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Résumé
De nouveaux traitements contre les tout premiers stades de la
forme cyclique de la sclérose en plaques (SP) sont arrivés sur le
marché. Les auteurs de l’article ont évalué les effets d’un
anticorps monoclonal humanisé, l’alemtuzumab, chez des patients
qui en sont aux premiers stades de la SP cyclique dans le cadre
d’un essai clinique de phase 2 et ils ont découvert que cet
anticorps avait significativement réduit le risque de poussées et
l’accumulation des incapacités, comparativement à l’interféron
bêta-1a. Jones JL, Anderson JM, Phuah CL, Fox EJ, Selmaj
K, Margolin D, Lake SL, Palmer J, Thompson SJ, Wilkins A, Webber
DJ, Compston DA, Coles AJ. Brain.
21 juill. 2010. [Article mis en ligne avant la
publication]
Détails
Dans le cadre d’un essai de phase 2, le traitement des
premiers stades de la SP cyclique par l’alemtuzumab (CampathMC),
un anticorps monoclonal humanisé qui provoque la lyse des
lymphocytes, a significativement réduit le risque de poussées et
l’accumulation des incapacités, comparativement à l’interféron
bêta-1a (Coles, et al., [Alemtuzumab vs. interferon
beta-1a in early multiple sclerosis. N Engl J Med 2008;
359: 1786-801]).
Les patients traités par l’alemtuzumab ont vu leurs incapacités
s’atténuer après 6 mois de traitement, et cette amélioration
de leur état s’est maintenue pendant au moins 3 ans. En
revanche, les incapacités des patients traités par
l’interféron bêta-1a ont continué à s’accumuler. Les
analyses a posteriori portant sur les sous-groupes de
patients de l’essai CAMMS223 ont révélé que les incapacités des
patients qui n’avaient pas de lésions actives aux examens
cliniques réalisés immédiatement avant l’instauration du
traitement ou qui n’ont pas présenté de lésions actives aux
examens cliniques ou radiologiques effectués durant l’essai se
sont atténuées après la prise de l’alemtuzumab, mais pas après
celle de l’interféron bêta-1a.
De tels résultats indiquent que les effets positifs de
l’alemtuzumab sur les incapacités ne sont pas uniquement
imputables à ses propriétés anti-inflammatoires. Selon les
auteurs, la population de lymphocytes, qui se reconstitue après
le traitement par l’alemtuzumab, permet ou stimule la réparation
du cerveau. Ils avancent qu’après le traitement par
l’alemtuzumab, des cultures de cellules mononucléées du sang
périphérique ont produit de fortes concentrations du facteur
neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), du facteur de croissance
dérivé des plaquettes (PDGF) et du facteur ciliaire
neurotrophique (CNTF), uniquement lorsqu’elles ont été stimulées
par la protéine de base de la myéline.
L’analyse par RT-PCR (transcription inverse couplée à une
amplification en chaîne par polymérase) de la séparation des
cellules a démontré que la production accrue de CNTF et de BDNF
après le traitement par l’alemtuzumab était en fait imputable aux
lymphocytes T. Le milieu provenant de ces cultures de cellules
mononucléées du sang périphérique après le traitement par
l’alemtuzumab a favorisé la survie de neurones chez le rat et a
entraîné un allongement de leurs axones in vitro; cela dit, ces
effets se sont en partie résorbés sous l’action d’anticorps
neutralisants dirigés contre le BDNF et le CNTF. Ce milieu
conditionné a également favorisé la survie, la maturation et la
myélinisation des précurseurs d’oligodendrocyte.
Ensemble, les résultats des analyses cliniques et ceux des
épreuves de laboratoire viennent confirmer l’hypothèse selon
laquelle l’atténuation des incapacités après le traitement par
l’alemtuzumab serait en partie due aux effets neuroprotecteurs
associés à une libération accrue de neutrophines par les
lymphocytes dans le système nerveux central.