Nouvelle de dernière heure : approbation par Santé Canada de l’Ocrevus comme premier médicament pour le traitement de la SP progressive primaire

Nouvelle de dernière heure (15 février 2018) : L’année 1995 a marqué un tournant au Canada au chapitre du traitement de la sclérose en plaques avec l’approbation du tout premier médicament modificateur de l’évolution de la SP (MMÉSP) pour le traitement de la SP cyclique. Nous pouvons maintenant affirmer que 2018 passera également à l’histoire grâce à l’homologation dans notre pays du premier MMÉSP pour le traitement de la SP progressive primaire (SPPP). Roche Canada a en effet annoncé que l’Ocrevusmc (ocrélizumab) venait d’être approuvé, selon certains critères, pour le traitement de la SPPP chez les personnes aux premiers stades de cette forme de SP, lesquels seront définis par la durée de la maladie et le degré d’incapacité (mesuré au moyen de l’échelle élaborée d’incapacités de Kurtzke ou échelle EDSS). Dans le contexte de la SP, l’ocrélizumab agit comme un immunomodulateur : il se lie aux lymphocytes B (type de globules blancs) potentiellement nocifs et provoque la destruction de ces cellules. Pour en savoir plus sur le mode d’action de l’ocrélizumab, vous pouvez cliquer ici et consulter la foire aux questions relative à ce produit.

L’approbation de l’ocrélizumab a été fondée sur l’évaluation de l’efficacité et de l’innocuité de ce produit, qui avait été réalisée lors d’un essai clinique de phase III, dont les résultats ont été publiés par le professeur Xavier Montalban et ses collaborateurs. L’étude en question (baptisée « ORATORIO ») était un essai multicentrique, comparatif avec placebo, à double insu et à répartition aléatoire, qui a été mené en vue d’évaluer l’efficacité de l’ocrélizumab dans le ralentissement de la progression des incapacités cliniques associées à la SP progressive primaire chez 732 personnes atteintes de cette maladie et âgées de 18 à 55 ans, selon les critères d’admissibilité à l’étude.

Les participants ont été répartis au hasard, selon un ratio de 2:1, en deux groupes devant recevoir soit deux perfusions intraveineuses de 300 mg d’ocrélizumab (administrées à deux semaines d’intervalle), soit un placebo. Le traitement par l’ocrélizumab a permis de réduire la proportion de participants chez qui une progression de l’incapacité soutenue a pu être observée après 12 semaines selon les scores obtenus à l’EDSS (32,9 % des personnes traitées par l’ocrélizumab comparativement à 39,3 % des personnes ayant reçu le placebo). Les chercheurs ont également constaté que l’ocrélizumab avait permis une baisse de la proportion de participants présentant une progression de l’incapacité après 24 semaines (29,6 % des personnes traitées avec l’ocrélizumab, comparativement à 35,7 % des personnes ayant reçu le placebo). L’ocrélizumab a aussi permis d’obtenir de meilleurs résultats que le placebo quant à certains paramètres d’évaluation secondaires. Par exemple, après 120 semaines, les chercheurs ont enregistré une augmentation du temps requis pour parcourir une distance de 8 mètres à la marche (test de la marche chronométrée de 25 pieds) chez une proportion moindre de participants traités par l’ocrélizumab (38,9 %), comparativement aux témoins (55,1 %). A également été constatée une amélioration de certaines mesures d’IRM, notamment le nombre de nouvelles lésions et l’atrophie cérébrale, chez les participants traités par l’ocrélizumab.

Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés relativement au groupe traité par l’ocrélizumab lors de l’essai ORATORIO sont les suivants : réactions liées à la perfusion et infections (rhinopharyngite, infection urinaire, grippe et infection des voies respiratoires supérieures). Durant ce même essai, cinq décès ont été signalés, attribuables selon le cas à une embolie pulmonaire, à la pneumonie et au cancer du pancréas. Quatre des participants décédés faisaient partie du groupe traité. Dans le groupe témoin, un des participants serait décédé d’une cause non médicale. Lors d’une étude de prolongation ouverte menée auprès de plus de 2 200 personnes atteintes de SP cyclique ou de SPPP, le profil d’innocuité s’est avéré similaire à celui qui avait été établi précédemment.

Commentaires

L’homologation de l’ocrélizumab marque une étape clé dans le traitement de la SP et renforce l’hypothèse selon laquelle les lymphocytes B interviennent dans le contexte de la SP. Par ailleurs, bien que l’ocrélizumab constitue un traitement efficace pour certaines personnes atteintes de SPPP, davantage d’options thérapeutiques devront être mises au point pour le traitement de la SP progressive. Les chercheurs poursuivent leurs travaux afin d’approfondir leurs connaissances sur les mécanismes biologiques sous-jacents à la SP progressive.

Le financement de la recherche sur la SP progressive demeure une priorité pour la Société canadienne de la SP, qui continue de s’impliquer activement au sein de l’International Progressive MS Alliance (alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive) en tant que membre fondateur. La Société de la SP finance également de nombreux projets en lien avec la SP progressive.