Arrêt de l’usage du cannabis dans le traitement de la SP : étude longitudinale sur la fonction cognitive, évaluée par IRMf
Résumé
- Environ une personne atteinte de SP sur cinq recourt au cannabis (marihuana). Parmi les personnes atteintes de SP, celles qui utilisent le cannabis pour soulager leurs symptômes présentent des déficits plus importants au chapitre de la vitesse de traitement de l’information, de la mémoire opérationnelle et des fonctions exécutives comparativement à celles qui ne recourent pas à cette substance.
- On ignore toujours si l’altération de la fonction cognitive et les changements observés sur les clichés d’imagerie chez les utilisateurs de cannabis atteints de SP sont réversibles après l’abandon de l’usage de cette substance.
- L’équipe de recherche se propose :
- de déterminer si les effets négatifs du cannabis sur la cognition peuvent être renversés chez des personnes qui cessent de consommer du cannabis, comparativement à d’autres qui continuent de recourir à cette substance.
Description de l’étude
De 40 à 60 % des personnes qui vivent avec la SP déclarent être aux prises avec des troubles cognitifs qui rendent parfois difficiles le maintien de l’emploi, des échanges sociaux et des activités de loisir. Environ une personne atteinte de SP sur cinq indique recourir au cannabis (marihuana) pour soulager ses symptômes, en particulier la douleur et la spasticité. Cependant, de nouvelles données probantes montrent que la consommation de cannabis peut aggraver les troubles cognitifs dans le contexte de la SP, et on ne sait toujours pas si ces troubles peuvent être renversés après l’abandon de cette habitude. Dans le cadre de leur étude, le Dr Anthony Feinstein et son équipe ont entrepris de creuser la question en faisant passer des tests cognitifs et des examens d’imagerie à deux groupes de participants dont l’un devait cesser de fumer du cannabis, alors que l’autre avait l’autorisation de continuer. Tous les participants devaient être suivis durant 28 jours. Selon les données préliminaires dont disposaient les chercheurs, l’atteinte cognitive était moins marquée chez les participants atteints de SP qui s’étaient abstenus de fumer du cannabis que chez ceux qui avaient continué à en fumer. Dans l’ensemble, les résultats de cette étude permettront de bien informer les personnes qui vivent avec la SP et les médecins sur les effets du cannabis sur la fonction cognitive.
Retombées potentielles : Les résultats de cette étude auront une incidence considérable sur la pratique clinique, car ils permettront aux professionnels de la santé de mieux comprendre les types de déficits cognitifs et les changements dans le cerveau associés à la consommation du cannabis, ainsi que d’en savoir plus sur le caractère potentiellement réversible de ces troubles.
État d’avancement de l’étude : Terminée.
Aucune différences n’a été observée entre les deux groupes au début de l’étude. Au 28e jour de celle‑ci, le groupe de sevrage a obtenu des résultats significativement meilleurs pour chaque indice cognitif que le groupe de consommation. Il a également mieux performé aux tests visant l’évaluation de la vitesse de traitement de l’information, de l’apprentissage, de la mémoire (visuelle et verbale) et des fonctions exécutives. Les gains sur le plan de la vitesse de traitement de l’information correspondaient à une hausse de l’activité cérébrale, mesurée par IRM fonctionnelle. L’abandon du cannabis n’a pas été associé à une augmentation significative des symptômes, et tous les symptômes de sevrage signalés ont été passagers et maîtrisables.
Cette étude est la première à démontrer que les personnes qui consomment de façon fréquente et de longue date du cannabis peuvent présenter d’importants gains cognitifs suivant une période d’abstinence. Parmi les variables critiques susceptibles de réduire le rattrapage des déficits cognitifs suivant une période d’abstinence figurent l’âge au début de la consommation (par exemple, la consommation de cannabis pendant l’adolescence, alors que le cerveau est encore en développement) et la durée de la consommation (par exemple, les personnes qui consommaient du cannabis depuis longtemps avant de recevoir un diagnostic de SP). D’autres études seront nécessaires pour nous permettre de mieux comprendre les bienfaits et les effets indésirables de la consommation de cannabis. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Brain.
Sur les 140 participants à l’étude, 33 personnes (soit 14 hommes et 19 femmes) consommaient du cannabis régulièrement. Indépendamment du sexe des participants, le traitement de l’information s’est révélé plus lent chez les personnes qui faisaient usage du cannabis que chez celles qui n’en consommaient pas. Fait intéressant, les chercheurs ont constaté que les hommes obtenaient de moins bons résultats que les femmes au chapitre de la mémoire visuelle et de la mémoire verbale selon le test d’apprentissage verbal CVLT-II (California Verbal Learning Test-II).
Dans l’ensemble, l’étude susmentionnée a montré que la consommation de cannabis dans le cadre de la prise en charge de la SP peut avoir des effets sur la fonction cognitive, notamment un impact négatif sur la mémoire, et ce, plus particulièrement chez les hommes, comme l’ont révélé certains tests de mémoire. Toutefois, il convient de noter que l’étude en question comportait des limites. En effet, parmi les participants figuraient seulement 33 personnes ayant régulièrement recours au cannabis, ce qui a impliqué une comparaison restreinte à 14 hommes et à 19 femmes. De plus, les chercheurs ne disposaient d’aucun renseignement précis sur la fréquence de consommation du cannabis par ces participants (nombre de fois où ces personnes utilisaient du cannabis par semaine, par mois, etc.). Ils n’ont donc pu établir si la fréquence de consommation du cannabis a eu un impact sur les résultats des évaluations cognitives effectuées durant l’étude.
La Société de la SP est d’avis que les personnes atteintes de SP devraient avoir accès à toutes les options thérapeutiques sûres et efficaces offertes contre cette maladie. C’est pourquoi elle soutient des études de recherche de grande qualité, tels les travaux du Dr Feinstein, qui fournissent de l’information précieuse sur l’usage de la marihuana à des fins médicales, soit des renseignements qui aident les personnes aux prises avec la SP, leur famille et leur équipe soignante à prendre des décisions éclairées en matière de traitement.