Une niche complexe de cellules et de tissus cérébraux pourrait favoriser l’inflammation observée dans le contexte de la SP progressive

Contexte

La recherche sur les mécanismes sous-jacents de la SP progressive s’avère complexe et n’a pas été très fructueuse jusqu’ici. Soulignons que les médicaments modificateurs de l'évolution de la SP homologués sont rarement efficaces contre les formes progressives de la SP, ce qui laisse supposer que celles-ci sont davantage de nature neurodégénérative qu’inflammatoire.

Dans le contexte de la SP cyclique (poussées-rémissions), l’inflammation semble jouer un rôle plus prépondérant que dans celui de la SP progressive. Toutefois, certaines données probantes issues de la recherche montrent que l’inflammation pourrait aussi contribuer à la SP progressive, mais de manière différente. Selon les chercheurs, des cellules inflammatoires pourraient s’installer dans le cerveau et provoquer une détérioration continue des cellules nerveuses. Ce phénomène pourrait expliquer l’hypothèse de la neurodégénérescence dans le contexte de la SP progressive. D’ailleurs, une équipe de chercheurs dirigée par la Dre Jennifer Gommerman à l’Université de Toronto est parvenue à des conclusions convaincantes à l’appui de cette possibilité. L’étude en question, subventionnée par la Société canadienne de la SP et la Fondation pour la recherche scientifique sur la sclérose en plaques, a été présentée ce mois-ci dans la revue Immunity. L’auteure principale de cet article, la Dre Natalia Pikor, est titulaire d’une bourse de recherche au doctorat de la Société de la SP.

Méthodologie et résultats

L’étude comportait, d’une part, des souris présentant des symptômes semblables à la SP et, d’autre part, des cellules sanguines prélevées sur des personnes vivant avec la SP et des personnes non touchées par cette maladie (témoins). Chez les souris, les chercheurs ont localisé et déterminé la composition de « tissus lymphoïdes tertiaires ». Ces tissus sont constitués de globules blancs qui, selon les chercheurs, seraient établis dans le cerveau et provoqueraient l’inflammation nocive typique de la SP. Ils se sont penchés en particulier sur les méninges, partie du cerveau apparemment riche en cellules B inflammatoires chez les personnes présentant une forme progressive de SP.

Chez les souris au stade précoce de la maladie, les chercheurs ont remarqué que la concentration de cellules T dans les méninges était prédominante, alors qu’en phase aiguë, ces membranes comportaient un mélange de cellules B et de cellules T. Plus précisément, ils ont constaté que des cellules T facilitatrices, soit les Th17, étaient très actives dans cette région du cerveau, causant ainsi une démyélinisation. Cette observation vient à l’appui des résultats d’études antérieures ayant montré que les cellules Th17 jouent un rôle majeur dans les maladies auto-immunes.

Utilisant le même groupe de souris, les chercheurs ont également examiné les modifications survenant dans l’environnement cellulaire des méninges, ce qui leur a permis de découvrir la présence d’un réseau de fibres qui créait un filet pouvant retenir un grand nombre de cellules Th17, contribuant ainsi au maintien de l’inflammation. Lors de l’analyse des échantillons sanguins humains, les chercheurs ont remarqué la présence de concentrations accrues de cytokines inflammatoires associées aux cellules Th17. Ils ont alors pu confirmer les résultats qu’ils avaient obtenus auprès des souris et les relier à la maladie humaine.

Commentaires

Depuis nombre d’années, les études en SP concluent que les cellules immunitaires sont activées à l’extérieur du système nerveux central (SNC) et qu’elles pénètrent dans le SNC où elles détériorent les tissus. Or, la recherche effectuée plus récemment révèle que l’inflammation peut aussi prendre naissance dans le SNC, indépendamment des nouvelles vagues de cellules immunitaires. Dans leur plus récente étude, subventionnée par la Société de la SP, la Dre Gommerman et ses collaborateurs fournissent une description détaillée de la réaction inflammatoire compartimentalisée qui pourrait permettre d’expliquer en partie les mécanismes de la SP progressive.

Somme toute, en repérant l’endroit exact où l’inflammation se produit et en cernant les mécanismes par lesquels elle est maintenue, les auteurs de cette étude auront permis à la collectivité des chercheurs en SP de mieux comprendre le processus inflammatoire de la SP. De son côté, la Société de la SP attend avec intérêt de voir comment ces nouvelles données pourront servir à l’élaboration de traitements contre la SP progressive capables de bloquer l’action des « coupables », telles les cellules Th17.

Source

PIKOR, N. et coll. « Integration of Th17 and Lymphotoxin-beta receptor-derived signals initiates meningeal-resident stromal cell remodeling to propagate neuroinflammation », Immunity, 2015 [publication en ligne avant impression].