Mme Marie-Claude Rousseau
Ph. D., Professeure, Unité d’épidémiologie et de biostatistique
Mme Rousseau est titulaire d’un baccalauréat ès sciences spécialisé en biochimie de l’Université du Québec à Montréal, qui lui a été décerné en 1991. Elle a ensuite poursuivi ses études à l’Université McGill, où elle a obtenu une maîtrise ès sciences en 1998 et un doctorat en épidémiologie et biostatistique en 2003. Titulaire d’une bourse de recherche postdoctorale de l’Institut national du cancer du Canada, Mme Rousseau s’est ensuite jointe au Groupe de recherche en épidémiologie environnementale et santé des populations, dirigé par M. Jack Siemiatycki, Ph. D., au Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal (de 2003 à 2004). En 2005, elle a rejoint les rangs du Centre INRS-Institut Armand-Frappier comme professeure adjointe, où elle est devenue professeure agrégée en 2011 avant d’être titularisée en 2016. En tant que chercheuse, Mme Rousseau mène des études sur la santé des populations consacrées à l’étiologie des affections inflammatoires et des maladies auto-immunes. Elles’intéresse particulièrement aux facteurs pouvant influer sur la réponse immunitaire tels que les vaccins et les infections, ainsi qu’à l’incidence du mode de vie et de l’environnement. La détection des facteurs favorisant l’apparition des maladies inflammatoires ou auto-immunes ou la prévention de ces affections est essentielle à l’élaboration de programmes de prévention efficaces. Au cours des treize dernières années, les travaux de Mme Rousseau ont été financés par divers organismes, tels les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS), la Société canadienne du cancer, la Société canadienne de la sclérose en plaques et la Fondation canadienne pour l’innovation, ainsi que par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec.
Questions et réponses avec Mme Rousseau
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la recherche sur la SP? Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
Il y a 25 ans, j’ai rencontré un épidémiologiste afin d’en savoir plus sur son travail. À ce moment-là, je me suis découvert une passion : faire de la recherche sur la santé des populations pour lever le voile sur les causes et les facteurs préventifs des maladies chroniques invalidantes ou potentiellement mortelles. Durant les quinze dernières années, je me suis particulièrement intéressée au rôle de la stimulation précoce du système immunitaire dans le déclenchement des maladies auto-immunes et des affections inflammatoires. C’est aussi ce qui a suscité mon intérêt pour la SP, puisque la réponse immunitaire semble se trouver au cœur de l’apparition et de la progression de cette maladie.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la recherche et quels sont les plus grands défis auxquels vous faites face?
Pour mener mes travaux, j’ai recours à des méthodes épidémiologiques. Mon laboratoire d’épidémiologie est ce qu’on appelle un « laboratoire virtuel ». Il consiste en un réseau d’ordinateurs et de serveurs ayant la capacité de traiter une quantité énorme de données. Notre étude porte sur plus de 400 000 personnes et nous amène à utiliser plus d’une douzaine de bases de données administratives regroupant de l’information sur la santé et de nature sociodémographique, prélevée à l’échelle de diverses provinces. Ce qui me plaît le plus dans mon travail de chercheuse est le fait d’interagir avec mon équipe de recherche, de résoudre les problèmes qui se posent lors de l’analyse des données ainsi que de discuter des résultats que nous obtenons à chaque étape. Je trouve intéressant de voir ces résultats et d’en faire l’interprétation. J’aime également coopérer avec des immunologistes et des cliniciens, car aucun d’entre nous ne dispose d’un portrait complet de la maladie. Nous pouvons tous nous entraider afin d’améliorer notre compréhension de cette affection complexe qu’est la sclérose en plaques.
Quelle importance accordez-vous à la collaboration et dans quelle mesure y avez-vous recours dans le cadre de vos travaux de recherche?
La collaboration joue un rôle extrêmement important dans mes travaux de recherche. Je travaille avec d’autres épidémiologistes, dont l’expertise est complémentaire à la mienne, ainsi qu’avec des biostatisticiens. Je collabore aussi avec des cliniciens et des immunologistes. En unissant nos efforts, nous pouvons progresser bien plus rapidement que si nous travaillons séparément. Nous pourrions aborder une étude portant, par exemple, sur les causes de la SP en adoptant une optique propre à notre domaine. Toutefois, en nous basant sur des résultats issus d’investigations relevant de diverses disciplines pour mener nos travaux, bâtir nos hypothèses et tirer nos conclusions, nous nous donnons les moyens de progresser de façon plus efficiente. L’équipe qui m’entoure regroupe des collaborateurs de longue date et d’autres avec qui je travaille depuis relativement peu de temps. Nous nous réjouissons de pouvoir unir nos forces en vue de faire avancer la recherche sur la SP.
Dans quelle mesure le soutien fourni par la Société canadienne de la SP vous permet-il de mener à bien vos travaux de recherche?
Nous ne pourrions pas mener à bien notre étude actuelle sans l’appui de la Société de la SP, grâce auquel nous pouvons nous pencher sur des aspects prometteurs et encore inexplorés de l’étiologie de la SP. Le travail accompli par la Société de la SP, ses donateurs et ses bénévoles permet aux chercheurs de mener des études qui auront des retombées positives pour les personnes atteintes de SP. Sans les fonds que nous a accordés la Société de la SP, notre projet de recherche n’aurait jamais vu le jour.
Si vous pouviez poser une ou plusieurs questions à une personne vivant avec la SP qui pourraient vous aider à concevoir une étude, quelles seraient-elles?
Dans le cadre de mes travaux, j’ai souvent recours à de l’information consignée dans des bases de données administratives gouvernementales. Parmi les sources d’information auxquelles je fais le plus souvent appel figurent les bases de données issues de notre système de santé public, comme celles dans lesquelles sont stockés les renseignements relatifs à la facturation des médecins et aux hospitalisations. Même si l’information permettant d’identifier les personnes concernées ne figure pas parmi les renseignements que nous exploitons à partir de ces bases de données, l’accès à ces dernières aux fins de la recherche peut nécessiter un processus long et ardu. Cela est même le cas pour des projets de recherche ayant été évalués par d’autres chercheurs et financés – en tout ou en partie – par des organismes tels que la Société de la SP. Un tel processus et les délais d’attente peuvent varier selon l’endroit (province ou territoire) où se déroule l’étude.
Par conséquent, les questions que je poserais à une personne atteinte de SP seraient les suivantes : « Que pensez-vous du fait que des chercheurs aient accès à des renseignements provenant de bases de données issues de notre système de santé public ou d’autres instances gouvernementales afin de mener des études sur des questions liées à la santé des populations? Avez-vous des suggestions ou des recommandations à faire à l’intention des gouvernements ou des chercheurs à ce sujet? »