Résumé : Des chercheuses et chercheurs sont parvenus à cerner le premier facteur de risque génétique associé aux effets à long terme de la sclérose en plaques (SP) sur la santé et à la progression de cette maladie. Les scientifiques ont constaté que ce facteur génétique augmentait le risque pour les personnes atteintes de SP de voir s’aggraver presque quatre ans plus tôt leur degré d’incapacité – soit de mettre moins de temps à atteindre un score de 6 à l’échelle élaborée d’incapacités de Kurtzke (EDSS). L’approfondissement de notre compréhension des mécanismes qui sous-tendent la progression de l’incapacité dans le contexte de la SP pourrait permettre d’orienter la recherche axée sur la mise au point de nouveaux traitements.
Contexte : Des études antérieures ont permis de cerner plus de 200 facteurs génétiques associés à une prédisposition à la SP, soit à un risque accru d’avoir un jour la SP. Cependant, les gènes pouvant influer sur les effets que la maladie peut avoir à long terme sur la santé n’ont pas encore été identifiés.
Détails : Un vaste consortium international de scientifiques a entrepris de déterminer s’il existe des facteurs pouvant avoir une incidence sur le risque de progression de l’incapacité en cas de SP. Les chercheuses et chercheurs qui faisaient partie de ce consortium ont analysé des données issues de plus de 22 000 personnes vivant avec la SP en Amérique du Nord, en Europe et en Australie et ayant été suivies tout au long de leur parcours aux côtés de cette maladie. Le degré d’incapacité de ces personnes a été mesuré au moyen de l’échelle élaborée d’incapacités de Kurtzke (ou échelle EDSS).
Résultats : Dans le cadre de l’étude dont il est ici question, les scientifiques ont identifié un facteur génétique – ou variante génétique – associé aux effets à long terme de la SP sur la santé et à un risque accru d’aggravation de cette maladie. Cette variante génétique, qui porte le nom de code « rs10191329 », a été localisée entre les gènes DYSF et ZNF638. Il a été constaté que cette variante est associée aux résultats suivants :
- un temps médian plus court avant que le recours à une aide à la mobilité soit nécessaire (atteinte d’un score de 6 à l’échelle EDSS) – soit 3,7 années de moins;
- un risque accru de formation de lésions dans des régions clés du cerveau – les lésions dans ces régions étant associées à la neurodégénérescence et à la progression.
Les scientifiques se sont aussi penchés sur des facteurs de risque modifiables de SP liés au mode de vie pouvant influer sur la progression de la maladie. Ils ont constaté que les personnes atteintes de SP qui avaient un niveau d’instruction élevé présentaient un risque moindre de progression de l’incapacité. Ils ont aussi relevé une accélération de la progression de l’incapacité parmi les grands fumeurs. À propos des risques liés au tabagisme, il est à noter que ceux-ci peuvent diminuer lorsque les gens cessent de fumer. Par ailleurs, les scientifiques n’ont établi aucun lien entre la gravité de la SP, d’une part, et le taux de vitamine D ou l’indice de masse corporelle (IMC), d’autre part.
Retombées : Cette étude fournit les premières données probantes quant au rôle des facteurs génétiques dans la gravité de la sclérose en plaques. Il reste toutefois d’importants besoins à combler relativement à la mise au point de traitements qui entraveraient de façon efficace l’évolution de la SP. L’étude en question a aussi permis de cerner de nouvelles cibles potentielles qui pourraient être exploitées en vue de l’élaboration de nouveaux traitements. D’autres études devront être réalisées de sorte qu’on puisse définir d’autres facteurs de risque associés à la gravité de la SP, y compris des déterminants sociaux de la santé (p. ex. environnement dans lequel on vit, expositions au travail, pollution et schémas d’utilisation des ressources en soins de santé). Le facteur génétique récemment identifié devra faire l’objet d’autres travaux de recherche, dont les résultats seront à valider en vue d’une application au chapitre de la pratique clinique ou de tests génétiques.
Référence :
Article publié dans la revue Nature le 28 juin 2023 – « Locus for severity implicates CNS resilience in progression of multiple sclerosis ». Pour consulter cet article, veuillez cliquer ici.
Information supplémentaire :
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