Des chercheuses et chercheurs spécialistes de la sclérose en plaques (SP), du diabète de type 1, de la maladie de Parkinson, et d’autres experts, ainsi que des personnes touchées par la SP, se sont réunis dans le cadre d’un atelier en ligne pour comprendre la phase la plus précoce de la SP sur laquelle il est possible d’intervenir et définir les grands axes de recherche prioritaires qui favoriseront un dépistage précoce de la SP, l’objectif ultime étant de prévenir l’apparition des symptômes de cette maladie.
Conjointement avec la National MS Society (NMSS – organisme états-unien de la SP), la Société canadienne de la SP a tenu un atelier virtuel consacré aux prodromes de la SP. Celui-ci a été dirigé par deux chercheuses canadiennes, à savoir Helen Tremlett, Ph. D. (Université de la Colombie-Britannique), et la Dre Ruth Ann Marrie (Université du Manitoba). Les prodromes d’une maladie consistent en des signes et des symptômes précoces annonciateurs de cette maladie (pour en savoir plus à ce propos, cliquez ici ou consultez la foire aux questions ci-dessous). Plus précisément, l’objectif de cet atelier consistait en la définition des priorités absolues en matière de recherche qui nous permettront de mieux comprendre les prodromes de la SP, d’améliorer la collaboration à l’échelle internationale et d’accélérer les progrès dans le domaine. Ont participé à cet atelier des chercheuses et chercheurs et des médecins cliniciens et cliniciennes de divers pays qui possèdent une expertise dans le domaine de la SP, en neurologie, en épidémiologie, en génétique, en imagerie et en immunologie, et des personnes touchées par la SP, qui ont pu s’informer sur des maladies dont la phase prodromique est bien définie, ainsi que des scientifiques spécialistes du diabète de type 1 et de la maladie de Parkinson. Les conclusions de l’atelier sont résumées dans un article qui a été publié récemment dans Nature Reviews Neurology.
En résumé, les participantes et participants à cet atelier ont défini les objectifs de recherche prioritaires ci-dessous, qui permettront d’établir des critères de sélection des personnes qui se trouvent dans la phase prodromique de la SP et qui sont les plus susceptibles de recevoir un diagnostic de cette maladie :
- Établir des estimations de la prévalence de la SP à l’échelle mondiale qui tiennent compte de l’âge et du sexe biologique. Il s’agit en fait de recueillir des données sur les personnes atteintes de SP qui comprennent l’âge et le sexe biologique de ces dernières à partir des données disponibles sur la population mondiale. Cette information permettra de calculer la probabilité d’apparition de la SP à l’aide de marqueurs de la phase prodromique de cette maladie.
- Trouver de nouveaux marqueurs du stade prodromique de la SP. Non seulement il faut trouver d’autres marqueurs pour réussir à mieux repérer les personnes qui sont les plus susceptibles d’avoir la SP pendant la phase prodromique de cette maladie, mais en plus, il faut cerner et valider des marqueurs au sein de populations ayant des ascendances différentes. Ces marqueurs peuvent être cliniques, génétiques, radiographiques ou biologiques (c.-à-d. présents dans le sang ou le liquide céphalorachidien).
- Quantifier l’association entre les marqueurs prodromiques et la probabilité ou le risque d’avoir la SP. Il s’agit là de repérer des marqueurs informatifs quantifiables qui pourront être présentés sous la forme de rapports de risque de SP.
- Établir et valider des critères définissant le stade prodromique de la SP à des fins de recherche. Plus précisément, il s’agit d’utiliser les marqueurs qui auront été repérés et les rapports de risque quantifiables, afin d’établir des critères prodromiques qui serviront à évaluer la probabilité d’avoir des symptômes classiques de la SP pendant une période définie et de valider ces critères. Les chercheuses et chercheurs pourront alors se servir de ces critères pour repérer les personnes les plus susceptibles d’avoir la SP et faire participer ces dernières aux essais cliniques conçus pour évaluer des interventions devant permettre de prévenir l’évolution de la phase prodromique vers la SP proprement dite.
L’objectif ultime de ces travaux consiste en la définition et en la validation des critères standardisés permettant de repérer les personnes qui en sont au stade prodromique de la SP et qui sont les plus susceptibles de recevoir un jour un diagnostic de cette maladie, afin que puissent être cernées des possibilités d’intervention plus précoces pour prévenir l’évolution des prodromes de la SP vers les symptômes classiques de cette maladie.
Foire aux questions
Qu’entend-on par « prodromes »?
Les prodromes sont des signes et des symptômes précoces, mais souvent non spécifiques, annonciateurs d’une maladie et survenant avant l’apparition des signes et des symptômes classiques de celle-ci.
Existe-t-il une phase prodromique pour d’autres maladies?
L’existence d’un stade prodromique a déjà été établie dans le contexte de plusieurs autres maladies neurodégénératives ou à médiation immunitaire telles que la maladie de Parkinson, la schizophrénie, le diabète de type 1 et la polyarthrite rhumatoïde.
