Les équipes de recherche des organismes nationaux de la SP du Canada et des États Unis communiquent les résultats de leur première année d’étude sur le lien éventuel entre l’IVCC et la SP

Les rapports d’étape livrés par sept équipes multidisciplinaires après un an de recherche sur le lien éventuel entre l’IVCC (insuffisance veineuse céphalorachidienne chronique) et la SP montrent que les chercheurs sont en bonne voie de produire des données essentielles et des analyses critiques fondées sur leurs travaux qui dureront deux ans. Amorcées le 1er juillet 2010, ces études ont été subventionnées à hauteur de 2,4 millions de dollars par la Société canadienne de la SP et la National Multiple Sclerosis Society (organisme états-unien de la SP).

Les chercheurs ont déjà réuni un vaste éventail de personnes atteintes de SP ainsi que d’autres participants. Ils ont pour but de voir quelles populations sont à risque de présenter une IVCC. Par ailleurs, ils peaufinent leurs techniques d’imagerie de l’IVCC non seulement pour accroître l’exactitude et la constance de leurs résultats, de sorte que la fréquence de l’IVCC puisse être validée de manière fiable, mais aussi pour comprendre les conséquences de cette anomalie sur le processus pathologique de la SP.

Des représentants de chacune des sept équipes subventionnées font partie d’un groupe de travail formé d'experts scientifiques, lequel relève des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). À la suite d’une réunion de ce groupe, en juin 2011, la ministre fédérale de la Santé, l'honorable Leona Aglukkaq, a annoncé la mise en œuvre d’un essai clinique interventionnel de phase I et II sur l’IVCC. Le groupe d’experts apportera son leadership et ses conseils dans l’élaboration du cadre de référence de cet essai clinique mené au Canada. En outre, il continuera de surveiller et d'analyser les données de ces sept études en cours et de toutes les études sur l'IVCC en lien avec la SP qui sont menées dans le monde.

Les projets des sept équipes subventionnées ont été approuvés par les organismes pertinents, à savoir l’Institutional Review Board, aux États‑Unis, ou le Comité d’éthique de la recherche, au Canada. Cette étape est prévue par les organismes de réglementation pour protéger les participants à la recherche médicale. Apprenez-en davantage sur les différentes phases des études cliniques.

Plus de 486 personnes ont déjà passé un examen d’imagerie faisant appel à la technologie prévue par l’étude dont elles font partie, dont le type d’échographie Doppler utilisé au départ par le Dr Paolo Zamboni et ses collaborateurs, la veinographie par résonance magnétique, la veinographie par cathéter, l’imagerie par résonance magnétique du cerveau et des méthodes de mesure clinique.

Étant donné que les chercheurs recourent à une méthode à l'insu rigoureuse et à des groupes témoins pour obtenir des données objectives et exhaustives, les résultats finaux des travaux actuels ne seront communiqués qu'au terme des études, qui regroupent plus de 1 300 personnes représentant un vaste éventail de formes de SP, de degré de gravité de la maladie et de durée de cette dernière, ainsi que des participants atteints d’une autre maladie et des témoins en santé. En attendant, plusieurs équipes envisagent de présenter leurs résultats préliminaires lors de congrès médicaux qui seront tenus plus tard cette année.

« Nous sommes heureux de voir que l’importante recherche sur le lien éventuel entre l’IVCC et la SP progresse aussi rapidement », déclare le Dr Tim Coetzee, directeur de la recherche à la National MS Society. « Les résultats de ces études approfondies nous guideront dans la préparation des prochaines étapes », souligne le chercheur.

Yves Savoie, président et chef de la direction de la Société de la SP abonde dans ce sens : « Le Groupe de travail formé d’experts scientifiques, relevant des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), apportera son leadership et ses conseils dans l’élaboration du cadre de référence de l’essai clinique de phase I et II mené au Canada. En outre, il continuera de surveiller et d'analyser les données de ces sept études et de toutes les études sur l'IVCC en lien avec la SP qui sont menées dans le monde. Nous ne cessons de progresser vers l’obtention de réponses concluantes sur le lien éventuel entre l’IVCC et la SP, et ces avancées nous encouragent », conclut M. Savoie.


