Santé Canada approuve le LemtradaMC pour la prise en charge de la SP cyclique

Résumé

Santé Canada a récemment approuvé l’emploi du LemtradaMC (alemtuzumab), un immunomodulateur, pour le traitement de la sclérose en plaques (SP) cyclique (poussées-rémissions) chez les adultes qui présentent une résistance ou une intolérance à l’interféron bêta ou à d’autres immunomodulateurs. Cette homologation a été accordée à l’issue de deux essais cliniques de phase III sur ce médicament, les études CARE-MS I et CARE-MS II.

Plan des essais cliniques (population à l’étude, posologie et mode d’administration)

Les études CARE-MS I et CARE-MS II, toutes deux des essais cliniques de phase III, ont été menées pendant deux ans auprès de sujets atteints de SP cyclique.

Étude CARE-MS I

Cette étude comptait 581 sujets âgés de 18 à 50 ans qui n’avaient encore suivi aucun traitement contre la SP. Ces sujets ont été répartis au hasard dans deux groupes, l’un devant recevoir l’alemtuzumab et l’autre, l’interféron bêta-1a (IFNβ-1a), l’un des traitements usuels contre la SP, qui servait d’agent de comparaison dans le cadre de l’étude. L’alemtuzumab a été administré par perfusion intraveineuse (injection dans une veine) à raison de 12 mg/jour pendant cinq jours consécutifs, puis pendant trois jours consécutifs, un an plus tard. L’IFNβ-1a a été administré par voie sous-cutanée (injection sous la peau) à raison de 44 µg, trois fois par semaine pendant deux ans. Pour pouvoir comparer l’efficacité (capacité à produire l’effet escompté) de l’alemtuzumab à celle de l’IFNβ-1a, les investigateurs ont mesuré les variations de la fréquence annuelle des poussées et de la progression des incapacités dans les groupes de traitement.

Étude CARE-MS II

Cette étude a été menée auprès de 840 sujets âgés de 18 à 55 ans qui n’avaient pas obtenu de réponse satisfaisante à un traitement antérieur par l’IFNβ-1a ou l’acétate de glatiramère. Ces sujets ont été répartis au hasard entre les groupes de traitement suivants :

  • IFNβ-1a à raison de 44 µg, trois fois par semaine, pendant deux ans;
  • alemtuzumab à raison de 12 mg/jour par voie intraveineuse pendant cinq jours, puis pendant trois jours, un an plus tard;
  • alemtuzumab à raison de 24 mg/jour par voie intraveineuse pendant cinq jours, puis pendant trois jours, un an plus tard (on a abandonné la constitution de ce groupe pour accélérer le recrutement dans les deux autres groupes de traitement).

Pour pouvoir comparer l’efficacité de l’alemtuzumab administré après l’échec d’un traitement par l’IFNβ-1a ou par l’acétate de glatiramère à celle de l’IFNβ-1a, les investigateurs ont comparé entre elles les variations de la fréquence annuelle des poussées et la progression des incapacités observées dans le groupe alemtuzumab et dans le groupe IFNβ-1a. Les paramètres d’évaluation secondaires de cette étude comprenaient :

  • la proportion de sujets n’ayant subi aucune poussée;
  • la variation du score à l'échelle élaborée d’incapacités de Kurtzke (EDSS) par rapport au début de l’étude;
  • la progression des incapacités, mesurée d’après la variation de l’échelle d'évaluation fonctionnelle MSFC (multiple sclerosis functional composite score);
  • la variation du volume des lésions mise en évidence par IRM.

Résultats des essais cliniques

Étude CARE-MS I

Les résultats de cette étude ont révélé que l’alemtuzumab a réduit la fréquence annuelle des poussées de 56 % par rapport à l’IFNβ-1a (RebifMD) chez des sujets atteints de SP cyclique qui n’avaient jamais reçu de traitement. En outre, après deux ans, la proportion de sujets n’ayant subi aucune poussée s’élevait à 78 % dans le groupe alemtuzumab, alors qu’elle était de 59 % dans le groupe IFNβ-1a. Enfin, on a observé une progression soutenue des incapacités chez 11 % des sujets qui avaient reçu l’IFNβ-1a et chez 8 % des sujets traités par l’alemtuzumab.

Étude CARE-MS II

Il ressort de cette étude que l’alemtuzumab a réduit la fréquence annuelle des poussées de 49 % par rapport à l’IFNβ-1a chez des sujets atteints de SP cyclique qui présentaient une résistance ou une intolérance au traitement par l’IFNβ-1a ou par l’acétate de glatiramère. Par ailleurs, après deux ans, la proportion de sujets n’ayant subi aucune poussée avait atteint 65 % dans le groupe alemtuzumab, alors qu’elle était de 47 % dans le groupe IFNβ-1a. Enfin, l’alemtuzumab a réduit le risque de progression soutenue des incapacités de 42 %.

Les résultats des examens d’imagerie réalisés durant l’étude démontrent que l’alemtuzumab et l’IFNβ-1a ont tous deux réduit le volume des lésions et qu’il n’y avait pas de différence entre les baisses observées dans les deux groupes de traitement. Une analyse approfondie de ces résultats a révélé que le nombre de sujets qui avaient eu de nouvelles lésions était plus faible dans le groupe alemtuzumab que dans le groupe IFNβ-1a. De plus, le traitement par l’alemtuzumab a réduit le taux d’atrophie cérébrale (diminution du volume du cerveau) comparativement au traitement par l’IFNβ-1a.

