M. Kei Masani
Chercheur principal, Réseau universitaire de santé, et professeur agrégé, Université de Toronto.

M. Kei Masani. Ph. D., est scientifique principal à l’Institut de recherche KITE – Réseau universitaire santé et professeur agrégé à l’Institut de génie biomédical de l’Université de Toronto. L’objectif de ses travaux de recherche consiste globalement en l’amélioration de la mobilité chez les personnes qui ont des troubles neurologiques, y compris celles qui sont atteintes de sclérose en plaques (SP).
M. Masani étudie le mouvement chez l’être humain selon une perspective neuromécanique – autrement dit, en tirant parti d’éléments de neurophysiologie et de physique pour comprendre et améliorer la motricité. Plus précisément, ses travaux portent sur la mise au point de méthodes d’évaluation précises et d’interventions thérapeutiques telles que le recours à la stimulation électrique fonctionnelle (SEF), visant à favoriser le passage à la position debout, la marche et des exercices adaptés. Il mène également des travaux de recherche sur l’utilisation de traitements faisant appel à la stimulation pour favoriser la maîtrise de l’équilibre et la neuroplasticité.
M. Masani est expert en biomécanique humaine, en neurophysiologie et en techniques de la réadaptation. Il possède une solide expérience en matière d’évaluation quantitative de la motricité et de la mise au point de techniques de stimulation qui favorisent la restauration des fonctions motrices. Ses travaux de recherche, qui sont surtout de nature translationnelle, sont axés sur les mécanismes neurophysiologiques fondamentaux et des applications cliniques.
Il est titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise ès sciences en éducation physique, ainsi que d’un doctorat en éducation physique et à la santé de l’Université de Tokyo. Depuis son virage vers le génie biomédical, M. Masani a beaucoup collaboré avec des cliniciennes et cliniciens, des ingénieures et ingénieurs, et des spécialistes en réadaptation, afin de combler l’écart entre les résultats obtenus en laboratoire et les stratégies actuelles de prise en charge des patients et patientes.
Sur quel sujet portent vos travaux de recherche? Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la recherche sur la SP?
Les chutes constituent un problème majeur pour les personnes ayant subi une lésion médullaire : elles retentissent considérablement sur leur autonomie et leur qualité de vie. L’objectif de mes travaux de recherche consiste essentiellement en la mise au point d’un nouveau traitement fondé sur la stimulation fonctionnelle électrique (SEF), en vue de l’amélioration de l’équilibre en position debout et de la réduction du risque de chute chez les personnes atteintes d’un trouble neurologique. Nous avons démontré que ce traitement fondé sur la SEF peut améliorer l’équilibre en position debout en favorisant une réorganisation des circuits neuraux chez les personnes ayant une lésion médullaire.
Par ailleurs, nous avons évalué ce traitement chez les personnes qui se remettaient d’un accident vasculaire cérébral et avons observé des résultats positifs similaires quant à l’amélioration de l’équilibre et de l’adaptation neurale. Étant donné que les mécanismes sous-jacents aux troubles de l’équilibre sont communs aux diverses maladies neurologiques, nous croyons que ce traitement est très prometteur pour les personnes qui vivent avec la SP également.
C’est cette possibilité de mise en application – de généralisation des effets bénéfiques de notre traitement à une plus vaste population de patients – qui a éveillé mon intérêt pour la recherche sur la SP et qui me motive à poursuivre mes travaux dans ce domaine.
Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
J’ai vraiment à cœur de mettre à profit les avancées de la recherche fondamentale en vue de la mise au point de solutions thérapeutiques concrètes pouvant améliorer la qualité de vie des gens. Les techniques de neuromodulation, dont fait partie la SEF, s’avèrent fort prometteuses quant à l’amélioration des réseaux neuraux et des fonctions cognitives. Cependant, ces techniques continuent d’être peu utilisées dans les milieux cliniques, et ce, principalement en raison de la complexité et du coût des systèmes de neuromodulation actuels.