Détails
Les chercheurs subventionnés proviennent de diverses disciplines dont la neurologie appliquée à la SP, la chirurgie vasculaire et la radiologie interventionnelle. Ils disent progresser dans la création d’un protocole d’étude standardisé, le recrutement des participants, la réalisation des examens d’IRM et l’élaboration de méthodes de partage de leurs résultats, comme en font foi les résumés ci-dessous.

  • Dre Brenda Banwell, Hôpital pour enfants malades, Toronto, Ontario. Dès que l’équipe de la Dre Banwell a reçu l’approbation du Comité d’éthique de la recherche, elle s’est mise à recruter des enfants et des adolescents atteints de SP et des témoins en santé appariés selon l’âge pour voir si des anomalies veineuses sont présentes à un stade précoce de la SP. L’équipe de recherche vérifie la présence d’anomalies veineuses en recourant à l’échographie et en étudiant l’anatomie des veines à l’aide de techniques d’IRM non effractives et la circulation veineuse grâce à de nouvelles mesures. Contrairement aux adultes, il est improbable que les jeunes présentent des atteintes vasculaires liées au vieillissement, et ceux-ci ne sont que rarement atteints de maladies qui apparaissent généralement à l'âge adulte, comme l'hypertension artérielle et les maladies cardiaques, qui pourraient compliquer l’interprétation des résultats de la recherche. Formée au Neuroimaging Analysis Center, à Buffalo, selon les techniques employées dans les premières études du Dr Zamboni, l'équipe d’échographistes a établi des protocoles d'échographie et d'imagerie cérébrale adaptés à l'exploration du drainage veineux chez l'enfant. Selon les chercheurs, le recrutement des participants va bon train. L’analyse des données sera effectuée seulement après que les 90 participants auront subi les examens prévus.

    Lire les détails
    du protocole initial de recherche de la Dre Banwell.

  • Dre Fiona Costello, Hotchkiss Brain Institute, Université de Calgary, Calgary, Alberta. Par suite de l’approbation de son projet par le Comité d’éthique de la recherche, l’équipe de la Dre Costello a commencé à recruter un groupe représentatif de personnes atteintes de SP dans le but de le comparer à des personnes atteintes d’une autre maladie neurologique ou à des témoins en santé. Dotée de trois échographistes dévoués ayant reçu une formation sur les techniques employées au départ par le Dr Zamboni, l’équipe a raffiné son protocole d’étude échographique. Elle prévoit répéter les examens d’IRM chez un sous-groupe de participants qui en avaient déjà subi avant le changement de protocole, ce qui permettra de comparer les résultats et la sensibilité des méthodes avant et après la formation des échographistes. L’équipe de la Dre Costello a ralenti brièvement sa campagne de recrutement en attendant de pouvoir se servir d’un nouvel appareil d’IRM 3 Tesla (deux fois plus puissant que l’appareil d’IRM utilisé habituellement en clinique) et s’est adjoint deux autres technologues expérimentés en IRM. L’appareil 3 T, en fonction depuis mars 2011, sert maintenant à la veinographie par résonance magnétique dont les résultats sont comparés à ceux de l’échographie. Lire les détails du protocole initial de l’étude de cette équipe.

  • Dr Aaron Field, École de médecine et de santé publique de l’Université du Wisconsin, Madison. Ayant reçu l’approbation de l’Institutional Review Board, l’équipe du Dr Field s’active présentement à recruter des participants qui seront soumis aux techniques d’échographie et de veinographie par RM employées lors des premières expérimentations du Dr Zamboni. Les chercheurs visent à étudier l’IVCC auprès de différents groupes : des personnes à divers stades de la SP, des témoins atteints d’une autre maladie et des témoins en santé. L’échographiste qui collabore aux travaux a reçu une formation sur les techniques utilisées à l’origine par le Dr Zamboni. L’équipe a amélioré son protocole de veinographie par RM, de sorte qu’elle tient maintenant compte des variations de la circulation sanguine en fonction de la respiration et des battements du cœur. Elle utilisera un produit de contraste relativement nouveau, qui permettra d’obtenir des images très claires des veines du cerveau et du cou et de mesurer le débit sanguin cérébral. Ce procédé d’examen IRM-VRM fera gagner du temps puisqu’il nécessite une seule injection au lieu de deux. Les chercheurs ont également standardisé les endroits précis dans les veines où les mesures doivent être prises, après avoir observé des différences importantes dans l’anatomie et la dimension des veines cérébrales et cervicales. Un résumé de leur travail d’élaboration d’un protocole a été soumis aux fins d’approbation à l’International Magnetic Resonance Angiography Workshop qui sera tenu du 25 au 28 septembre prochain à Calgary, en Alberta, au Canada. Lire les détails du protocole initial de l’étude de cette équipe.

