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Résumé
Bien que la sclérose en plaques (SP) ait traditionnellement été considérée comme une maladie inflammatoire démyélinisante de la substance blanche du cerveau et de la moelle épinière, de plus en plus d’études démontrent que la substance grise joue un rôle majeur dans cette maladie. Les techniques d’imagerie par résonance magnétique (IRM) auxquelles on a actuellement recours dans la pratique clinique ne permettent toutefois pas de déterminer l’importance des lésions touchant la substance grise chez les personnes atteintes de SP. Dans l’article dont il est question ici, les auteurs indiquent que les techniques d’IRM de très haute résolution offrent la possibilité non seulement de détecter les lésions de la substance grise corticale, mais aussi de mesurer de façon très précise la teneur en myéline et la densité des neurones dans le cerveau de sujets humains atteints de SP examinés après la mort. Les résultats de cette recherche constituent une avancée dans l’étude du cerveau par les techniques d’IRM chez les personnes atteintes de SP. Brain. 2010 Jan 31. (Diffusé en ligne avant impression.)
Détails
La SP est une maladie inflammatoire dégénérative du système nerveux central. La démyélinisation multifocale de la substance blanche constitue la modification pathologique la plus évidente entraînée par cette maladie. Cependant, la démyélinisation de la substance grise pourrait être d’importance égale, voire supérieure à celle de la substance blanche, quant à ses manifestations cliniques. Pour pouvoir évaluer le rôle pathogénique des lésions de la substance grise et de la substance blanche et étudier le lien entre le tissu cérébral sain et le tissu cérébral démyélinisé, il importe d’avoir recours à des outils qui permettent de représenter avec précision les composants tissulaires in vivo.
La sensibilité de l’imagerie par résonance magnétique pondérée en T2 à 1,5 tesla (T) permet de détecter les lésions de la substance blanche, ce qui en fait un outil important pour le diagnostic de la SP. L’imagerie par résonance magnétique réalisée à 1,5 T ne permet toutefois pas de détecter les lésions de la substance grise. Dans la présente étude, les chercheurs ont eu recours à des images de résonance magnétique pondérées en T2 et réalisées à 9,4 T pour détecter les lésions de la substance grise dans des cortex moteurs prélevés après la mort et fixés. Ces cortex provenaient de personnes décédées ayant eu la SP. Les auteurs ont réalisé des cartes de rapports pour les pondérations en T1 et T2 et pour le transfert de magnétisation. Ils ont ensuite établi une corrélation entre ces indices et l’histologie quantitative [densité des neurones, intensité de l’immunomarquage pour la protéine basique de la myéline (reflétant la teneur en myéline) et des neurofilaments phosphorylés (reflétant la région axonale)] en utilisant les tests t et l’analyse de régression multivariée. Les données compilées révèlent que les images de résonance magnétique pondérées en T2 et réalisées à 9,4 T permettent de détecter les lésions de la substance grise dans le cerveau de sujets humains atteints de SP examinés après la mort. Les liens quantitatifs suggèrent quant à eux que les images pondérées en T1 pourraient être prédictives de la densité des neurones et que les images pondérées en T2 pourraient l’être de la teneur en myéline (et secondairement des axones). L’utilisation favorable de ces résultats dans les études in vivo au cours desquelles on aura recours à l’imagerie par résonance magnétique de haute résolution (ex. 3 T et 7 T) pourrait améliorer l’évaluation des pathologies corticales et avoir un impact sur l’établissement du diagnostic de SP et sur les études portant sur l’histoire naturelle de la maladie, de même que sur la conception des essais cliniques qui porteront sur des traitements visant à prévenir la démyélinisation corticale et la déperdition neuronale.
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