Une analyse d’ADN ancien porte à croire que des gènes ancestraux augmentent le risque de SP

Résumé : Dans le but de vérifier s’il existe des liens génétiques ancestraux qui augmentent le risque de SP, une équipe de recherche internationale a procédé à l’analyse d’ADN ancien provenant d’ossements de personnes ayant vécu en Europe il y a des milliers d’années. Les scientifiques ont découvert que des changements génétiques liés à la SP sont survenus pour la première fois en Europe du Nord il y a environ 5 000 ans par suite de la migration d’éleveurs. Ces changements ont été associés à la fonction immunitaire et ont peut-être procuré une protection contre des infections ou des agents pathogènes, mais ont plus tard contribué à la réponse auto-immune caractéristique de la SP. Davantage de travaux de recherche devront être réalisés pour qu’on en vienne à comprendre les causes et les déclencheurs de la SP chez toutes les personnes aux prises avec cette maladie. 

Contexte : La SP se manifeste chez la plupart des groupes ethniques, y compris les communautés noire, asiatique et hispanique, mais le risque de susceptibilité à la SP, lui, peut varier d’un groupe à l’autre. Alors que les facteurs de risque environnementaux et liés au mode de vie tels que l’infection par le virus d’Epstein-Barr, le tabagisme et l’obésité sont soupçonnés de jouer un rôle majeur dans l’apparition de la SP, on attribue jusqu’à 30 p. 100 du risque total de SP aux facteurs génétiques. 

Détails : L’objectif de l’étude dont il est ici question consistait à déterminer les origines ancestrales des gènes qui augmentent le risque de SP. Des scientifiques ont analysé l’ADN de plus de 300 squelettes datant de 1 200 à 25 000 ans qui avaient été découverts en Europe. Les données ainsi obtenues ont été combinées à celles d’autres études ayant porté sur l’analyse de l’ADN ancien de plus de 1 600 squelettes trouvés dans diverses régions de l’Eurasie. L’équipe de recherche a par la suite comparé l’ensemble de ces données à celles d’échantillons d’ADN des temps modernes issues de la « UK Biobank » et du projet « 1000 Genomes ». 

Résultats : Les résultats de cette étude ont démontré que bon nombre des changements génétiques associés à un risque accru de SP sont apparus au sein d’une communauté d’éleveurs de la steppe pontique (région chevauchant l’Europe centrale et l’Europe orientale). Il y a environ 5 000 ans, cette population d’éleveurs a migré vers le nord-ouest de l’Europe, amenant probablement avec eux des gènes dont on croit aujourd’hui qu’ils augmentent le risque de SP. L’étude a également permis de démontrer que ces changements génétiques ont été associés à la fonction immunitaire et qu’ils ont peut-être conféré aux éleveurs un avantage sur le plan de la survie, permettant à ces derniers de lutter contre des infections ou contre des agents pathogènes transmis par les moutons ou les bovins. Au fil du temps, toutefois, ces changements génétiques ont commencé à contribuer à la réaction immunitaire excessive observée en cas de SP. 

Retombées : Les résultats de cette étude démontrent que l’exposition de l’humain à certains facteurs environnementaux a mené à une adaptation génétique ayant d’importantes conséquences sur la santé des populations actuelles puisqu’elle contribue à accroître le risque de maladies, telle la SP. La compréhension des causes et des déclencheurs de la SP nous permettra d’élaborer des stratégies axées sur la prévention de cette maladie. Même si cette étude a principalement porté sur des sujets d’ascendance européenne, il importe de rappeler que la SP apparaît chez des gens de divers groupes ethniques et qu’il faudra davantage de travaux de recherche pour en savoir plus sur cette maladie au sein d’autres populations. 

Référence : Article publié dans la revue Nature le 10 janvier 2024 – « Elevated genetic risk for multiple sclerosis emerged in steppe pastoralist populations ». Pour consulter cet article, veuillez cliquer ici.