Un médicament contre l’acné pourrait retarder la progression de la sclérose en plaques

Des chercheurs canadiens étudient l’emploi d’un médicament d’usage courant dans le traitement de la sclérose en plaques

Calgary, le 25 octobre 2007 – La minocycline, médicament contre l’acné offert sur le marché depuis plus de 30 ans, est susceptible de retarder la progression de la sclérose en plaques (SP). Selon la Société canadienne de la sclérose en plaques, si l’efficacité du médicament est démontrée en ce sens, ce dernier s’avérerait une option peu coûteuse dans le traitement de la SP précoce.

À la suite des résultats prometteurs obtenus au cours d’études initiales sur la minocycline, des spécialistes en recherche clinique de Calgary et de treize autres centres canadiens s’apprêtent à pousser la recherche plus avant sur ce médicament oral. En effet, la Fondation pour la recherche scientifique sur la SP, organisme affilié à la Société de la SP, a accordé un financement de quatre millions de dollars pour un essai clinique multicentrique faisant appel à 200 participants de partout au Canada.

« Les avantages de la minocycline sont évidents : ce médicament est relativement bon marché, il entraîne peu d’effets indésirables et peut être pris par voie orale sous forme de comprimé », de dire la Dre Luanne Metz, chercheuse principale de l’étude clinique et professeure de neuroscience à la Faculté de médecine de l’Université de Calgary. « L’objectif de notre recherche est de vérifier si ce médicament peut réduire l’activité future de la maladie chez les personnes qui ont ressenti des symptômes s’apparentant à une première poussée de SP et qui présentent un risque élevé de voir leur état progresser vers la sclérose en plaques. Sans traitement, on peut s’attendre à ce que les deux tiers de ces personnes reçoivent un diagnostic de SP définie dans les six mois suivants. Nous croyons que la minocycline pourrait réduire ce nombre. »

Dans la SP, la myéline, c’est-à-dire la gaine qui protège les fibres nerveuses du cerveau et de la moelle épinière, devient enflammée. L’inflammation se caractérise par des lésions détectables grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Des études antérieures ont démontré une réduction de 84 pour cent du nombre de ces lésions sur les clichés d’IRM lorsque la minocycline avait été utilisée dans le traitement de la SP.

« Ralentir la progression de la maladie a des bienfaits évidents, allant de l’amélioration de la qualité de vie à la réduction des dépenses liées aux soins de la santé », indique le Dr William McIlroy, conseiller médical pour la Société canadienne de la SP. La portée de l’étude, la renommée des chercheurs y participant et les premières données cliniques portent à croire que la minocycline est source d’espoir. D’ailleurs, nous ne nous engagerions pas dans cette recherche si ce n’était pas le cas. »

La minocycline agit en inhibant l’activité d’une enzyme et des cellules immunitaires à l’origine des poussées de SP. Ses effets antibactériens font en sorte qu’elle est utilisée dans le traitement de l’acné. Cependant, des études ont démontré qu’elle possédait aussi des propriétés anti-inflammatoires qui pourraient s’avérer très utiles pour ralentir la progression de la SP. Ces données ont été obtenues grâce à une recherche novatrice, financée par la Société canadienne de la SP et menée par le Dr V. Wee Yong à l’Université de Calgary. Les Drs Metz et Yong dirigent le programme sur la SP au Hotchkiss Brain Institute, à l’Université de Calgary, où ont été menées bon nombre des premières études sur la minocycline.

L’utilisation de la minocycline au lieu d’autres traitements actuels permettrait de réaliser d’importantes économies. En effet, sous sa forme générique, la minocycline coûte aussi peu que 800 $ par année, alors que les traitements actuels pour la SP coûtent entre 18 000 $ et 40 000 $ annuellement. Les chercheurs soulignent cependant que la minocycline ne remplacerait pas nécessairement les autres traitements, mais qu’elle pourrait retarder le moment où l’on devra y avoir recours.

L’essai clinique aléatoire et à double insu permettra aux chercheurs de comparer les effets de 100 mg de minocycline administrés oralement, deux fois par jour, à ceux d’un placebo sur une période de deux ans.

La sélection des sujets commencera dès le début de l’année 2008, et quatorze cliniques de SP, situées à Calgary, Vancouver, Burnaby, Edmonton, Red Deer, Saskatoon, London, Toronto, Kingston, Ottawa, Montréal, Québec, Sherbrooke et Halifax, feront partie de l’étude.