M. Timothy Kennedy
Ph.D., professeur, Université McGill
M. Timothy Kennedy, Ph.D., professeur, Université McGill
Le professeur Tim Kennedy, Ph. D., est membre du Département de neurologie et de neurochirurgie ainsi que du Département d’anatomie et de biologie cellulaire de l’Université McGill. Il est né à Peterborough, en Ontario, et a grandi à Toronto. Il a fait ses études de premier cycle dans le cadre du programme de biologie et de psychologie de l’Université McMaster, à Hamilton, en Ontario, où il a obtenu son diplôme en 1985. Il a fait ses études de niveau doctoral au Département de physiologie et de biophysique cellulaire à l’Université Columbia, à New York, où il s’est intéressé à la façon dont les modifications dans l’expression des gènes contribuent à la formation de la mémoire à long terme. Durant ses études postdoctorales à l’Université de la Californie à San Francisco, lui et ses collègues ont identifié une famille de protéines qu’ils ont appelées « nétrines ».
Le laboratoire du professeur Kennedy est basé à l’Institut neurologique de Montréal, affilié à l’Université McGill, où ses membres se concentrent depuis 1996 sur l’étude des mécanismes cellulaires et moléculaires fondamentaux qui sous-tendent la formation, la myélinisation et la plasticité des circuits neuronaux. Cette équipe de scientifiques tente de déterminer l’importance de ces mécanismes pour le développement neural, la maturation des fonctions cérébrales et les maladies neurodégénératives. Des travaux en cours au laboratoire du professeur Kennedy portent sur les mécanismes moléculaires qui régulent la myélinisation durant le développement, ainsi que la préservation et la plasticité de la myéline mature, et qui favorisent la survie des oligodendrocytes (cellules productrices de myéline) et la régénération de la myéline en présence de maladies démyélinisantes comme la sclérose en plaques (SP). Pour appuyer l’atteinte de ces objectifs, le professeur Kennedy codirige le programme de neuro-ingénierie de l’Université McGill, dont l’objectif est de favoriser la collaboration entre neuroscientifiques, spécialistes des sciences physiques et ingénieurs en vue de la conception de nouveaux outils destinés à l’étude du système nerveux et de l’élaboration de nouvelles méthodes axées sur le rétablissement des fonctions perdues en raison de la présence de lésions ou de la maladie.
Questions et réponses avec M. Kennedy
Sur quel sujet portent vos travaux de recherche? Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la recherche sur la SP?
Chez les personnes atteintes de SP, la myéline est endommagée puis détruite, ce qui entrave la propagation des signaux neuronaux et entraîne la dégénérescence de cellules nerveuses et l’apparition des symptômes invalidants associés à la maladie. Il importe vraiment de souligner qu’un système nerveux en santé a la capacité de reconstituer la myéline endommagée et que la remyélinisation favorise l’intégrité axonale et la survie des cellules nerveuses. Cette fonction est toutefois très limitée dans le contexte de la SP, en particulier en cas de SP progressive. Sur le plan clinique, il est clair que nous avons des besoins à combler quant à l’élaboration de nouveaux traitements agissant contre de nouvelles cibles pour favoriser la réparation de la myéline, la remyélinisation et le processus de régénération. Nous tentons de découvrir de nouveaux mécanismes moléculaires favorisant la préservation de la myéline encore saine et la remyélinisation. Nos travaux mettent l’accent sur les liaisons d’adhérence qui permettent à la myéline de se fixer à un axone et dont la fonction est de favoriser la santé de la myéline et de prévenir les lésions axonales. Toutefois, on n’en sait étonnamment peu sur les molécules qui influent sur la formation et la stabilité des jonctions spécialisées grâce auxquelles la myéline peut adhérer à un axone. Nous cherchons à déterminer comment les mécanismes que nous avons découverts interviennent pour préserver la santé de la myéline et pourraient favoriser la remyélinisation. Je ne me suis pas intéressé d’emblée à la recherche sur la SP, mais j’ai reçu une formation en neurobiologie moléculaire et cellulaire. Les premiers résultats obtenus dans mon laboratoire ont fait ressortir la contribution des oligodendrocytes (cellules productrices de myéline), ce qui nous a surpris à l’époque. Afin de mieux comprendre nos résultats, nous les avons montrés spontanément à un collègue qui étudiait la SP. Ce dernier a souligné l’importance possible de ces résultats et nous a fortement encouragés à nous pencher sur des questions liées à la SP. Depuis ce temps, l’une de nos priorités est d’identifier de nouveaux mécanismes biochimiques qui jouent un rôle déterminant en ce qui a trait à la formation de la myéline, à sa préservation et à sa plasticité, ainsi qu’à la démyélinisation et à la remyélinisation.
Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
Il est crucial de rappeler qu’un système nerveux en santé a la capacité de réparer la myéline endommagée et que la remyélinisation favorise l’intégrité axonale et la survie des cellules nerveuses. Les oligodendrocytes et leurs précurseurs sont présents dans le système nerveux central des personnes atteintes de SP, mais leur capacité à remyéliniser les axones est très limitée, en particulier en cas de SP progressive. Nous sommes motivés par la possibilité très tangible d’inverser les incapacités causées par la SP en ciblant des mécanismes qui favorisent la remyélinisation.
Comment espérez-vous changer la vie des personnes atteintes de SP en menant vos travaux de recherche?
Le potentiel thérapeutique de notre projet est double. Premièrement, en identifiant de nouvelles molécules essentielles à la formation et à la stabilité de la myéline, nous voulons découvrir de nouvelles cibles en vue de l’élaboration de médicaments destinés à préserver la myéline existante et à freiner la démyélinisation. Deuxièmement, en identifiant de nouvelles molécules qui régulent la remyélinisation dans le système nerveux mature, nous voulons découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques à exploiter pour favoriser la réparation et le rétablissement des fonctions chez les personnes atteintes d’une maladie démyélinisante comme la SP.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans vos travaux de recherche et quels sont certains des défis auxquels vous faites face?
La recherche scientifique rime toujours avec nouveauté et ne cesse de nous surprendre. Les jours se succèdent et ne se ressemblent pas. C’est un immense privilège d’avoir la possibilité d’interagir au quotidien dans mon laboratoire avec de jeunes stagiaires enthousiastes, ainsi qu’avec des collègues accomplis, et de tenter avec eux de trouver des réponses qui permettront de promouvoir la santé et d’améliorer la qualité de vie. La recherche s’accompagne d’un lot de défis sur de nombreux plans. Il est souvent difficile de définir la question sur laquelle il convient de se pencher, mais une fois celle-ci bien circonscrite, les défis qu’il faut relever sont souvent d’ordre technique. Il est particulièrement enthousiasmant de mener des travaux de recherche biomédicale alors que la capacité des outils à notre disposition ne cesse d’augmenter. La mise à profit de ces puissants outils pour répondre à des questions clés, sur tous les plans, génère de nouvelles connaissances comme jamais auparavant sur les mécanismes cellulaires et moléculaires qui sous-tendent la santé humaine et les maladies.
Dans quelle mesure le soutien fourni par SP Canada contribue-t-il à la réalisation de vos travaux de recherche?
Le soutien de SP Canada a été essentiel à la réalisation de nos travaux antérieurs qui ont mené à la découverte d’un nouveau mécanisme moléculaire favorisant la préservation de la myéline dans le système nerveux central. Ce soutien est aussi primordial pour les travaux que nous nous proposons de mener maintenant sur la contribution possible de ce mécanisme au processus de remyélinisation, ainsi que pour l’avancement de la recherche axée sur la mise au point d’un traitement curatif contre la SP.