Résumé
Dans le cadre d’une étude portant sur la santé de la population et financée par SP Canada, des scientifiques canadiens se sont donné pour objectif de vérifier si le recours aux médicaments modificateurs de l’évolution de la SP (MMÉSP) est associé à un risque de cancer. Cette équipe de recherche s’est penchée sur des données consignées durant une décennie relativement à une cohorte de plus de 14 000 personnes de l’Alberta vivant avec la SP. Plus de 40 p. 100 de ces personnes avaient pris au moins un MMÉSP. En comparaison à la population générale, les scientifiques n’ont relevé aucune différence quant au risque de cancer chez les personnes atteintes de SP, y compris celles qui avaient reçu au moins un MMÉSP. Il ressort toutefois de cette étude que les MMÉSP semblent avoir un effet lié à l’âge sur le risque de cancer, soit un effet protecteur chez les personnes jeunes, et un risque accru de cancer chez les personnes plus âgées, comparativement aux gens atteints de SP n’ayant pas eu recours à ces médicaments. D’autres travaux de recherche comme cette étude doivent être réalisés en contexte réel pour permettre aux personnes atteintes de SP et aux fournisseurs de soins de santé d’être suffisamment informés sur les risques que l’utilisation des MMÉSP peuvent impliquer pour la santé.
Détails
L’équipe de recherche qui a mené l’étude sur la santé de la population dont il est ici question avait pour objectif de déterminer si l’utilisation des MMÉSP est associée à une augmentation du risque de cancer parmi les personnes atteintes de SP.
- En s’appuyant sur des données administratives sur la santé, l’équipe de recherche s’est penchée sur 14 313 cas de SP consignés en Alberta sur une période s’échelonnant de 2008 à 2018.
- Dans le cadre de leur étude, les scientifiques ont noté que plus de 40 p. 100 des personnes concernées avaient pris au moins un MMÉSP. Les catégories de MMÉSP prises en compte à propos de ces personnes étaient les suivantes :
- MMÉSP agissant par modulation (39,6 p.100 des gens traités par un MMÉSP) – p. ex. diméthylfumarate, acétate de glatiramère, interféron bêta, minocycline et tériflunomide.
- MMÉSP agissant par séquestration (6,9 p. 100 des gens traités par un MMÉSP) – p. ex. fingolimod et natalizumab.
- MMÉSP agissant par déplétion (1 p. 100 des gens traités par un MMÉSP) – p. ex. alemtuzumab, cladribine, cyclophosphamide, mitoxantrone, ocrélizumab et rituximab.
Résultats
Au terme de l’étude, l’équipe de recherche a obtenu les résultats suivants :
- Comparativement à la population générale, le risque de cancer était similaire parmi les personnes atteintes de SP.
- Toujours par rapport à la population générale, les scientifiques n’ont pas relevé de différence quant au risque de cancer chez les personnes ayant été traitées par un MMÉSP.
- Les principaux types de cancers recensés parmi les gens ayant la SP étaient le cancer du sein, le cancer du poumon, le cancer de la prostate, le cancer du côlon et le cancer de l’endomètre.
- En comparant les données relatives aux personnes atteintes de SP ayant été traitées par au moins un MMÉSP et les données concernant les personnes atteintes de SP n’ayant pris aucun MMÉSP, les scientifiques ont relevé une différence liée à l’âge quant au risque de cancer.
- L’équipe de recherche a constaté un effet protecteur chez les personnes jeunes et une augmentation du risque de cancer chez les personnes âgées de 62 ans ou plus en cas d’exposition à un MMÉSP, quel qu’il soit.
- La durée du traitement et les doses administrées n’ont pas été prises en compte par les scientifiques lorsque ceux-ci se sont penchés sur l’utilisation d’au moins un MMÉSP et sur l’association entre les MMÉSP et le risque de cancer.
- Il convient de souligner que ces résultats doivent être interprétés avec prudence compte tenu de la petite taille de l’échantillon et de la courte période de suivi.
Retombées
Il importe que d’autres travaux de recherche soient menés pour qu’on puisse établir si l’association entre l’avancement en âge et l’utilisation d’un MMÉSP constitue en fait une cause directe de l’augmentation du risque de cancer. De plus, d’autres études portant sur des cohortes plus importantes et impliquant un suivi plus long seront nécessaires pour qu’on puisse déterminer quelles catégories de MMÉSP (p. ex. les MMÉSP agissant par séquestration ou par déplétion) influent sur le risque de cancer.
De telles études réalisées en contexte réel sont indispensables à la détermination des risques à long terme des MMÉSP pour la santé. La compréhension de ces risques contribuera à l’amélioration des soins cliniques et aidera les personnes atteintes de SP à prendre des décisions éclairées à propos de leur santé.
Référence
GREENFIELD, Jamie, Luanne M. METZ, Amir KHAKBAN, Elisabet RODRIGUEZ LLORIAN, Kristina D. MICHAUX, Anthony TRABOULSEE, Jiwon OH, Penelope SMYTH, Larry D. LYND, Andrew G. M. BULLOCH, Jeanne V. A. WILLIAMS, Scott B. PATTEN et le CanProCo Study Group. « Cancer risk, disease-modifying therapy, and age in multiple sclerosis: A retrospective population-based cohort study », Multiple Sclerosis and Related Disorders, 2023. Pour consulter cet article, veuillez cliquer ici