Mme Sarah Donkers
professeure agrégée, Université de la Saskatchewan
Mme Sarah Donkers, Ph. D., a travaillé dans un contexte clinique comme physiothérapeute spécialisée en neuroréadaptation, et c’est l’expérience qu’elle a acquise auprès de personnes atteintes de SP qui l’a incitée à entreprendre des travaux de recherche de niveau doctoral. Ayant reçu sa formation en physiothérapie et exercé son art en Australie et au Canada, Mme Donkers se consacre maintenant à l’amélioration de l’accès aux services de neuroréadaptation et à l’optimisation de la qualité de ce type d’intervention. L’objectif de ses travaux consiste à mieux comprendre comment la neuroréadaptation pourrait contribuer au rétablissement optimal de la fonction neurologique et faire partie intégrante des plans de soins usuels. La scientifique espère ainsi jeter un pont entre, d’une part, la recherche interventionnelle axée sur la neuroréadaptation et, d’autre part, la science appliquée et les services de santé. Mme Donkers occupe actuellement un poste de professeure agrégée à la Faculté de médecine de l’Université de la Saskatchewan et offre des cours en lien avec la neurologie au sein de l’école des sciences de la réadaptation affiliée à cet établissement. Récemment, elle a eu l’honneur d’être nommée lauréate 2024 d’un prix prestigieux (Outstanding New Researcher Award) décerné par son établissement d’enseignement en reconnaissance de ses contributions à la recherche et des retombées de ses travaux dans le domaine de la neuroréadaptation.
Sur quel sujet portent vos travaux de recherche? Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à la recherche sur la SP?
Je concentre mes efforts sur l’amélioration de l’accès aux services de neuroréadaptation et sur les façons dont nous pourrions rehausser de la qualité de tels services. J’ai travaillé comme physiothérapeute dans un contexte clinique auprès de personnes atteintes de SP, avec pour spécialisation la neuroréadaptation, et c’est cette expérience qui m’a amenée à entreprendre des études doctorales.wewW
Qu’est-ce qui vous incite à poursuivre des travaux dans ce domaine?
Ce sont les personnes atteintes de SP avec qui j’ai travaillé et qui m’ont tant appris, que ce soit dans le cadre de ma pratique clinique ou de mes travaux de recherche. Selon moi, la neuroréadaptation n’a jamais occupé une place aussi importante qu’à l’heure actuelle dans le contexte de la SP. Nous avons amélioré notre compréhension de la pathophysiologie de cette affection et disposons maintenant de nouveaux médicaments modificateurs de l’évolution de la SP qui sont très efficaces et contribuent à limiter les attaques lancées par le système immunitaire ainsi que les réactions inflammatoires. Toutefois, les personnes atteintes de SP continuent de subir une altération progressive de leurs capacités fonctionnelles et d’éprouver des symptômes invalidants qui compromettent leur qualité de vie. En effet, deux mécanismes physiopathologiques sous-tendent l’accumulation des incapacités liées à la SP, soit l’inflammation et la neurodégénérescence. D’un point de vue clinique, nous avons encore du chemin à parcourir en ce qui concerne notre capacité à entraver les processus neurodégénératifs et à promouvoir la régénération neuronale et la neuroplasticité. Les stratégies de réadaptation qui visent à enrayer la détérioration des fonctions associée à la SP et à restaurer celles-ci sont susceptibles de ralentir la progression de cette maladie et d’améliorer la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes. Cependant, le recours à des services de réadaptation continue généralement d’être envisagé à partir d’un stade non précoce de la maladie, et ce, dans une optique compensatoire. Or, selon nos études menées sur des modèles animaux de SP ou auprès de personnes atteintes de cette maladie, des améliorations peuvent être constatées à tous les stades de la SP grâce à la réadaptation. À présent, nous cherchons, d’une part, à en savoir plus sur le moment opportun d’avoir recours à la réadaptation et sur l’intensité des séances à privilégier pour obtenir des réponses optimales et, d’autre part, à faciliter l’accès à des services de réadaptation pour les personnes aux prises avec la SP.
Comment espérez-vous changer la vie des personnes atteintes de SP en menant vos travaux de recherche?
Mon souhait est que toutes les personnes qui ont la SP puissent bénéficier d’un traitement global de la maladie, lequel devrait comprendre l’accès à des soins en réadaptation prodigués par des spécialistes dès les premiers stades de la SP et tout au long de l’évolution de celle-ci. Je souhaite que les services de réadaptation axés sur le rétablissement des fonctions neurologiques fassent partie intégrante de la prise en charge de base des personnes atteintes de SP, et ce, quel que soit leur lieu de résidence. Je voudrais aussi que ce type de soins puissent aider ces personnes à continuer de participer à des activités constructives tout au long de leur vie et à optimiser leur santé et leur bien-être malgré la SP.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans vos travaux de recherche et quels sont certains des défis auxquels vous faites face?
J’aime tous les aspects de mon travail de chercheuse! Je collabore avec des personnes remarquables, tant localement qu’à l’échelle nationale ou internationale. Au Canada, nous comptons une communauté extraordinaire de chercheuses et chercheurs qui consacrent leur carrière à la réadaptation destinée aux personnes atteintes de SP – y compris notre réseau de recherche MSCanRehab, nouvellement établi. En misant sur notre réseau national axé sur la mobilisation des connaissances en matière de réadaptation dans le contexte de la SP (Canadian MS Rehab Knowledge Mobilization Network), nous travaillons aussi à l’édification d’une communauté de cliniciens, de cliniciennes et de scientifiques qui s’intéressent à la réadaptation dans le contexte de la SP et présentent une expertise dans ce domaine. Nous consacrons également nos efforts à l’établissement des toutes premières lignes directrices canadiennes en matière de pratiques cliniques relatives à la réadaptation en cas de SP ainsi qu’à l’élaboration d’outils cliniques destinés à permettre et à accélérer l’application des progrès de la recherche au domaine des soins usuels. Le financement continu de nos travaux constitue un perpétuel défi, car les subventions de recherche sont destinées à financer des études précises, et il est difficile d’obtenir les fonds nécessaires à un renouvellement d’équipement ou à la rétention du personnel hautement qualifié. Offrir aux personnes atteintes de SP la possibilité de participer à des travaux de recherche constitue un autre défi. En effet, les études qui requièrent un investissement considérable en temps et en déplacements ne constituent pas nécessairement une option envisageable pour les gens qui travaillent encore, qui ont des enfants à charge, qui vivent en milieu rural ou dans une région éloignée, ou qui ont à surmonter d’autres obstacles d’ordre social ou environnemental. J’aimerais encore essayer de limiter l’importance de tels obstacles.
Dans quelle mesure le soutien fourni par SP Canada contribue-t-il à la réalisation de vos travaux de recherche?
Le soutien financier apporté par SP Canada est essentiel! Il est indispensable à l’avancement de mes travaux de recherche et aux efforts que je déploie pour améliorer les soins usuels grâce aux avancées de la recherche. Je compte sur cet appui pour contribuer à la réalisation de changements concrets. Le soutien financier que nous accorde SP Canada – à moi et à mon équipe – ne sert pas uniquement à la réalisation de nos travaux de recherche. Il nous donne aussi la possibilité de contribuer à la formation d’une communauté solide de cliniciens et de cliniciennes et d’appuyer la mobilisation des compétences et des connaissances en matière de réadaptation dans le contexte de la SP, et ce, d’un bout à l’autre du pays.