Utilisation du cannabis médicinal par les personnes atteintes de sclérose en plaques au Canada

Une récente étude qui portait sur l’utilisation du cannabis médicinal par les personnes atteintes de sclérose en plaques (SP) au Canada a révélé que les deux tiers des répondants avaient déjà fait l’essai de cette substance au moins une fois. Étant donné le fort taux d’utilisation du cannabis par les personnes qui vivent avec la SP, il apparaît nécessaire de mener des travaux de recherche et d’élaborer des ressources fondées sur des données probantes afin qu’on puisse orienter le recours à cette substance dans le cadre de la prise en charge de la SP.

L’utilisation du cannabis médicinal a été légalisée en 2001 au Canada, et l’accès aux produits du cannabis à usage récréatif s’est élargi depuis leur légalisation en 2018. Un certain nombre de personnes qui vivent avec la SP se servent du cannabis comme d’un traitement parallèle ou complémentaire, afin d’optimiser la prise en charge de symptômes tels que la spasticité, la douleur chronique, la fatigue, l’anxiété et la dépression, et ce, bien que les données probantes recueillies à ce jour sur son efficacité ou son innocuité à cet égard ne soient pas concluantes ou suffisantes.

Les auteurs de l’étude de recherche transversale dont il est question ici avaient pour but de recueillir le point de vue et les expériences de Canadiennes et de Canadiens qui vivent avec la SP, afin d’établir le taux d’utilisation du cannabis médicinal, l’efficacité de cette substance dans le traitement de divers symptômes, telle qu’elle est perçue par les personnes qui l’utilisent, ainsi que la fréquence et la gravité des manifestations indésirables qu’elle entraîne. En tout, 344 personnes ont rempli le questionnaire de l’étude. La majorité des répondants étaient des femmes (80 p. 100) âgées de 45 ans en moyenne. La plupart des répondants avaient reçu un diagnostic de SP cyclique (79,3 p. 100), 10,5 p. 100 avaient une SP progressive secondaire, et les autres étaient atteints de SP progressive primaire ou ne savaient pas quel était leur diagnostic.

L’équipe de recherche a découvert que 52,3 p. 100 des répondants utilisaient du cannabis médicinal au moment de l’enquête, que 10,2 p. 100 y avaient eu recours par le passé et que 37,5 p. 100 n’en avaient jamais employé. Près de 74 p. 100 des utilisateurs du cannabis médicinal ont dit employer les produits du cannabis médicinal tous les jours. Les utilisateurs du cannabis médicinal étaient plus susceptibles que les autres répondants d’être aux prises avec un lourd fardeau de la maladie (autrement dit, ils étaient atteints d’une forme progressive de la SP, ne suivaient pas de traitement modificateur de l’évolution de la SP, avaient des incapacités plus importantes, et faisaient état d’une qualité de vie moindre). Plus de 80 p. 100 des répondants qui utilisaient du cannabis lors de l’enquête ont déclaré que cette substance était efficace ou très efficace pour traiter la spasticité, la douleur, les troubles du sommeil, la mauvaise humeur, la perte d’appétit et le stress. Les manifestations indésirables signalées étaient les suivantes : somnolence, impression d’être apathique, difficultés de concentration, troubles de l’équilibre et pensées incohérentes. Aux dires des anciens utilisateurs du cannabis, les motifs qui les ont incités à cesser de recourir à cette substance étaient le coût et l’accessibilité de celle-ci, son inefficacité (en ce sens qu’elle n’entraînait pas les bienfaits escomptés), ou ses effets indésirables. Quant aux répondants qui n’utilisaient pas le cannabis, ils ne connaissaient pas les bienfaits potentiels de cette substance, ils n’avaient pas l’impression d’en avoir besoin/ne s’y intéressaient pas, ou n’y avaient pas recours à cause de la réprobation sociale dont elle fait l’objet.

Les données fournies par les participants à cette étude, entre autres, serviront de base à des travaux de recherche dont l’objectif consistera à élucider les mécanismes sous-jacents aux effets du cannabis sur les symptômes de la SP. Ces données font en outre ressortir la nécessité de réaliser des essais comparatifs avec répartition aléatoire susceptibles de générer des données probantes sur les bienfaits et les effets néfastes du cannabis et de ses dérivés lorsque ces produits sont utilisés pour le traitement de tels symptômes. En fin de compte, les données de recherche sur l’efficacité et l’innocuité du cannabis médicinal contribueront à l’élaboration de lignes directrices pour les professionnels de la santé et le grand public quant à l’utilisation de cette substance dans le cadre du traitement de la SP.


En partenariat avec les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Société canadienne de la SP subventionne un essai clinique avec répartition aléatoire qui consiste à évaluer l’utilisation des dérivés du cannabis pour le traitement des symptômes de la SP. Cliquez ici pour en savoir plus.


Ressource :

Article publié dans le Multiple Sclerosis and Related Disorders Journal : https://doi.org/10.1016/j.msard.2022.103638.