L’écart qui existe entre la recherche et les applications cliniques est ce qui m’incite à poursuivre mes travaux.Je concentre mes efforts sur l’élaboration de dispositifs de stimulation faciles à utiliser et peu coûteux qui seront efficaces sur le plan thérapeutique tout en constituant des solutions pratiques et accessibles pour la vie de tous les jours. Je mène mes travaux de recherche primaires auprès de gens qui présentent une lésion de la moelle épinière, mais je suis convaincu que les approches auxquelles je m’intéresse pourront être utiles aux personnes atteintes de SP, qui ont à composer avec des défis semblables à ceux que pose toute atteinte de la moelle épinière sur le plan de l’équilibre et de la mobilité.
Ce qui continue de m’inspirer est l’occasion qui m’est donnée de rendre accessibles des traitements de pointe et d’accroître ainsi l’impact de ces derniers quant à la mobilité et à l’autonomie des gens.
Comment espérez-vous changer la vie des personnes atteintes de SP en menant vos travaux de recherche?
Mon équipe et moi cherchons à déterminer si le traitement que nous avons mis au point à l’intention des gens qui présentent des lésions de la moelle épinière peut également être bénéfique pour les personnes qui vivent avec la SP. Si elle s’avère efficace, cette approche – qui consiste à rehausser les mécanismes neuraux à l’aide de la SEF – pourrait grandement améliorer l’équilibre en position debout chez les personnes atteintes de SP.
Notre objectif est de sortir du cadre de notre laboratoire pour mettre le traitement en question à la disposition de la collectivité. Nous espérons que cela réduira le risque de chutes dans la vie de tous les jours – lequel préoccupe considérablement de nombreuses personnes atteintes de SP. Cela rehausserait le degré d’autonomie et la qualité de vie de tous ces gens.
Nous croyons aussi que, comparativement aux interventions proposées actuellement, notre méthode pourrait s’avérer plus efficace en permettant des améliorations plus rapides et plus importantes des fonctions motrices.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans vos travaux de recherche et quels sont certains des défis auxquels vous faites face?
Cela fait plus de dix ans que nous travaillons à la mise au point de notre nouveau traitement, en nous appuyant sur des principes scientifiques de base en vue de l’élaboration d’un système qui pourra être utilisé dans des contextes réels de réadaptation. Notre parcours a comporté de nombreux écueils, notamment des difficultés d’ordre technique et des obstacles liés à la réglementation, en particulier en ce qui concerne la transposition de résultats de recherche en vue de l’élaboration d’une solution pratique et accessible.
Ce qui me fait le plus plaisir est d’assister aux effets de notre traitement dans le cadre de nos travaux, c’est-à-dire lorsque les gens qui présentent une lésion de la moelle épinière ou qui ont subi un accident vasculaire cérébral (AVC) voient leur équilibre et leur mobilité s’améliorer. Leurs commentaires sont incroyablement stimulants. Bon nombre de ces personnes nous disent qu’elles apprécient le traitement et qu’elles souhaiteraient continuer à le suivre une fois leur participation à notre étude terminée. Le fait que ces gens comprennent la valeur de ce que nous avons mis au point – et qu’ils voient que cela change la donne – me procure beaucoup de satisfaction et confirme l’utilité de mon travail.
Dans quelle mesure le soutien fourni par SP Canada contribue-t-il à la réalisation de vos travaux de recherche?
Le soutien que m’apporte SP Canada contribue grandement à l’avancement des travaux que je consacre à l’élaboration de traitements destinés aux personnes atteintes de SP. L’étude pilote que je mène actuellement n’aurait pu voir le jour sans les fonds que m’a accordés cet organisme. Ceux-ci permettent à mon équipe de tester pour la première fois auprès de personnes vivant avec la SP l’applicabilité d’une intervention prometteuse, initialement mise au point à l’intention de gens aux prises avec d’autres troubles neurologiques.
L’appui que nous avons reçu de SP Canada relativement à la première phase de notre démarche est essentiel à l’obtention de résultats probants indispensables à la poursuite de nos travaux. Forts des résultats de notre étude, nous serons en mesure de soumettre des demandes de financement de plus grande ampleur et de passer aux étapes suivantes nécessaires à la mise en œuvre de notre approche dans un contexte clinique.
Ultimement, le soutien de SP Canada contribue à jeter un pont entre la recherche et le monde réel, ce qui nous rapproche du moment où notre traitement sera accessible aux personnes qui en ont besoin.