Mme Shannon Kolind
Ph. D., professeure adjointe
Mme Shannon Kolind, Ph. D., Université de la Colombie-Britannique
Mme Kolind est titulaire d’un doctorat en physique de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), à Vancouver. Dans le cadre de ses études doctorales, elle s’est employée à élaborer des façons de mesurer la myéline – gaine isolante qui entoure les fibres nerveuses du cerveau et de la moelle épinière – en faisant appel à l’imagerie par résonance magnétique (IRM). C’est ainsi qu’elle a commencé à s’intéresser à la sclérose en plaques (SP). Elle a ensuite effectué un stage de recherche postdoctorale à l’Université d’Oxford ainsi qu’au Collège King’s de Londres. Pendant son séjour au Royaume-Uni, elle s’est spécialisée dans l’élaboration de méthodes d’imagerie de la myéline dans le cerveau et la moelle épinière et à l’adaptation pratique de ces méthodes en vue de leur utilisation en recherche. Ses travaux étaient fortement axés sur la SP et la neuromyélite optique. Depuis son retour à l’UBC, Mme Kolind occupe un poste de professeure agrégée au sein de la Division de neurologie. L’objectif des travaux de son laboratoire consiste essentiellement en la mise au point d’une boîte à outils, en l’occurrence des techniques d’imagerie tissulaire, qui sera un jour à la disposition de tous ceux qui en ont besoin partout dans le monde. Son équipe multidisciplinaire emploie ces outils polyvalents pour obtenir des images d’une sensibilité et d’une spécificité accrues en recherche clinique, et plus particulièrement lors des essais cliniques portant sur de nouveaux traitements.
Question et réponses avec Mme Kolind
Sur quel sujet portent vos travaux de recherche? Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la recherche sur la SP?
Mes travaux de recherche portent principalement sur la mise au point de biomarqueurs de la SP, plus particulièrement de la progression de cette maladie, qui seront utiles en clinique, au moyen de l’IRM. Nous appliquons ces mesures en recherche afin de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à la SP, et dans les essais cliniques, dans l’espoir d’améliorer les traitements utilisés contre l’activité et la progression de cette maladie. En fin de compte, nous espérons que ces marqueurs nous aideront à trouver un remède contre la SP.
Mon grand-père a reçu un diagnostic de SP avant l’invention de l’IRM – c’était la première fois de ma vie que j’étais touchée par la SP. C’était un homme merveilleux, et je suis honorée de travailler à tenter d’améliorer la vie des personnes qui sont atteintes de SP et qui espèrent la découverte d’un remède. D’un point de vue scientifique, nous vivons une période très stimulante en raison des nouveaux traitements prometteurs à l’horizon. Il est très enrichissant de comprendre le mode d’action de ces traitements et de leurs effets bénéfiques chez certains patients.
Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
Le courage, la gentillesse et la persévérance des personnes qui vivent avec la SP sont de grandes sources de motivation, qui m’incitent à poursuivre mes travaux en vue de l’amélioration des soins cliniques. Le sens de la communauté qui unit tous ceux et celles qui participent à la prise en charge clinique ou qui font de la recherche est également une source d’inspiration pour moi. Les progrès réalisés (p. ex. nous avons réussi à établir des liens entre les marqueurs décelés à l’imagerie et les symptômes cliniques, telles les altérations des fonctions cognitives, et à déceler des variations de ces marqueurs au cours d’un essai clinique) sont la preuve que nos objectifs sont désormais à portée de main.
Comment espérez-vous changer la vie des personnes atteintes de SP en menant vos travaux de recherche?
Dans le cadre de mes travaux, nous mettrons au point et nous appliquerons une nouvelle technique d’IRM qui fournira de l’information sur la santé des axones, à savoir les prolongements des cellules nerveuses qui agissent comme des câbles électriques dans le cerveau et la moelle épinière, et celle de la myéline, soit la couche de cellules qui enveloppe les axones, qui les protège et qui accélère la transmission des signaux nerveux. Nous espérons démontrer que ces éléments d’information biologique obtenus par des méthodes non effractives sont étroitement liés à des symptômes cliniques particuliers de la progression de la SP, afin qu’ils puissent être utilisés dans les prochains essais cliniques axés sur la mise au point d’options thérapeutiques contre la progression de la SP.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans vos travaux de recherche et quels sont certains des défis auxquels vous faites face?
D’abord, c’est toujours motivant de collaborer avec des personnes qui vivent avec la SP, et je suis toujours touchée par la générosité des gens qui consacrent leur temps et leurs efforts à la recherche. Ensuite, j’aime beaucoup travailler avec des stagiaires et, avec un peu de chance, inciter de jeunes scientifiques brillants à faire carrière dans ce domaine important. Enfin, j’adore pouvoir utiliser un aimant géant pour observer ce qui se passe dans le corps humain!
Dans quelle mesure le soutien fourni par la Société canadienne de la SP contribue-t-il à la réalisation de vos travaux de recherche?
Le soutien fourni par la Société canadienne de la SP est crucial pour nos travaux de recherche. Grâce à la subvention de la Société de la SP, nous pouvons nous concentrer sur des aspects de la SP progressive qui sont souvent délaissés lors des essais cliniques ou d’autres types d’études. Cet organisme finance le salaire de travailleurs qualifiés et permet à des chercheurs et chercheuses clés de poursuivre leurs travaux dans le domaine de la SP. Il nous permet en outre de publier et de présenter des résultats pour que tout le monde puisse y avoir accès. Il favorise également la collaboration et la communication au sein du milieu canadien de la recherche sur la SP.
En quoi consiste votre rôle dans le cadre de l’étude de cohorte canadienne relative à la progression de la SP?
Je suis coresponsable du volet de l’étude consacré à la neuro-imagerie. Je participerai à l’établissement des protocoles d’imagerie et au regroupement des données d’imagerie recueillies dans les différents centres d’études, et plus particulièrement, j’utiliserai des techniques d’imagerie par résonance magnétique de pointe qui fournissent des données plus précises sur le plan biologique que celles qu’on obtient au moyen des techniques classiques. Les données ainsi obtenues viendront compléter les résultats des examens d’IRM clinique.
Pourquoi importe-t-il que les personnes atteintes de SP participent à cette initiative?
Cette étude nous offre la possibilité en tant que Canadiennes et Canadiens d’unir nos efforts pour approfondir sensiblement nos connaissances sur la progression de la SP. Nous sommes particulièrement reconnaissants aux personnes atteintes de SP qui y prendront part, puisque nous serions incapables de nous rapprocher de notre objectif, à savoir freiner la progression de cette maladie, sans les éléments d’information que ces personnes nous fourniront à titre de volontaires. Nous espérons qu’elles trouveront cette expérience intéressante en ce sens que celle-ci leur permettra d’interagir avec les chercheurs et d’en savoir plus sur la SP.
Selon vous, quelles seront les retombées de l’étude de cohorte canadienne relative à la progression de la SP?
Je suis particulièrement enthousiasmée par l’idée d’élaborer un modèle qui pourrait nous aider à comprendre, à prédire et à cibler la progression de la SP. En associant des données recueillies dans un large éventail de domaines de recherche tout aussi distincts les uns que les autres, tels l’immunologie, la clinique et l’imagerie, nous parviendrons à brosser un tableau très complet et utile de la progression de la SP et des mesures à prendre à cet égard. Nous pourrions ainsi disposer d’outils susceptibles de trouver toutes sortes d’applications (décisions quant aux politiques en matière de santé, soins personnalisés, pour ne citer que ceux-là).