Les cellules souches sont des cellules capables de se différencier en des cellules spécialisées destinées à remplir des fonctions spécifiques. Elles ont aussi la capacité de produire des répliques d’elles-mêmes. Il existe deux grands types de cellules souches : les cellules souches embryonnaires et les cellules souches adultes.
- Les cellules souches embryonnaires sont celles qu’on trouve dans les tissus d’embryons en développement et qui peuvent donner naissance à la plupart des lignées de cellules constituant un organisme. Les capacités extraordinaires de différenciation des cellules souches embryonnaires s’avèrent fort utiles en ce qui a trait à la cicatrisation et à la régénération des tissus, mais le débat dont fait l’objet leur utilisation se poursuit.
- Les cellules souches adultes, quant à elles, se trouvent dans des tissus et des organes adultes, tels la moelle osseuse, la peau, le sang et le cerveau. Leurs capacités de différenciation étant plus limitées que celles des cellules souches embryonnaires, elles ne peuvent se multiplier en autant de types de cellules que ces dernières.
Les propriétés uniques des cellules souches font de l’utilisation de celles-ci une voie prometteuse en matière de traitements visant à ralentir ou à stopper l’activité de la SP et à régénérer les tissus du système nerveux central endommagés par celle-ci. Toutefois, en plus de soulever des préoccupations d’ordre éthique, l’utilisation des cellules souches suscite des inquiétudes légitimes en matière de santé. Les traitements par cellules souches peuvent en effet s’avérer risqués, dans la mesure où les cellules ainsi injectées peuvent se comporter de façon invasive et donner naissance à des tumeurs.
Types de cellules souches
Cellules souches hématopoïétiques (CSH)
Les cellules souches hématopoïétiques (CSH) se trouvent dans la moelle osseuse, le sang et le cordon ombilical. Elles sont capables de se différencier pour devenir n’importe quel type de cellules sanguines et immunitaires. Ce type de cellules est utilisé depuis de nombreuses années dans le traitement de la leucémie et d’un certain nombre de lymphomes et de maladies du sang. La greffe de CSH constitue une procédure médicale majeure et comporte des risques considérables. Elle consiste tout d’abord à prélever des cellules souches de la moelle osseuse de la personne concernée (cellules souches autologues ou CSHA), puis à supprimer le système immunitaire de celle-ci par chimiothérapie, après quoi les cellules souches prélevées sont réintroduites dans l’organisme, où elles se transformeront en de nouvelles cellules immunitaires saines. Les cellules souches peuvent être injectées dans l’organisme suivant différentes méthodes. Elles sont généralement injectées dans une veine (injection par voie intraveineuse/IV) ou peuvent l'être dans l’espace entourant la moelle épinière (injection par voie intrathécale). Plus rarement, ces cellules sont injectées directement dans le cerveau (injection par voie intraparenchymateuse).
La greffe de CSHA a été testée à titre expérimental chez des personnes atteintes d’une forme de SP hautement inflammatoire, réfractaires aux autres traitements et ayant reçu un pronostic sombre. L’objectif principal de ce type d’intervention est de reconstituer le système immunitaire, lequel est censé être à l’origine de la détérioration des cellules nerveuses en cas de SP. La greffe de CSHA a donc pour but de procurer au patient un système immunitaire entièrement renouvelé et sain qui ne prendra pas la myéline pour cible. En 2000, la Société canadienne de la SP et la Fondation pour la recherche scientifique sur la SP ont financé un essai clinique sur la greffe de CSHA mené par les Drs Mark Freedman et Harry Atkins, de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa/Université d’Ottawa. Pour en savoir plus à ce sujet, consultez notre page consacrée à l’essai canadien sur la greffe de moelle osseuse.
Le traitement par CSHA offert au Canada fait appel à une chimiothérapie à très fortes doses, également appelée « conditionnement ». Au Canada, il existe actuellement plusieurs centres de recherche qui acceptent de prendre en charge des patients admissibles à ce type de traitement. Si vous envisagez de recourir à cette option thérapeutique, parlez-en avec votre neurologue, qui pourrait faire parvenir une requête à l’un des centres suivants si une telle intervention lui semble potentiellement appropriée dans votre cas : l’Hôpital d’Ottawa Hospital, le Foothills Medical Centre à Calgary, le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec-Université Laval (CHU). Si vous avez des questions sur la greffe de CSHA, veuillez communiquer avec votre équipe soignante pour en discuter.
Ce type de traitement a fait l’objet d’autres essais, actuellement en cours ou achevés, dans divers pays. Ces travaux de recherche prévoient des protocoles, des critères d’admissibilité et des formules chimiothérapeutiques variés, et chaque protocole de traitement peut entraîner des risques distincts et mener à l’obtention de résultats différents. Ces investigations permettront d’accroître considérablement notre compréhension des risques et des bienfaits de cette option thérapeutique pour les personnes atteintes de SP. Elles ouvriront également la voie à d’autres travaux de recherche sur les traitements par cellules souches contre n’importe quelle forme de SP.
