Mme Heather Armstrong
Ph.D., professeure adjointe, Université du Manitoba
Mme Heather Armstrong, Ph.D., professeure adjointe, Université du Manitoba
Heather Armstrong, Ph. D., a obtenu un baccalauréat ès sciences avec une spécialisation en neurosciences et en psychologie, puis un diplôme de maîtrise en biologie cellulaire, à l’Université de l’Alberta. Elle a par la suite fait ses études doctorales dans le cadre d’un programme axé sur la médecine à l’Université d’Adélaïde (Australie) et au South Australian Health and Medical Research Institute (SAHMRI) – études pendant lesquelles elle s’est penchée sur les réponses thérapeutiques dans les cas de cancer du sein et de cancer de la prostate. Sa formation complémentaire en pédiatrie s’est déroulée au Stollery Children’s Hospital de l’Université de l’Alberta, où elle a étudié la gastroentérologie clinique et la microbiologie translationnelle, et plus particulièrement les maladies auto-immunes (comme les maladies intestinales inflammatoires). Alors qu’elle était titulaire d’une bourse de recherche financée par les IRSC et l’organisme Mitacs, elle a aussi été chargée de cours dans le cadre des programmes de médecine et de chirurgie dentaire de l’Université de l’Alberta.
Mme Armstrong est professeure adjointe et titulaire d’une chaire de recherche du Canada de niveau 2 au Département de médecine interne de l’Université du Manitoba. Elle et son équipe continuent de contribuer à l’approfondissement des connaissances dans les domaines de la nutrition, de la microbiologie, de l’auto-immunité, de l’oncologie et de la recherche translationnelle en vue de l’amélioration de l’état de santé des personnes atteintes d’une maladie auto-immune ou d’un cancer ayant un lien avec une altération du microbiote intestinal. La sclérose en plaques (SP) est une maladie progressive invalidante qui cible le système nerveux central (SNC) et qui est caractérisée par une démyélinisation (perte de la gaine de myéline) à médiation auto-immunitaire qui engendre des déficiences fonctionnelles. Les options thérapeutiques actuelles offertes contre la SP consistent pour la plupart en des traitements immunomodulateurs (conçus pour modifier la réponse du système immunitaire) qui ont pour effet d’atténuer les poussées, malgré que ces derniers soient fréquemment associés à des effets secondaires et à des coûts élevés tant pour le système de soins de santé que pour les personnes atteintes de la maladie. Il importe donc de mettre au point de nouveaux médicaments qui pourraient atténuer les symptômes de la SP, qui seraient plus sûrs et plus économiques que ceux dont nous disposons actuellement et qui permettraient de personnaliser les soins. Les travaux de Mme Armstrong sont principalement destinés à soutenir ces visées.
Questions et réponses avec Mme Armstrong
Sur quel sujet portent vos travaux de recherche? Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la recherche sur la SP?
Nos travaux s’appuient sur des données probantes et la recherche consacrée à l’alimentation, et notre objectif consiste à outiller les personnes atteintes de SP de façon à ce qu’elles puissent facilement prendre en charge leur santé. Les approches axées sur le régime alimentaire sont largement étayées dans le domaine de la santé et de la prise en charge des maladies. Toutefois, il y a encore très peu de travaux de recherche portant sur les aspects mécanistiques de la SP qui permettraient de justifier le recours à des régimes particuliers dans le contexte de la SP. Notre équipe collabore avec des partenaires du secteur de l’industrie et du milieu de l’agriculture, ainsi qu’avec des équipes cliniques et des personnes atteintes de SP. Tous ensemble, nous cherchons à découvrir comment la flore bactérienne intestinale d’une personne peut influer sur la façon dont cette dernière réagit à un régime alimentaire particulier, et notre objectif ultime est de nous appuyer un jour sur ces découvertes pour élaborer des types d’intervention accessibles et abordables pour les gens qui vivent avec la SP. Nos résultats préliminaires ont montré des améliorations importantes chez des gens atteints d’une maladie intestinale inflammatoire (MII), et les similarités évidentes entre les MII et la SP nous ont incités à poursuivre nos travaux avec l’aide de scientifiques, de cliniciennes et de cliniciens parmi les meilleurs et les plus chevronnés du Canada dans le domaine de la SP.
Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
Apprendre qu’on est atteint d’une maladie grave et chronique est l’une des choses les plus difficiles à vivre. Si notre intérêt envers les sujets de recherche précis que nous étudions constitue pour nous une source d’inspiration, nous trouvons aussi extrêmement motivant de constater les retombées que nos travaux peuvent avoir pour les nombreuses personnes atteintes de la maladie et leurs proches, ici au Canada et ailleurs dans le monde. De nombreuses personnes qui ont la SP savent déjà que certaines options en matière d’alimentation peuvent leur être bénéfiques (principalement en ce qui a trait aux gras et aux protéines), et il est vraiment intéressant de penser qu’un régime personnalisé en fonction du microbiote intestinal d’une personne pourrait considérablement améliorer son état de santé et, ultimement, sa qualité de vie.
Comment espérez-vous changer la vie des personnes atteintes de SP en menant vos travaux de recherche?
Le fait le miser sur le régime alimentaire (en tenant surtout compte des fibres) pour traiter et prévenir les maladies inflammatoires chroniques est une option intéressante. Toutefois, on dispose de peu de données sur les interactions entre des fibres précises, les microbes présents dans l’intestin et l’organisme hôte. Les travaux que nous mènerons serviront de tremplin et nous permettront, dans un premier temps, de cerner le rôle joué par les composants du microbiote dans la réponse de l’hôte à des fibres alimentaires précises dans le contexte de la SP. En nous appuyant sur nos découvertes, nous tenterons dans le cadre de nos futurs travaux de déterminer si les effets d’un microbiote altéré peuvent engendrer l’inflammation associée au régime alimentaire chez certaines personnes atteintes de SP. Les résultats de ces travaux contribueraient à la découverte de biomarqueurs propres à la SP et faciliteraient ainsi l’établissement de recommandations nutritionnelles personnalisées.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans vos travaux de recherche et quels sont certains des défis auxquels vous faites face?
Peu de carrières offrent des occasions aussi diversifiées et enrichissantes. Nos travaux nous permettent non seulement d’améliorer la qualité de vie des personnes qui souffrent le plus, mais aussi d’offrir des occasions de formation et de carrière à de jeunes scientifiques, cliniciens et cliniciennes. Nombre de nos stagiaires et employés sont personnellement touchés par les maladies que nous étudions ou connaissent quelqu’un dans leur entourage qui l’est; nous sommes donc tous déterminés à garantir l’intégrité scientifique de nos travaux et à permettre la réalisation de progrès rapides et percutants. Tout milieu de travail comporte son lot de défis, mais nous sommes chanceux de pouvoir compter sur l’appui considérable de patients, de collaborateurs et d’organismes de financement, et d’être ainsi en mesure de recruter des participants et des participantes et de faire avancer la recherche.
Dans quelle mesure le soutien fourni par SP Canada contribue-t-il à la réalisation de vos travaux de recherche?
Le soutien de SP Canada est absolument primordial pour les équipes de recherche comme la nôtre! Il l’est non seulement parce qu’il nous procure les moyens financiers de recruter des participants et des participantes, de recueillir des échantillons, de réaliser des expériences et d’en analyser les résultats, mais aussi parce que SP Canada, grâce à son réseau, permet aux membres de notre équipe de mieux interagir avec les personnes atteintes de SP et d’autres experts du domaine, et de faire en sorte que nos découvertes aboutissent à l’élaboration de nouveaux traitements améliorés.