Existe-t-il une phase prodromique de la SP?
La SP est une maladie inflammatoire et neurodégénérative dont l’apparition est favorisée tant par des facteurs génétiques que par des facteurs environnementaux. De nouvelles données probantes viennent étayer l’hypothèse selon laquelle son apparition serait précédée par une phase prodromique.
Par exemple, des études de recherche ont mis en évidence une augmentation des hospitalisations, des visites médicales et de l’utilisation de médicaments d’ordonnance pendant une période d’au moins cinq ans avant l’apparition des premiers symptômes de SP ou du premier épisode démyélinisant. Les scientifiques ont établi que des symptômes courants, mais non spécifiques (maux de tête et autres troubles liés à la douleur, fatigue, symptômes urinaires et symptômes psychiatriques notamment), survenaient durant cette période qui précède l’apparition des symptômes de SP, la survenue du premier épisode démyélinisant ou l’établissement du diagnostic de SP. De plus, une élévation du taux sanguin d’un biomarqueur de la neurodégénérescence, à savoir la protéine NfL (pour neurofilament light chain; chaîne légère des neurofilaments) a été mise en évidence six ans avant que les premiers signes ou symptômes de SP ne soient rapportés.
Dans quelle mesure une meilleure compréhension de la phase prodromique de la SP peut-elle être utile pour les personnes qui vivent avec cette maladie?
Si nous parvenons à mieux repérer les personnes qui en sont à la phase prodromique de la SP, nous aurons la possibilité de retarder, voire de prévenir, l’apparition des symptômes classiques de cette maladie. Pour ce faire, nous devons non seulement caractériser et comprendre parfaitement les prodromes de la SP, afin d’établir un ensemble de critères validés permettant d’évaluer le risque de SP, mais également cerner les possibilités d’intervention dont nous disposerons alors pour retarder, voire prévenir, l’apparition de la SP proprement dite.
Afin d’en savoir plus sur l’étude en question:
Veuillez cliquer ici pour accéder à un résumé vulgarisé (en anglais seulement) expliquant en quoi consistent les travaux que Mme Tremlett, Ph. D., consacre aux prodromes de la SP (texte rédigé par Sharon Roman).
Cliquez ici pour écouter l’épisode 265 du balado « RealTalk MS » de Jon Strum – « Making MS Research Accessible to People Affected by MS (and Why That Matters!) » –, auquel a participé Sharon Roman et qui a été diffusé le 27 septembre 2022 (estampille temporelle : 18:43; en anglais seulement).
Veuillez cliquer ici pour accéder au 255e épisode du balado RealTalk MS de Jon Strum (en anglais seulement), diffusé le 19 juillet 2022. Le segment à écouter, intitulé « Un article d’une importance indéniable sur l’étude de la phase prodromique de la SP et la progression de la maladie », débute à 3 min 54 s.
Transcription audio
À propos des personnes que nous avons déjà accueillies dans le cadre de notre émission, j’aimerais revenir sur la discussion que nous avons eue, il y a un an, avec la professeure Helen Tremlett relativement à la phase prodromique de la SP. Mme Tremlett est professeure à l’Université de la Colombie-Britannique et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neuroépidémiologie et sclérose en plaques. Le terme « prodrome » vient du grec « prodromas », signifiant « qui court devant ». En médecine, les prodromes sont des signes et des symptômes annonciateurs d’une maladie qui surviennent avant l’apparition de signes et de symptômes qui, d’un point de vue diagnostique, sont propres à cette maladie. Les prodromes de la SP précéderaient donc la phase de démyélinisation. Quelques semaines avant ma conversation avec la professeure Tremlett, la Société canadienne de la SP s’est associée à la National MS Society (organisme états-unien de la SP) afin de présenter un atelier virtuel consacré aux prodromes de la sclérose en plaques, intitulé « Prodromal Multiple Sclerosis (Pro-MS): gaps, opportunities and priorities » (sclérose en plaques en phase prodromique : lacunes, occasions et priorités). Dirigé conjointement par la professeure Tremlett et la Dre Ruth Ann Marrie, que nous avons déjà reçue dans le cadre de notre émission, cet atelier a réuni des chercheurs et des chercheuses de renommée mondiale. J’ai eu la chance d’être invité à participer à cette activité, et si je vous parle de cela aujourd’hui, c’est que la tenue de l’atelier a mené à la publication récente d’un article intitulé « From the prodromal stage of multiple sclerosis to disease prevention » (de la phase prodromique de la sclérose en plaques à la prévention de la maladie). Les auteurs de cet article expliquent comment la compréhension de la phase prodromique de la SP pourrait se traduire par l’élaboration de stratégies proactives permettant de prévenir l’apparition des symptômes de la SP. Dans les notes relatives à l’émission d’aujourd’hui, nous vous proposons en primeur un lien menant à cet article.
Pour en savoir plus sur cette étude, veuillez cliquer ici.
Référence :
L’article « From the Prodromal Stage of Multiple Sclerosis to Disease Prevention » a été publié dans la revue Nature Reviews Neurology – LINK.