Une équipe de recherche de la Saskatchewan identifie un nouveau facteur qui favorise la neurodégénérescence en cas de SP

Résumé : Une équipe de recherche de l’Université de la Saskatchewan menée par le Dr Michael Levin a établi un lien entre un facteur appelé ribonucléoprotéine nucléaire hétérogène A1 (RNPnh A1), qui se lie à l’ARN, et la neurodégénérescence, soit la lente détérioration des fibres nerveuses qui caractérise la sclérose en plaques (SP). Les travaux qui visent à élucider les mécanismes sous-jacents à la neurodégénérescence contribueront à l’avènement de la prochaine génération de traitements contre la SP. 

Contexte : L’ADN est le support du code génétique, soit l’ensemble des instructions relatives à la fabrication des protéines dans le corps humain. Il se trouve dans le noyau de la cellule. L’ARN est le principal messager qui transporte les instructions portées par l’ADN du noyau jusqu’au cytoplasme (partie liquide de la cellule), où sont synthétisées les protéines. L’ARN est régulé par de nombreux facteurs, notamment des protéines spécialisées appelées protéines de liaison à l’ARN. Un lien a été établi entre la neurodégénérescence et des anomalies des protéines de liaison à l’ARN dans le cas de plusieurs maladies neurologiques telles que la sclérose latérale amyotrophique (SLA), la démence et la maladie de Huntington, mais pas dans celui de la SP.

Détails : L’équipe de recherche avait déjà démontré que la protéine de liaison à l’ARN RNPnh A1 était dysfonctionnelle en cas de SP. Lors d’une nouvelle étude, cette équipe souhaitait vérifier, chez des modèles animaux et chez l’être humain, si la protéine RNPnh A1 joue un rôle dans la neurodégénérescence associée à la SP, comme c’est le cas pour d’autres maladies neurologiques. 

Résultats

  • La majorité des protéines RNPnh A1 ont été retrouvées dans le cytoplasme (partie liquide) des cellules du cerveau des personnes atteintes de SP progressive, et non dans le noyau, comme c’est le cas chez les personnes exemptes de cette maladie. Ce dérèglement a entraîné des modifications de certains types d’ARN essentiels à la préservation et à la survie des cellules nerveuses. 
  • Il a été établi que la protéine RNPnh A1 se liait moins à l’ARN chez les modèles animaux d’une forme grave de SP que chez les modèles animaux d’une forme légère de SP. Cette anomalie a inhibé la régulation cellulaire de processus essentiels qui font intervenir l’ARN et qui sont susceptibles d’influer sur la neurodégénérescence. 
  • Dans le cerveau de personnes atteintes de SP, le dysfonctionnement de la protéine RNPnh A1 perturbe des processus importants au sein des cellules nerveuses, ce qui favorise la neurodégénérescence. 
  • Ces résultats indiquent que le dysfonctionnement de la protéine RNPnh A1 influe sur certains types d’ARN et que ces anomalies, qui peuvent s’accumuler pendant des mois, voire des années, finissent par nuire à la santé des cellules nerveuses, et donc par entraîner une neurodégénérescence.

Retombées : Il s’agit de la première étude qui démontre qu’une protéine de liaison à l’ARN contribue à la neurodégénérescence associée à la SP. En faisant la lumière sur les facteurs et les mécanismes qui sous-tendent la neurodégénérescence, il sera possible de mettre au point de nouveaux traitements capables d’enrayer la progression de la SP et l’apparition d’incapacités permanentes. 

Référence

Hannah E. Salapa, Patricia A. Thibault, Cole D. Libner, Yulian Ding, Joseph-Patrick W. E. Clarke, Connor Denomy, Catherine Hutchinson, Hashim M. Abidullah, S. Austin Hammond, Landon Pastushok, Frederick S. Vizeacoumar et Michael C. Levin. « hnRNP A1 dysfunction alters RNA splicing and drives neurodegeneration in multiple sclerosis (MS) », Nature Communications, 2024. Pour consulter cet article, veuillez cliquer ici

Information supplémentaire

  • Pour entendre le Dr Michael Levin parler de l’étude dont il est ici question, veuillez cliquer ici
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