Résultats d’une étude clinique prospective, à répartition aléatoire et à double insu, avec placebo (intervention factice), menée sur l’angioplastie veineuse chez des sujets atteints de SP et présentant des signes d’IVCC

Contexte

Bon nombre de travaux de recherche ont été menés en vue de mieux faire comprendre le lien qui pourrait exister entre l’insuffisance veineuse céphalorachidienne chronique (IVCC) et la SP. La recherche se poursuit dans ce domaine afin que les personnes touchées par la SP puissent obtenir des réponses aux questions qu’elles se posent au sujet de l’IVCC.

Le Dr Adnan Siddiqui et ses collaborateurs ont mené, à Buffalo, la première étude clinique prospective, à répartition aléatoire et à double insu, avec placebo (intervention factice), visant à tester chez des personnes atteintes de SP une intervention que certains qualifient de « traitement libérateur ». Cette intervention consiste en une angioplastie veineuse au cours de laquelle un ballonnet est inséré dans certaines veines en vue d’améliorer la circulation sanguine. Les résultats de cette étude, baptisée PREMiSE (Prospective Randomized Endovascular Therapy in MS) ont été publiés récemment dans la revue Neurology.

Description de l’étude

Les chercheurs ont mené une étude divisée en deux phases pour évaluer l’innocuité et l’efficacité de l’angioplastie veineuse pratiquée chez des personnes atteintes de SP présentant des anomalies du drainage veineux caractéristiques de l’IVCC. Les participants à l’étude ont été recrutés entre juin 2010 et mars 2012. Pour être admissibles à l’étude, ils devaient répondre à au moins deux critères diagnostiques de l’IVCC. Comme il s’agissait d’une étude pilote, le nombre de participants était limité.

Lors de la première phase de l’étude, à laquelle dix personnes atteintes de SP ont participé, les chercheurs avaient pour objectif d’évaluer l’innocuité de l’angioplastie veineuse et d’améliorer les protocoles d’intervention. La deuxième phase a été menée auprès de dix-neuf participants atteints de SP, dont neuf ont subi une angioplastie veineuse et dix ont reçu un traitement factice aux fins de comparaison. Des examens par résonance magnétique (IRM) ont ensuite été pratiqués un, deux et trois mois après l’intervention, et les chercheurs ont procédé à leur quête d’indices pouvant montrer des changements significatifs relativement au drainage veineux, aux lésions actives révélées par l’IRM et aux taux de poussées. Les autres critères d’évaluation comprenaient les changements touchant l’incapacité, le volume du cerveau, la cognition et la qualité de vie.

Résultats

Les résultats de la première phase de l’étude ont démontré que l’angioplastie veineuse était bien tolérée et qu’elle pouvait être pratiquée en toute sécurité chez des sujets humains. Au cours de la deuxième phase, l’un des neuf patients ayant subi l’angioplastie a présenté une réduction du rythme cardiaque, ce qui a nécessité l’implantation d’un stimulateur cardiaque. Bien qu’il se soit avéré que ce trouble cardiaque était préexistant, les chercheurs n’ont pas exclu que cette complication ait pu avoir un lien avec l’angioplastie veineuse pratiquée
chez le sujet.

Les données sur l’efficacité recueillies au cours de la deuxième phase de l’étude ont révélé que parmi le groupe de sujets traités par angioplastie, quatre poussées de SP sont survenues chez trois patients, alors qu’une seule poussée a été relevée dans le groupe de sujets ayant reçu le traitement factice. Les chercheurs ont aussi constaté que sur les neuf participants ayant subi l’angioplastie, cinq montraient des signes d’activité de la maladie à l’IMRI.

Par ailleurs, les auteurs de l’étude n’ont pas observé de différences significatives entre les deux groupes de personnes ayant participé à la deuxième phase de l’étude pour ce qui est de l’incapacité, du volume du cerveau, de la cognition et de la qualité de vie.

Commentaires

Les chercheurs en sont venus à la conclusion que l’angioplastie veineuse ne constitue pas un traitement efficace contre la SP sur une courte période et qu’elle pourrait, en fait, contribuer à accroître l’activité de la maladie. C’est en effet parmi le groupe de participants ayant subi cette intervention qu’une augmentation de l’activité de la SP a été révélée par les résultats d’IRM et la survenue de poussées.

Les chercheurs ont toutefois souligné la portée limitée de leurs constatations, compte tenu du petit nombre de personnes ayant participé à leur étude. Cependant, leurs observations s’ajoutent au nombre croissant de données suggérant que l’angioplastie veineuse n’apporterait aucun bienfait aux personnes atteintes de SP et que l’IVCC ne serait pas un facteur étiologique de cette maladie.

La Société de la SP reconnaît l’importance du soutien à la recherche consacrée aux éventuels traitements de la SP, quels qu’ils soient. Selon elle, il importe aussi que les personnes atteintes de cette maladie puissent obtenir des réponses définitives quant à l’IVCC. La Société de la SP continue de subventionner un essai clinique canadien sur l’IVCC mené par le Dr Anthony Traboulsee, de la Clinique de SP de l’Université de la Colombie-Britannique. Cet essai en est à l’étape du recrutement de participants, et la Société de la SP a pris l’engagement de diffuser de l’information à jour à ce sujet.

Source

SIDDIQUI, A. H. et coll. « Prospective randomized trial of venous angioplasty in MS (PREMiSe) », Neurology, 2014 July 29; 83(5): 441-449.