Dr Raphael Schneider
Ph. D., professeure adjointe
Dr Raphael Schneider, Université de Toronto
Le Dr Raphael Schneider est un neurologue qui se spécialise dans la prise en charge des personnes atteintes de sclérose en plaques (SP) et qui s’intéresse à la recherche de biomarqueurs susceptibles d’améliorer les soins cliniques. Il a obtenu un doctorat en neurosciences de l’Université de Toronto. Les travaux de recherche qu’il a menés durant ses études doctorales ont porté sur les biomarqueurs de maladies neurologiques. Il a par la suite effectué un stage postdoctoral spécialisé en neuro-immunologie à l’Université de Montréal. Il est maintenant professeur adjoint au Département de médecine et à l’Institut des sciences médicales de l’Université de Toronto. Il prend en charge des patients au BARLO MS Centre. Au sein de son laboratoire situé au Keenan Research Centre for Biomedical Science (centre de recherche en sciences biomédicales Keenan), il mène des travaux axés sur la découverte de biomarqueurs sanguins et médullaires. Il travaille en outre en étroite collaboration avec la Dre Jiwon Oh dans le cadre de l’étude de cohorte prospective canadienne relative à la progression de la SP (étude CanProCo) et de l’étude de cohorte axée sur le syndrome clinique isolé (SCI) établi sur le plan radiologique.
Question et réponses avec Dr Schneider
Sur quel sujet portent vos travaux de recherche? Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la recherche sur la SP?
Malgré les avancées récentes dans le domaine de la SP, il est encore très difficile de poser un diagnostic précoce de cette maladie et d’en estimer le pronostic dans les cliniques de SP. Il n’y a pas d’analyses sanguines pour déceler la présence de la SP; par conséquent, le diagnostic est encore établi à partir des symptômes classiques et des résultats de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Or, dans de nombreux cas, le tableau clinique est dominé par des symptômes atypiques. En outre, depuis que l’IRM est plus accessible et plus largement utilisée, le nombre de cas de « lésions » cérébrales inattendues a augmenté chez les personnes qui n’ont pas de symptômes de SP. Lorsque des lésions semblables à celles de la SP sont observées sur une IRM du cerveau en l’absence de symptômes de SP, c’est un diagnostic de syndrome radiologique isolé (SRI) qui est posé. Nombreuses sont les personnes ayant présenté un SRI qui finissent par avoir des symptômes de SP et par remplir les critères diagnostiques de cette maladie (c’est-à-dire dont le SRI évolue vers la SP). Il se peut qu’elles soient atteintes d’une forme de SP présymptomatique, moins prononcée que les formes caractérisées. Étant donné l’évolution variable et parfois rapide de la SP, il faut mener d’autres travaux qui nous permettront de mieux comprendre le lien qui existe entre le SRI et la SP. Nous cherchons à mettre au point une analyse sanguine pour les personnes ayant présenté un SRI. Nous avons émis l’hypothèse qu’il y aurait des cellules immunitaires autoréactives dans le sang des personnes ayant présenté un SRI et que ces cellules les exposeraient donc à un risque de SP.
L’une des principales sources d’inquiétude de nos patients, c’est l’incertitude qui plane sur leur avenir. C’est pourquoi je me suis toujours intéressé à des projets de recherche susceptibles de nous éclairer sur ce que les tout premiers signes ou symptômes de la SP impliquent pour les personnes que nous recevons en clinique. J’ai commencé à m’intéresser à la recherche sur la SP pendant que je faisais mes études de médecine en Allemagne, au début des années 2000. À l’époque, la théorie selon laquelle le syndrome clinique isolé (SCI) était un signe avant-coureur de la SP était relativement nouvelle. Aujourd’hui, nous en savons bien plus sur le SCI qu’il y a 20 ans et nous savons comment conseiller les personnes concernées. Le SRI est donc devenu le nouveau SCI, soit le nouveau prodrome de la SP que nous devons mieux comprendre.
Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
Les travaux de recherche menés sur les mécanismes immunitaires qui sous-tendent la SP ont abouti à la mise au point de médicaments qui ralentissent l’évolution de cette maladie. Nous sommes maintenant à même de constater les retombées que l’utilisation de ces médicaments peut avoir sur la vie des personnes atteintes de SP. Grâce à eux, de nombreuses personnes qui reçoivent un diagnostic de SP de nos jours bénéficieront d’un meilleur pronostic que celles qui ont reçu un tel diagnostic il y a quelques années à peine. Je crois que nous avons le vent en poupe et que nous sommes sur le point de faire bon nombre de découvertes majeures sur la SP. En somme, nous avons de quoi nous réjouir en tant que chercheurs et cliniciens spécialistes de la SP.
Comment espérez-vous changer la vie des personnes atteintes de SP en menant vos travaux de recherche?
Je me suis toujours intéressé à des projets de recherche susceptibles de nous éclairer sur ce que les tout premiers signes ou symptômes de la SP impliquent pour les personnes que nous recevons en clinique. En outre, il y a de fortes chances qu’on en sache plus sur la SP en étudiant le sang et le liquide céphalo-rachidien des personnes atteintes de cette maladie. Je suis donc particulièrement enthousiaste à la perspective d’appliquer les résultats des travaux menés en laboratoire à la pratique clinique de façon à changer la vie des gens qui ont la SP.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans vos travaux de recherche et quels sont certains des défis auxquels vous faites face?
C’est incroyable tout ce que nous savons déjà sur le système immunitaire, et pourtant, des chercheurs du monde entier font encore des découvertes sur ce système tous les jours. C’est tout simplement palpitant de pouvoir tirer parti des découvertes d’autres chercheurs, d’adapter l’approche utilisée aux besoins particuliers d’une étude en cours et d’employer des technologies ultramodernes pour repousser les limites du possible. Malheureusement, nous manquons de temps et de ressources pour transformer chaque idée en un projet en tant que tel. Il faut donc faire des choix sans savoir parfois quelle expérience donnera les meilleurs résultats.
Dans quelle mesure le soutien fourni par la Société canadienne de la SP contribue-t-il à la réalisation de vos travaux de recherche?
J’avais déjà bénéficié d’une bourse de la Société canadienne de la SP quand j’ai effectué mon stage de recherche postdoctorale au sein du laboratoire de Nathalie Arbour, Ph. D., à l’Université de Montréal. La subvention axée sur les découvertes qui m’a été accordée par la Société canadienne de la SP m’aidera à démarrer ma carrière de jeune chercheur indépendant. En outre, elle me permettra de jeter les bases d’autres projets de recherche destinés aux étudiants et, finalement, de soutenir à mon tour la prochaine génération de chercheurs spécialistes de la SP.