Une étude menée récemment en Norvège a révélé que les expériences préjudiciables ou traumatisantes vécues durant l’enfance, comme la violence psychologique, physique ou sexuelle, seraient associées à un risque accru de sclérose en plaques (SP) chez les femmes.
Les expériences préjudiciables ou traumatisantes vécues durant l’enfance, comme les mauvais traitements et la négligence, peuvent générer des formes extrêmes de stress qui augmentent le risque de troubles psychiatriques ou physiques, tels le cancer, les maladies cardiovasculaires et les affections auto-immunes, à l’âge adulte. Alors que des facteurs de risque associés à la SP – comme une carence en vitamine D ou une infection par le virus d’Epstein-Barr Virus – sont bien connus, on sait peu de choses sur les effets du stress quant au processus menant à l’apparition de cette maladie, et ceux-ci sont difficiles à étudier.
Afin de déterminer si les personnes ayant vécu des expériences préjudiciables ou traumatisantes durant l’enfance sont exposées à un risque accru de SP, une équipe de recherche menée par la Dre Karine Eid a analysé des données issues d’une étude de cohorte prospective intitulée « Norwegian Mother, Father and Child cohort study » (étude de cohorte norvégienne menée auprès de parents et d’enfants). Le recrutement de sujets pour cette étude s’est déroulé de 1999 à 2008, et les données relatives à ces personnes ont été compilées à partir de questionnaires auto-administrés axés sur la cueillette de renseignements démographiques et de données relatives à la situation socio-économique et aux antécédents auto-déclarés d’expériences préjudiciables ou traumatisantes, telle la violence. Parmi la cohorte à l’étude figuraient 77 997 femmes, dont 14 477 (soit 19 % de ces femmes) avaient été exposées à des expériences préjudiciables ou traumatisantes durant l’enfance. En procédant à une comparaison croisée, l’équipe de la Dre Eid s’est penchée sur l’information dont elle disposait au sujet de ces femmes ainsi que sur des données consignées dans deux registres norvégiens – soit le Norwegian Multiple Sclerosis Registry and Biobank (registre consacré à la sclérose en plaques) et le Norwegian Patient Registry (registre axé sur les patients). L’équipe de recherche a ainsi pu identifier 300 femmes qui ont reçu un diagnostic de SP, dont 71 (soit 24 % d’entre elles) ont rapporté avoir subi de la violence pendant l’enfance, alors que parmi les 77 697 femmes qui n’avaient pas la SP, 14 406 sujets (soit 19 % de ces femmes) ont rapporté avoir vécu ce genre d’expériences.
Dans l’ensemble, l’étude en question a démontré que les femmes qui avaient été exposées à de la violence sexuelle ou émotionnelle durant leur enfance présentaient un risque accru d’avoir un jour la SP. Les scientifiques ont également constaté une augmentation plus marquée de ce risque chez les femmes ayant été exposées à deux ou à trois des formes de violence (sexuelle, physique et émotionnelle) prises en considération dans le cadre de l’étude. Bien que rien n’ait pu être clairement établi, la violence subie durant l’enfance pourrait avoir des répercussions sur le plan biologique, tel un dérèglement du cerveau menant à une augmentation du stress oxydatif et de l’inflammation. La détresse psychologique pourrait avoir un impact sur la barrière hémato-encéphalique ou entraîner des modifications de l’ADN, augmentant ainsi le risque de maladies neurodégénératives telles que la SP. D’autres travaux de recherche devront être menés pour que soient élucidés les liens qui pourraient exister entre la violence subie et l’apparition de la SP.
Référence :
Article publié dans la revue Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry – « Association of adverse childhood experiences with the development of multiple sclerosis ». Pour consulter cet article, veuillez cliquer ici.