La COVID-19 chez les personnes atteintes du trouble du spectre de la neuromyélite optique (TSNMO) ou de la maladie associée aux anticorps anti-glycoprotéine myélinique oligodendrocytaire (maladie associée aux anticorps anti-MOG)

CONTEXTE

Un registre nord-américain baptisé COViMS a été mis sur pied dans la foulée de la pandémie de COVID-19 causée par le nouveau coronavirus afin de permettre à la collectivité scientifique de savoir comment s’en sortent les personnes atteintes de SP ou d’une maladie connexe telle que le trouble du spectre de la neuromyélite optique (TSNMO) ou la maladie associée aux anticorps anti-glycoprotéine myélinique oligodendrocytaire (maladie associée aux anticorps anti-MOG) qui ont eu la COVID19, et de déterminer si certaines caractéristiques propres aux patients ou à l’une de ces maladies entraînent des résultats moindres en matière de santé.

RÉSULTATS

À ce jour, plusieurs facteurs de risque liés à la SP ont été associés à des effets graves de la COVID-19 (cliquez ici pour en savoir plus à ce propos), mais on en sait encore très peu au sujet des répercussions de la COVID-19 sur les gens atteints de TSNMO ou de la maladie associée aux anticorps anti-MOG. En date du 7 juin 2021, on avait compilé dans le registre COViMS des données recueillies auprès de 77 personnes aux prises avec le TSNMO et de 20 personnes présentant la maladie associée aux anticorps anti-MOG qui avaient contracté la COVID-19. On a donc cherché à savoir s’il existait des relations entre certains facteurs de risque liés à ces deux maladies et les effets graves associés à la COVID-19.

L’analyse de ces données a démontré que parmi les personnes atteintes de TSNMO qui ont eu la COVID-19, 15,6 % ont dû être hospitalisées, 9,1 % ont requis des soins intensifs ou une ventilation artificielle, et 10,4 % sont décédées. On a par ailleurs établi que 81,6 % de ces personnes étaient des femmes, que l’âge moyen des sujets était de 48,1 ans, que la durée moyenne de la maladie pour ces gens était de 9,1 ans, et que la majorité d’entre eux (75,7 %) marchaient sans aide. L’analyse a par ailleurs révélé que bon nombre de ces personnes (62,2 %) prenaient un médicament modificateur de l’évolution de la maladie, à savoir le rituximab, et que 9,5 % ne prenaient aucun agent modificateur de la maladie. Un taux élevé de mortalité et des résultats défavorables en lien avec la COVID-19 ont été constatés chez les personnes qui présentaient une ou plusieurs autres affections (on parle alors de comorbidité ou de maladies concomitantes). Parmi les maladies concomitantes les plus courantes figuraient l’hypertension (20,8 %), le diabète (15,6 %), et l’obésité morbide (14,3 %). La comorbidité a été déterminée comme un des facteurs de risque principaux d’effets graves liés à la COVID-19 chez les personnes atteintes de TSNMO.

Les données recueillies dans le registre sur les personnes aux prises avec la maladie associée aux anticorps anti-MOG ont quant à elles montré que 10 % de ces gens ont été hospitalisés et que 15 % ont eu besoin de soins intensifs ou d’une ventilation artificielle. Aucun décès n’a été relevé dans cet échantillon. Parmi les personnes atteintes de la maladie associée aux anticorps anti-MOG, la plupart étaient des femmes (70 %), l’âge moyen était de 40,6 ans, on comptait 50 % de sujets blancs non hispaniques, et la plupart marchaient sans aide (84,2 %). On a également établi que la durée moyenne de la maladie se situait à 5,4 ans et que près de la moitié des personnes prenaient un médicament modificateur de la maladie, soit le rituximab. Aucun décès n’a été rapporté, et aucun facteur de risque n’a pu être associé aux cas d’hospitalisation ou de non-hospitalisation. Il importe toutefois de mentionner que le faible échantillon de cette cohorte a limité le nombre d’observations possibles en lien avec la COVID-19.

RETOMBÉES

L’analyse des données obtenues grâce au registre COViMS démontre que les personnes atteintes de TSNMO qui contractent la COVID-19 présentent un taux de mortalité accru, et que la comorbidité s’avère pour ces personnes un facteur de risque significatif de résultats défavorables associés à la COVID-19. Par ailleurs, l’hypertension, le diabète et l’obésité morbide sont les maladies concomitantes le plus souvent diagnostiquées chez les gens aux prises avec le TSNMO; ces maladies ont également été associées à une augmentation du risque de résultats moindres liés à la COVID-19 dans la population en général. Aucune différence quant aux données démographiques ou aux médicaments modificateurs de l’évolution de la maladie ne pose un risque significatif chez les personnes atteintes de TSNMO ou de la maladie associée aux anticorps anti-MOG; la collecte de données auprès d’échantillons plus vastes pourrait toutefois faciliter la détermination d’autres facteurs de risque. Finalement, ces personnes, et plus particulièrement celles qui présentent un risque élevé de résultats défavorables en lien avec la COVID-19, doivent envisager sérieusement de réduire au minimum les risques d’infection associés à cette maladie grâce à l’application des mesures préconisées par les autorités de santé publique et à la vaccination contre la COVID-19.

RÉFÉRENCE :

NEWSOME, S. D., A. H. CROSS, R. J. FOX et coll. « COVID-19 in Patients With Neuromyelitis Optica Spectrum Disorders and Myelin Oligodendrocyte Glycoprotein Antibody Disease in North America: From the COViMS Registry », Neurology – Neuroimmunology & Neuroinflammation, 2021 Aug 24;8(5):e1057.

Pour accéder à l’article intégral paru dans la revue Neurology – Neuroimmunology & Neuroinflammation, veuillez cliquer ici.

Le registre COViMS est financé conjointement par le Consortium of MS Centers (CMSC, consortium de centres spécialisés en SP), la National MS Society (organisme états-unien de la SP) et la Société canadienne de la SP.