Mme Shannon Dunn
Ph. D., scientifique
Mme Dunn est une scientifique membre du Centre de recherche Keenan de l’Hôpital St. Michael’s, à Toronto. Elle détient également un poste de professeure agrégée au Département d’immunologie de l’Université de Toronto et est chercheuse adjointe au Women’s College Hospital. Elle a obtenu un doctorat de l’Université Western après avoir réalisé des travaux de recherche sur le rôle de la voie calcineurine-NFAT (nuclear factor of activated T cells; facteur nucléaire des lymphocytes T activés) dans la régulation de la croissance des muscles squelettiques. Puis, elle a suivi une formation postdoctorale dans le domaine de la neuro-immunologie à l’Université Stanford, sous la supervision du Dr Lawrence Steinman. Durant ce stage postdoctoral et au début de sa carrière, elle a largement contribué à démontrer comment les effets exercés par les statines sur le système immunitaire atténuent les symptômes de l’encéphalomyélite auto-immune expérimentale (EAE – modèle animal de la SP). Depuis lors, la simvastatine est passée à l’étape suivante et a fait l’objet d’essais cliniques sur le traitement de la SP progressive qui ont donné des résultats positifs. De plus, Mme Dunn a considérablement approfondi le corpus de connaissances sur le rôle joué par une molécule appelée PPAR-delta (Peroxisome Proliferator-Activated Receptor-delta; récepteur activé par les proliférateurs de peroxysomes delta) au sein du système immunitaire, notamment les mécanismes suivant lesquels cette molécule met fin à la neuro-inflammation lors d’une réponse immunitaire à médiation cellulaire et dans le cas de l’EAE, ainsi que sur le rôle de PPAR-alpha dans la régulation des différences entre les sexes quant à la réponse des lymphocytes T en cas d’EAE.
En vue de l’élaboration de stratégies de modulation de l’auto-immunité, Mme Dunn dirige actuellement un programme de recherche axé sur la compréhension de l’influence des facteurs de risque de SP sur le système immunitaire dans le contexte d’un modèle animal de la SP (EAE chez la souris) et grâce à l’étude de cellules sanguines humaines. Plus précisément, ses stagiaires examinent le rôle joué par le sexe féminin, l’obésité, le tabagisme et les traumatismes crâniens sur l’apparition de l’EAE et se penchent sur les différences entre les sexes pour ce qui est de la réponse immunitaire observée dans le contexte de la SP.
Questions et réponses avec Mme Dunn
Sur quel sujet portent vos travaux de recherche? Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la recherche sur la SP?
En ce moment, j’essaie principalement de mieux comprendre comment la SP se déclenche. Cette question de recherche est très difficile à résoudre chez l’être humain, puisque des données probantes indiquent que l’auto-immunité associée à la SP est acquise plus de dix ans avant l’apparition des manifestations cliniques de cette maladie. Je me suis proposé de mieux comprendre de quelle façon certains facteurs de risque de SP perturbent le système immunitaire à l’aide de modèles expérimentaux de la SP. En décodant ces processus biologiques, nous parviendrons non seulement à mieux comprendre comment cette maladie se déclenche, mais également à cerner de nouvelles stratégies de prévention. Si je m’intéresse à la recherche sur la SP, c’est parce que ma mère était touchée par cette maladie et que je voulais changer le cours des choses.
Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
Je me rends compte que nous avons fait énormément de progrès en matière de traitement de la SP et que les scientifiques ont réussi à influer sur l’évolution de cette maladie. Je veux contribuer d’une manière ou d’une autre à résoudre un casse-tête encore plus complexe – celui de la prévention de cette maladie.
Comment espérez-vous changer la vie des personnes atteintes de SP en menant vos travaux de recherche?
J’espère que mes travaux nous aideront à mieux comprendre les processus auto-immuns qui sous-tendent la SP et à établir de nouvelles stratégies de prévention de cette maladie.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans vos travaux de recherche et quels sont certains des défis auxquels vous faites face?
Je ne peux pas nier que j’aime générer de nouvelles données et observer des phénomènes biologiques qui étaient inconnus jusque-là ou qui ne sont pas encore bien compris. Nous, les chercheurs, nous sommes les détectives de la communauté scientifique : nous nous efforçons de comprendre des phénomènes naturels dont l’origine remonte à des millions d’années. Nous faisons constamment des découvertes. Comme elles sont très intéressantes, elles compensent les difficultés inhérentes à notre travail. Le principal défi que je m’efforce de relever, c’est de faire en sorte que l’argent que me confient indirectement les donateurs et donatrices serve à générer des données de qualité. Nous nous employons à concevoir des expériences optimales, mais nous devons toujours composer avec certains facteurs imprévisibles ou incontrôlables qui s’insinuent dans nos projets. La sécurité financière du laboratoire est une source permanente de stress, mais grâce à la subvention axée sur les découvertes que nous a accordée la Société canadienne de la SP, ce stress s’est atténué.
Dans quelle mesure le soutien fourni par la Société canadienne de la SP contribue-t-il à la réalisation de vos travaux de recherche?
Ce soutien est très important. De nos jours, les chercheurs et chercheuses se livrent une concurrence féroce pour obtenir des subventions. Or, les travaux d’immunologie que nous menons dans notre laboratoire coûtent très cher. La Société canadienne de la SP m’a soutenue à chaque étape de ma carrière universitaire ou presque, et je ne serais pas devenue une scientifique spécialiste de la SP sans cet appui. Ainsi, elle m’a attribué une bourse de recherche postdoctorale sur deux ans, grâce à laquelle j’ai eu le temps de terminer mes expériences et d’en publier les résultats, ce qui m’a permis de devenir chercheuse principale. Puis, c’est encore la Société de la SP qui m’a décerné ma première subvention de fonctionnement à titre de chercheuse principale – subvention qui, au fond, a propulsé ma carrière de chercheuse indépendante – ainsi qu’une bourse de perfectionnement Donald Paty, laquelle a contribué au financement de mon salaire de jeune chercheuse principale et qui m’a procuré une sécurité d’emploi. La deuxième subvention de fonctionnement que j’ai obtenue de la Société canadienne de la SP m’a aidée à générer des données préliminaires solides qui m’ont valu un financement continu de la part des Instituts de recherche en santé du Canada, financement qui sert désormais à faire avancer mes travaux de recherche sur les différences entre les sexes dans le contexte de la SP. En outre, bon nombre de mes stagiaires ont reçu des bourses de recherche postdoctorale ou de stagiaire de recherche de la Société de la SP, qui ont beaucoup contribué à ma réussite actuelle. Désormais, ils sont nombreux à évoluer dans des postes axés sur la mise au point des médicaments, l’auto-immunité ou l’immunité en général.