Résumé : Une équipe de recherche a découvert un ensemble unique de marqueurs biologiques (biomarqueurs), à savoir des autoanticorps, au sein d’un sous-groupe de personnes chez qui on a diagnostiqué la sclérose en plaques (SP). Dans ce sous-groupe, les scientifiques ont déterminé que ces biomarqueurs auraient pu être détectés dans le sang des années avant l’apparition des symptômes de la SP et qu’ils pouvaient l’être même après le déclenchement de la SP. Les travaux de recherche dont il est ici question étayent l’hypothèse selon laquelle des processus biologiques sous-jacents à la SP débutent bien avant l’apparition de signes cliniques de cette maladie. Ils mettent également en évidence de nouveaux outils potentiels de dépistage précoce de cette maladie.
Contexte : Les anticorps sont produits par le système immunitaire en vue de protéger l’organisme contre les bactéries et les virus. Or, dans le contexte de la SP, certains anticorps (soit des autoanticorps) s’attaquent par erreur aux cellules et aux tissus de l’hôte. L’identification d’autoanticorps ou d’autres biomarqueurs propres à certaines maladies, comme la SP, pourrait s’avérer utile pour le dépistage, le diagnostic et le traitement précoce de ces maladies.
Détails : Lors d’une étude, on a procédé à l’analyse d’échantillons sanguins provenant de la banque de sérums du Département de la défense des États-Unis, lesquels avaient été prélevés auprès de personnes atteintes de SP et de témoins en santé. Ces échantillons avaient été recueillis lors de l’entrée en service de ces personnes dans les forces armées, puis un an après la survenue de symptômes dans le cas des personnes ayant reçu un diagnostic de SP.
Résultats : L’équipe de recherche a constaté que 10 p. 100 des personnes chez qui on a diagnostiqué la SP présentaient un ensemble unique d’autoanticorps qui auraient pu être détectés dans le sang des années avant l’apparition de symptômes de SP. Les scientifiques ont aussi découvert que ces personnes présentaient des taux élevés d’un autre biomarqueur, soit la chaîne légère des neurofilaments (ou protéine NfL, de l’anglais neurofilament light chain), lequel est associé à la détérioration des fibres nerveuses et aurait également pu être détecté des années avant la survenue de symptômes de SP, ce qui porte à croire que les lésions aux fibres nerveuses s’amorcent à un stade très précoce de la SP. Les résultats de cette étude ont été confirmés auprès d’une autre cohorte de personnes atteintes de SP, au sein de laquelle ces autoanticorps ont permis de prédire un diagnostic de SP avec précision. Pour l’heure, la cause sous-jacente à la production de ces autoanticorps par le système immunitaire demeure inconnue, mais on croit que cette dernière pourrait être associée à une exposition à des bactéries ou à des virus courants tels que le virus d’Epstein Barr (VEB).
Retombées : C’est la première fois qu’une étude permet d’identifier des autoanticorps spécifiques à la SP détectables dans le sang plusieurs années avant l’apparition des premiers signes cliniques de cette maladie. Les résultats de cette étude pourraient mener à l’élaboration de nouveaux outils grâce auxquels il serait possible d’identifier les personnes qui présentent un risque élevé de SP et d’intervenir rapidement pour entraver le cours de cette maladie. Davantage de travaux de recherche devront être réalisés pour qu’on puisse comprendre pourquoi cet ensemble unique d’autoanticorps a été détecté chez seulement 10 p. 100 des personnes atteintes de SP de l’échantillon du groupe à l’étude, de même que pour confirmer l’utilité de ces biomarqueurs avant qu’on y ait couramment recours dans la pratique.
Référence : Article publié dans la revue Nature Medicine le 19 avril 2024 – « An autoantibody signature predictive for multiple sclerosis ». Pour consulter cet article, veuillez cliquer ici.