. Nous utiliserons des approches novatrices pour évaluer comment ces signes ou ces symptômes s’associent ou coexistent. Ainsi, les prochaines générations de chercheurs seront mieux outillées, en ce sens qu’elles sauront déterminer le moment propice pour détecter les facteurs déclenchants de la SP dans le cadre d’études visant à permettre l’élaboration de stratégies de prévention ou de réduction du risque de SP et de prévention des incapacités liées à cette maladie.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans vos travaux de recherche et quels sont certains des défis auxquels vous faites face?
Ce qui me plaît le plus : 1. Contribuer à changer le cours des choses dans la vie des personnes atteintes de SP. 2. Mon équipe de recherche. 3. Le processus sous-jacent aux découvertes scientifiques.
Les défis : la préparation des demandes de subvention!
Dans quelle mesure le soutien fourni par la Société canadienne de la SP contribue-t-il à la réalisation de vos travaux de recherche?
Ce soutien est très important. Si j’ai immigré au Canada, c’est grâce à la Société canadienne de la SP. J’ai eu la chance de constater par moi-même les retombées extraordinaires que les activités de cet organisme ont eues sur la recherche sur la SP aux quatre coins du pays, notamment sur les travaux dont l’objectif consistait à faire la lumière sur les causes de la SP ou sur les mécanismes qui stimulent la progression de cette maladie. Rien de tout cela n’aurait été possible sans le soutien de la Société canadienne de la SP. Personnellement, c’est grâce à l’aide qu’elle m’a apportée que je suis passée d’une carrière solo à la direction d’une équipe de quinze jeunes adultes dynamiques, qui ont choisi de consacrer leur carrière à l’éradication de la SP et à l’amélioration de la vie des personnes atteintes de cette maladie. Encore une fois, rien de tout cela n’aurait été possible sans le soutien de la Société canadienne de la SP.