  • Dr Robert Fox, Cleveland Clinic Foundation, Cleveland. Après que l’équipe du Dr Fox eut obtenu de l'Institutional Review Board l’approbation de son projet d’étude consistant à utiliser la veinographie par MR, l’échographie, l’IRM et des mesures cliniques auprès de personnes atteintes de SP ou à risque de SP (ayant subi un syndrome clinique isolé – SCI) afin de comparer leurs résultats à ceux de témoins, les chercheurs ont commencé à recruter des participants et à les soumettre à des examens d’IRM. Les échographistes, qui ont tous reçu une formation sur les techniques employées au départ par le Dr Zamboni, ont constaté que plusieurs éléments de la méthodologie publiée étaient ambigus. Ils ont donc standardisé le protocole d’étude et la méthode d’analyse des données dans le but d’assurer la constance des résultats. Ils ont exposé leurs solutions à ces difficultés méthodologiques dans le cadre d’une présentation par affiche livrée au congrès annuel de l’American Academy of Neurology, qui a eu lieu en avril 2011 (résumé P01.263). Ils ont alors énuméré les facteurs physiologiques et techniques qui peuvent rendre difficile le dépistage échographique d’une obstruction veineuse. En effet, l’irrégularité des battements du cœur, les étapes de la respiration, la position de la tête et la pression appliquée par le technicien pourraient altérer les résultats de l’examen. Qui plus est, le niveau d’hydratation (calculé selon la quantité de liquide absorbé) pourrait avoir une influence sur plusieurs paramètres de détection de l'IVCC. Les chercheurs ont conclu que ces multiples facteurs pourraient expliquer les résultats contradictoires des études menées jusqu’ici sur le lien éventuel entre l'IVCC et la SP. Par ailleurs, ils ont ajouté un volet à leur recherche, qui sera consacré à la mesure de l’impact du niveau d’hydratation sur l’évaluation de l’IVCC. L’équipe du Dr Fox a également réuni des échantillons de tissu veineux provenant de l’autopsie de neuf personnes atteintes de SP et de six personnes non atteintes de cette maladie. L’équipe a d’abord dû élaborer et standardiser des méthodes de détection de signes d’IVCC dans ces échantillons. Les chercheurs en sont à l’analyse de leurs données et ont soumis des résumés des résultats préliminaires de leurs examens autopsiques ainsi que des examens d’imagerie à l’approbation de l’ECTRIMS (European Committee for Treatment and Research in MS), qui se réunira en octobre prochain.

    Lire les détails du protocole initial de l’étude de cette équipe.

  • Dr Carlos Torres, L’Hôpital d’Ottawa, Université d’Ottawa, Ontario. L’équipe du Dr Torres a obtenu l’approbation du Comité d’éthique de la recherche après avoir discuté de certains éléments du formulaire de consentement éclairé expliquant aux participants la méthodologie et les conséquences possibles des interventions prévues. Les chercheurs ont amorcé la première étape de l’étude, à savoir des examens d’imagerie (en l’occurrence l’imagerie par résonance magnétique et la veinographie par résonance magnétique) de personnes non atteintes de SP. Les résultats obtenus seront comparés à ceux de personnes atteintes de SP. Trois membres de l’équipe ont reçu une formation sur les techniques d’échographie employées par le Dr Zamboni lors de ses premières études. L’équipe s’affaire maintenant à recruter d’autres participants. Le Dr Torres s’attend à terminer la première étape de l’étude d’ici la fin de l’été, après quoi il entamera la deuxième étape, qui demandera la participation de personnes atteintes de SP ainsi que d’autres témoins. Lire les détails de l’étude de cette équipe.

