Signes évocateurs de problèmes de santé non liés à la SP au cours des 5 ans qui précèdent l’apparition du premier symptôme de cette maladie

Contexte : Les signes ou les symptômes non spécifiques observés avant l’apparition d’une maladie s’appellent prodromes. On n’a pas encore déterminé les caractéristiques d’un éventuel prodrome de la SP.

Le Canada affiche l’un des taux de sclérose en plaques (SP) les plus élevés du monde, et la cause de cette affection n’a pas encore été entièrement élucidée. Les divers travaux de recherche menés à ce jour sur les causes sous-jacentes de la SP ont toutefois permis d’établir que divers facteurs – y compris des facteurs génétiques et environnementaux – entraient en jeu dans l’apparition de cette maladie. L’hypothèse selon laquelle des facteurs environnementaux contribueraient à l’apparition de la SP permet de croire que cette maladie s’installe pendant un certain nombre d’années avant de se manifester. Les signes et les symptômes avant-coureurs non spécifiques qui s’observent au cours des années précédant la confirmation d’un diagnostic clinique donné s’appellent prodromes. La découverte des prodromes de maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson a non seulement permis de mieux comprendre les causes de ces maladies, mais elle a également donné un coup de fouet à la recherche sur celles-ci en favorisant la réalisation de nouvelles études. Pour l’instant, il n’y a que peu de projets de recherche qui suggèrent l’existence de prodromes de la SP.

Une équipe de chercheurs dont les travaux sont subventionnés par la Société canadienne de la SP, y compris Mme Helen Tremlett, de l’Université de la Colombie-Britannique, a entrepris une étude en vue de cerner les caractéristiques cliniques des prodromes de la SP. Les résultats de cette étude de recherche ont été publiés récemment dans la revue Multiple Sclerosis Journal.

Description de l’étude : Une analyse de données administratives sur la santé et de données cliniques a été effectuée en vue de caractériser les prodromes de la SP

Les chercheurs ont examiné les données cliniques et les données administratives sur la santé de quelque 17 000 personnes atteintes de SP et de quelque 83 000 personnes exemptes de cette maladie réparties dans quatre provinces canadiennes (Colombie-Britannique, Saskatchewan, Manitoba et Nouvelle-Écosse) en vue de déterminer si celles qui étaient atteintes de sclérose en plaques avaient eu certains problèmes de santé avant de recevoir un diagnostic de SP.

Résultats : Une augmentation de la fréquence de divers problèmes de santé survenus avant l’apparition du premier symptôme de SP a été mise en évidence

Les chercheurs ont établi qu’au cours des cinq ans ayant précédé l’apparition de symptômes liés à la SP, les personnes qui ont fini par recevoir un diagnostic de cette maladie étaient jusqu’à 4 fois plus susceptibles que celles qui n’ont jamais reçu un tel diagnostic de se rendre à l’hôpital ou de consulter un médecin à cause de problèmes neurologiques et 50 % plus susceptibles de consulter un psychiatre que ces dernières. Par ailleurs, le taux d’utilisation des ressources de santé dans le cas des affections touchant les organes des sens, l’appareil locomoteur, l’appareil uro-génital ou la peau était plus élevé chez les personnes qui ont reçu un diagnostic de SP par la suite que chez celles qui n’ont jamais reçu un tel diagnostic. Il est à noter également que la fréquence des migraines et celle des troubles de l’humeur ou des troubles anxieux, telles la dépression et l’anxiété, étaient plus élevées chez les personnes qui ont reçu un diagnostic de SP.

Commentaires

Rares sont les études qui visaient à prouver l’existence d’éventuels prodromes de la SP et à les caractériser. L’étude dont il est question ici a permis de regrouper les dossiers médicaux de sujets répartis dans quatre provinces canadiennes en vue de confirmer l’existence de prodromes de la SP et de préciser les caractéristiques de ceux-ci. Les résultats de cette étude serviront de base à d’autres travaux axés notamment sur les questions de recherche suivantes : pourrait-on se servir de la présence de certains biomarqueurs pour reconnaître cette phase asymptomatique de la maladie? Y a-t-il des traitements susceptibles de retarder l’établissement d’un diagnostic de SP qui peuvent être pris durant la période prodromique? Les prodromes de la SP sont-ils associés à certaines caractéristiques cliniques liées à l’âge ou au sexe?

La détermination des caractéristiques cliniques des prodromes de la SP permettrait de déceler l’activité de cette maladie encore plus tôt qu’à l’heure actuelle, voire de mettre au point des traitements destinés à prévenir l’apparition de cette dernière.

Source :

WIJNANDS, J. et coll. « Five years before multiple sclerosis onset: Phenotyping the prodrome », Mult Scler, 2018[publication électronique avant impression]