Mme Veronique Miron
Professeure, Université de Toronto
Veronique Miron, Ph. D., est titulaire de la chaire de recherche sur la sclérose en plaques (SP) John David Eaton au Keenan Research Centre for Biomedical Science (centre de recherche en sciences biomédicales Keenan) et à la clinique de SP Barlo, à l’hôpital St. Michael’s. Elle est aussi professeure titulaire au Département d’immunologie de l’Université de Toronto. Mme Miron mène des travaux de recherche depuis 20 ans et a pour objectif principal de comprendre comment la synthèse de la myéline est régulée et pourquoi ce processus est déficient dans le contexte de la SP. Elle a obtenu un doctorat de l’Université McGill, à Montréal, et a effectué un stage de recherche postdoctorale financé par SP Canada au Scottish Centre for Regenerative Medicine. Elle a aussi fondé son laboratoire à l’Université d’Édimbourg, en Écosse, avant de transférer celui-ci à Toronto en 2022.
Au cours de la dernière décennie, Mme Miron et son équipe ont fait un certain nombre de découvertes sur les cellules et les molécules qui jouent un rôle important dans le processus de réparation de la myéline, gaine protectrice des fibres nerveuses du système nerveux central. Ce groupe de scientifiques s’emploie aussi à identifier de nouvelles cibles et de nouveaux agents thérapeutiques potentiels dans le but de promouvoir le processus de régénérescence. La chercheuse et son équipe ont notamment découvert que des cellules immunitaires qui résident dans le système nerveux central – formant ce qu’on appelle la microglie – protègent normalement la myéline et favorisent la réparation de celle-ci. L’équipe s’efforce maintenant de comprendre les mécanismes qui sous-tendent la protection et la réparation de la myéline en vue de mettre au point des médicaments potentiels qui assureront la santé de la myéline chez les personnes atteintes de SP et contribueront ainsi à l’amélioration de la qualité de vie de tous ces gens.
Question et réponses avec Mme Miron
Sur quel sujet portent vos travaux de recherche? Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la recherche sur la SP?
L’équipe qui est à l’œuvre dans mon laboratoire a pour objectif de comprendre ce qui assure la santé de la myéline et sous-tend la détérioration et la réparation de cette substance. Cela est pertinent en ce qui concerne la SP, maladie dans le contexte de laquelle une détérioration de la myéline entraîne des troubles de la motricité et de la sensibilité et des difficultés cognitives et où la réparation de la gaine de myéline devient de moins en moins efficace au fil du temps. Nous nous intéressons en particulier aux cellules du système nerveux central et du système immunitaire qui interagissent avec les oligodendrocytes, cellules productrices de myéline, et influent ainsi sur la santé de la myéline. Nous avons démontré que des cellules de soutien, formant ce qu’on appelle la microglie, jouent un rôle nécessaire à la protection et à la réparation de la myéline.
J’ai commencé à m’intéresser à la recherche sur la SP, car une personne parmi les membres de ma famille est atteinte de cette maladie. C’est en entendant parler de ses difficultés liées à la SP et en prenant conscience du nombre incroyable de gens touchés par cette affection au Canada et ailleurs dans le monde, dans la fleur de l’âge, que j’ai décidé de consacrer mes travaux de recherche à la découverte de nouveaux traitements contre la SP.
Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
La SP est la principale cause d’incapacités chez les jeunes adultes. C’est une maladie qui se manifeste chez des personnes qui sont dans les années les plus productives de leur vie. Bien qu’il existe des médicaments efficaces destinés à limiter les attaques du système immunitaire contre le système nerveux central à un stade précoce de la maladie, nous ne disposons d’aucun médicament capable de réparer les tissus endommagés par la SP. Comme le processus de réparation de la myéline est souvent défaillant lorsque la SP progresse, il importe par-dessus tout de mettre au point de nouveaux médicaments qui favoriseront la réparation de la myéline, ce qui améliorera la santé et la qualité de vie des personnes atteintes de cette affection.
Comment espérez-vous changer la vie des personnes atteintes de SP en menant vos travaux de recherche?
Nous espérons qu’en comprenant le rôle des cellules et des molécules qui contribuent grandement à la protection et à la réparation de la myéline, nous pourrons cerner de nouvelles approches thérapeutiques destinées à assurer la santé de la myéline dans le contexte de la SP. Nous nous intéressons beaucoup à la microglie – à savoir une famille de cellules immunitaires résidentes du système nerveux central –, laquelle joue un rôle crucial dans la protection et la réparation de la myéline. Or, nous pensons que la microglie perd sa capacité à remplir ce rôle chez les personnes atteintes de SP qui prennent de l’âge, ce qui contribue, à notre avis, à une remyélinisation insuffisante. Nous cherchons à comprendre comment la microglie protège et répare la myéline et pourquoi elle ne peut plus le faire au fur et à mesure que la personne qui a la SP avance en âge – notre objectif étant de faciliter la mise au point de nouveaux médicaments contre cette maladie. Nous prévoyons qu’une telle avancée nous permettrait d’améliorer la santé des fibres nerveuses, le fonctionnement du système nerveux central et, par là même, la qualité de vie des gens qui vivent avec la SP.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans vos travaux de recherche et quels sont certains des défis auxquels vous faites face?
Ce qui me procure le plus de satisfaction relativement à mes travaux de recherche est le fait que ceux-ci me donnent l’occasion d’agir en vue de l’amélioration de la qualité de vie des personnes aux prises avec des incapacités. Ce que j’espère est que le fait d’élucider la façon dont la SP influe sur la myéline aboutira à la mise au point de nouveaux traitements efficaces qui permettront de protéger et de réparer la myéline dans le contexte de la SP.
En outre, j’aime beaucoup mon rôle de formatrice et de mentore auprès de la prochaine génération de scientifiques – qu’il s’agisse de stagiaires de recherche à l’œuvre dans mon laboratoire ou ailleurs. J’apprécie également la possibilité qui m’est donnée de créer un environnement sûr et enrichissant au sein duquel les chercheurs et chercheuses peuvent s’épanouir et mener à bien leurs travaux dans les meilleures conditions possible – ce qui, selon moi, est indispensable à l’avancement de la médecine et de la science en général. Bien entendu, j’ai des défis à relever dans le cadre de mes fonctions : obtenir les fonds dont j’ai besoin pour mener mes travaux, trouver des solutions en cas d’expérimentations difficiles, superviser une équipe de recherche grandissante et gérer mon temps afin de remplir toutes mes responsabilités. Toutefois, la perspective de changer la vie des gens atteints de SP et le soutien que me procurent les personnes enthousiastes et talentueuses à l’œuvre dans mon laboratoire m’aident à traverser les périodes difficiles.
Dans quelle mesure le soutien fourni par SP Canada contribue-t-il à la réalisation de vos travaux de recherche?
Le soutien fourni par SP Canada est absolument crucial pour nos travaux de recherche. Cet apport de fonds est nécessaire à la réalisation de nouvelles découvertes : il s’agit d’une aide financière non négligeable en ce qui concerne le salaire des stagiaires, les coûts associés aux expériences et les frais de déplacement engagés à l’occasion de congrès durant lesquels nous pouvons voir la façon dont notre travail est perçu. Nous sommes extrêmement reconnaissants envers l’organisme SP Canada pour le soutien qu’il nous apporte relativement à nos travaux de recherche portant sur la protection et la réparation de la myéline.