  • Dr Anthony Traboulsee, Clinique de SP du Centre hospitalier de l’Université de la Colombie-Britannique (UCB), Faculté de médecine de l’UCB; Dre Katherine Knox, Clinique de SP de Saskatoon, Université de la Saskatchewan. Par suite de l’approbation du Comité d’éthique de la recherche, les deux équipes de chercheurs ont commencé à recruter des participants, dont un nombre considérable a déjà subi les examens d’imagerie. L’intérêt suscité par l’étude dans la collectivité de la SP ne faiblit pas. Les technologues en échographie des équipes de recherche ont reçu une formation donnée par le Dr Zamboni. Ils utilisent également des techniques de veinographie par cathéter et de veinographie par résonance magnétique pour étudier la prévalence de l’IVCC chez des personnes atteintes de SP et des témoins non atteints de cette maladie. En février 2011, les radiologistes des équipes du Dr Traboulsee et de la Dre Knox se sont rencontrés afin de s’assurer de l’uniformité des protocoles suivis, après quoi une deuxième campagne de recrutement a été entreprise. Les chercheurs espèrent terminer tous les examens avant la fin de 2011. Lire les détails de leur étude.

  • Dr Jerry Wolinsky, Centre des sciences de la santé de l’Université du Texas à Houston. Après approbation de son projet par l’Institutional Review Board, l’équipe du Dr Wolinsky a amorcé le recrutement de participants, et son technologue spécialisé en échographie neurologique a reçu une formation approfondie sur les techniques d’imagerie par échographie des régions intracrâniennes et extracrâniennes. Un grand nombre de participants ont déjà subi les examens échographiques, soit des personnes atteintes de l’une ou l’autre des formes de SP ou d’une autre maladie ainsi que des personnes n’ayant aucune maladie connue. Le Dr Wolinsky et ses collaborateurs cherchent à savoir s’il existe des techniques d’imagerie qui confirmeraient les résultats des échographies. Ils espèrent aussi trouver la méthode la plus fiable pour diagnostiquer l’IVCC. L’équipe éprouve encore de la difficulté à recruter des témoins non atteints de SP, étant donné qu’ils n’ont pas d’intérêt personnel pour l’étude. Le comité chargé de la surveillance de l’étude a approuvé l’intention de l’équipe de poursuivre sa recherche intensive de témoins tout en visant l’accroissement du nombre de participants atteints de SP. Par ailleurs, certains des participants qu’on avait déjà invités à répéter les examens échographiques ont informé l’équipe de chercheurs qu’ils avaient subi une veinoplastie, ce qui les rend inadmissibles à la prochaine étape de l’étude. Lire les détails de l’étude de cette équipe.


Regard sur l’avenir
Les sept équipes ont été choisies par un groupe international d’experts duquel faisaient partie des spécialistes issus de domaines clés tels que la radiologie, la chirurgie vasculaire et la neurologie. Les propositions de recherche retenues devraient nous permettre d’établir, de la façon la plus rapide et la plus exhaustive qui soit, l’importance du lien éventuel entre l’IVCC et le processus pathologique de la SP.

Après un an, les chercheurs impliqués dans ces études de deux ans ont fait des progrès considérables vers l’atteinte de leurs objectifs. Les équipes de recherche prévoient communiquer leurs résultats préliminaires lors de prochains congrès médicaux et ont manifesté une volonté ferme de mettre en commun information et conseils techniques afin de faciliter et d’accélérer l’avancement des travaux. Leurs résultats guideront par ailleurs la conception d’un essai clinique de phase I et II dont le lancement a fait dernièrement l’objet d’une annonce par la ministre fédérale de la Santé du Canada. Cet essai aura pour but de vérifier l’innocuité et l’efficacité du traitement de l’obstruction veineuse chez les personnes atteintes de sclérose en plaques.

Le prochain compte rendu des travaux réalisés par les sept équipes subventionnées paraîtra dans six mois.