Sommaire des résultats

Dans l’ensemble, dans ces deux études, le traitement par l’alemtuzumab a réduit la fréquence des poussées comparativement au traitement par l’IFNβ-1a, et le nombre de sujets n’ayant subi aucune poussée a été plus élevé dans le groupe alemtuzumab que dans le groupe IFNβ-1a. Dans l’étude CARE-MS I, il n’y a pas eu de différence entre l’alemtuzumab et l’IFNβ-1a quant au taux de progression soutenue des incapacités. Dans l’étude CARE-MS II, à laquelle participaient des sujets qui avaient déjà reçu un traitement immunomodulateur contre la SP, l’alemtuzumab a significativement réduit le risque de progression soutenue des incapacités comparativement à l’IFNβ-1a.

La marge d’innocuité de l’alemtuzumab observée dans le cadre de ces études concorde avec celle que l’on a établie lors des études précédentes. Les effets indésirables ont été plus fréquents dans le groupe alemtuzumab que dans le groupe IFNβ-1a. Il s’agissait notamment de réactions liées à la perfusion, d’infections et de troubles auto-immuns, légers ou modérés. Il se peut que l’on n’ait pas enregistré tous les cas d’effets indésirables auto-immuns de l’alemtuzumab durant les deux années qu’ont duré ces études, puisque de tels effets peuvent se manifester jusqu’à cinq ans après l’administration de ce médicament. C’est pour cette raison que l’on est en train de mener une phase de prolongation de quatre ans qui permettra de continuer à suivre les sujets qui ont participé à ces études. Par ailleurs, les fréquences d’effets indésirables observées dans les deux groupes de traitement étaient similaires.

À propos du LemtradaMC

Le LemtradaMC est fabriqué par Genzyme Canada. Il s’agit du deuxième anticorps monoclonal approuvé au Canada pour le traitement de la SP, après TysabriMD (natalizumab). Un anticorps monoclonal est une protéine de synthèse (c’est-à-dire fabriquée en laboratoire) qui cible une molécule produite par l’organisme. En l’occurrence, le LemtradaMC cible la protéine CD52, qui se trouve à la surface de certains types de globules blancs (cellules du système immunitaire), à savoir les lymphocytes B et T. En se liant à cette protéine, le LemtradaMC bloque son activation, ce qui empêche les lymphocytes de pénétrer dans le système nerveux central pour s’attaquer à la myéline.

Le LemtradaMC est administré par perfusion intraveineuse. Chaque perfusion dure environ quatre heures et renferme 12 mg de ce médicament. Pendant la première série de perfusions, les patients reçoivent une perfusion par jour pendant cinq jours. La seconde série de perfusions est administrée un an plus tard, à raison d’une perfusion par jour pendant trois jours. Aucun traitement n’est administré entre les deux séries de perfusion.

Le LemtradaMC peut entraîner des infections et des effets indésirables auto-immuns graves (purpura thrombopénique idiopathique [PTI, soit une baisse du nombre de plaquettes], troubles thyroïdiens, maladie rénale). Les effets indésirables courants qui surviennent durant ou peu après une perfusion ou une série de perfusions d’alemtuzumab sont les suivants : maux de tête, étourdissements; éruption cutanée, urticaire, démangeaisons; fièvre; nausées, vomissements; et difficulté à dormir. La plupart des personnes traitées par le LemtradaMC subissent des effets indésirables durant la perfusion ou au cours des 24 heures qui suivent celle-ci. La majorité des réactions liées à la perfusion sont légères; cela dit, il arrive que cette dernière provoque des réactions graves (fièvre, urticaire, battements cardiaques irréguliers, nausées, gêne thoracique ou baisse de la tension artérielle). Enfin, on observe parfois des réactions allergiques.

Commentaires

L’efficacité de l’alemtuzumab dans le traitement de la forme cyclique de SP continue de se confirmer. Il faut toutefois s’assurer que les bienfaits de ce médicament l’emportent sur ses effets potentiellement sérieux, mais traitables. Le traitement de la SP devrait être choisi par la personne atteinte de SP en collaboration avec un neurologue. Pour obtenir de plus amples renseignements sur le LemtradaMC, veuillez vous adresser à votre médecin ou communiquer avec un spécialiste du programme de soutien SP en tandem de Genzyme Canada, au 1-855-MS1-2ONE (1-855-671-2663).

La Société canadienne de la SP affichera sous peu sur son site Web des renseignements détaillés et une foire aux questions sur ce médicament.

Références

COHEN, J. A. et coll. « Alemtuzumab versus interferon beta 1a as first-line treatment for patients with relapsing-remitting multiple sclerosis: a randomised controlled phase 3 trial », Lancet,2012; 380:1819-28.

COLES, A. J. et coll. « Alemtuzumab for patients with relapsing multiple sclerosis after disease-modifying therapy: a randomised controlled phase 3 trial », Lancet,2012; 380; 1829-39.