L’essai canadien sur la greffe de moelle osseuse (GMO) donne un aperçu tout à fait unique des effets à long terme d’une telle démarche, laquelle réduit la nécessité de recourir à un traitement continu par un médicament modificateur de l’évolution de la SP (MMÉSP) et permet, chez certaines personnes, de stopper la progression de l’invalidité ou de rétablir des capacités fonctionnelles. Bien qu’il soit impossible de prédire les effets de cette approche pour chaque personne, les études telles que l’essai canadien sur la GMO réalisées jusqu’à présent ont révélé qu’il est probable que la greffe de CSHA soit plus bénéfique aux personnes âgées de moins de 40 ans qui en sont à un stade précoce d’une SP caractérisée par une évolution très rapide, malgré le recours à un traitement, et qui ne présentent pas de maladies concomitantes préoccupantes, comparativement aux autres catégories de patients.
À l’heure actuelle, la recherche tend à indiquer que ce traitement ne serait pas efficace parmi les personnes qui présentent depuis longtemps un taux élevé d’incapacité liée à la SP ou chez qui on constate un faible degré d’inflammation dans le cerveau et la moelle épinière.
Cellules souches mésenchymateuses (CSM)
Les cellules souches mésenchymateuses (CSM) sont présentes dans de nombreuses parties de l’organisme, notamment la moelle osseuse, la peau et les graisses. Bien que les CSM se soient montrées capables de contrer l’inflammation et de réparer les tissus nerveux chez des modèles animaux, les résultats d’un essai clinique international de phase II – MEsenchymal StEm cells for Multiple Sclerosis (MESEMS) – ne permettent pas d’établir que le traitement par CSM qui était à l’étude peut réduire l’activité inflammatoire (révélée par la présence de poussées et/ou de signes évocateurs d’une reprise de l’activité de la SP à l’IRM) chez les gens qui présentent une forme cyclique ou progressive de SP en phase active.
L’étude MESCAMS (MEsenchymal StEm cell therapy for CAnadian MS patients) constitue le volet canadien de cet essai international, mené dans quinze établissements répartis dans dix pays. Par ailleurs, contrairement à ce qui avait été le cas lors de l’essai portant sur la greffe de CSHA, les participants et participantes à l’étude MESEMS n’ont pas eu à subir de chimiothérapie. Il est possible d’en savoir plus sur l’étude MESCAMS en se reportant à notre page intitulée « Les cellules souches mésenchymateuses pour le traitement de la SP ».
Bien que ces résultats ne plaident pas en faveur de l’administration de CSM autologues dans le traitement des formes cyclique, progressive primaire ou progressive secondaire de SP en phase active, d’autres études réalisées sur des modèles animaux de SP ont démontré que les CSM avaient des propriétés de neuroprotection et de réparation des tissus. Il est donc nécessaire d’obtenir davantage de données probantes pour établir l’efficacité des traitements faisant appel aux CSM ainsi que pour déterminer si ce type d’intervention a pour effet de régénérer les tissus endommagés, permettant ainsi de limiter l’aggravation de la maladie et de prévenir la progression de l’incapacité.
Cellules souches neuronales (CSN)
Les cellules souches neuronales (CSN) sont présentes dans le cerveau et ont la capacité de se différencier en divers types de cellules neuronales, tels des neurones, des oligodendrocytes et des astrocytes. Les CSN pourraient protéger ou réparer le cerveau et moduler l’action du système immunitaire. Des essais cliniques menés sur des primates non humains ont démontré que la greffe de CSN a des effets bénéfiques en ce qui a trait à la progression d’une maladie comparable à la SP.
Selon les résultats de deux essais de phase I (étude NSC-SPMS et étude STEMS), l’administration de CSN chez des personnes atteintes de SP progressive s’est avérée sûre et a été bien tolérée. Ces deux études axées sur l’innocuité sont porteuses d’espoir dans le contexte de la SP quant à la médecine régénératrice ou aux traitements par cellules souches. Reste maintenant à effectuer d’autres essais cliniques auprès de sujets humains (phases 2 et 3) en vue de l’évaluation de l’innocuité et de l’efficacité de ce type de traitement.
Comme l’illustrent les exemples fournis ci-dessus, l’utilisation des cellules souches dans le traitement de la SP donne lieu à une grande variété d’études qui nous permettront d’approfondir nos connaissances dans ce domaine. Les résultats de recherche déjà publiés à ce sujet sont fort prometteurs et s’ajoutent au volume de données probantes dont nous disposons déjà, ce qui nous permettra de déterminer le type de cellules souches approprié, les méthodes de transplantation optimales ainsi que les formes de SP contre lesquelles les divers traitements par cellules souches s’avéreront bénéfiques.