Une étude subventionnée par la Fondation pour la recherche scientifique sur la SP met en évidence un lien entre l’exercice et la gravité de la SP chez les enfants atteints de cette maladie

Contexte

De 2 à 5 % des cas de sclérose en plaques (SP) environ sont diagnostiqués chez des enfants et des adolescents. La SP pédiatrique, qui est relativement rare, se distingue des formes de SP qui se déclarent à l’âge adulte par la rapidité de son évolution. En effet, les lésions cérébrales sont plus importantes et les poussées sont plus fréquentes chez les enfants que chez les adultes. Cela fait seulement une dizaine d’années environ que les chercheurs ont commencé à s’intéresser à la SP pédiatrique, notamment dans le cadre d’initiatives telles que le Réseau canadien des maladies démyélinisantes pédiatriques, qui est financé par la Fondation pour la recherche scientifique sur la SP.

L’activité physique est l’une des stratégies de prise en charge des symptômes de SP qui sont explorées actuellement chez les enfants et les adolescents. Non seulement l’exercice permet d’assainir ses habitudes de vie et de réduire le risque de nombreuses maladies, mais en plus, chez l’adulte, il contribue à la prise en charge des symptômes associés à la SP : il atténue la douleur, la dépression et la fatigue, réduit la fréquence des poussées et ralentit même la progression de la SP (voir notre publication récente sur l’exercice et la prise en charge de la douleur). Une étude menée par l’équipe de la Dre Ann Yeh, neurologue et directrice du programme sur la SP et les maladies démyélinisantes (MS and Demyelinating Disorders Program) à l’Hôpital pour enfants malades de Toronto, donne un premier aperçu des effets positifs de l’activité physique chez les jeunes atteints de SP. Les résultats de cette étude, qui a été subventionnée par la Fondation pour la recherche scientifique sur la SP, ont été publiés dans la revue Neurology.

Description de l’étude

Les données de l’étude en question ont été recueillies à l’Hôpital pour enfants malades de Toronto auprès d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 18 ans, qui étaient atteints de la forme cyclique de la SP (31 participants) ou qui avaient présenté un syndrome démyélinisant acquis (SDA) monophasique (79 participants).

Contrairement à la SP, qui est caractérisée par une démyélinisation progressive des neurones, le SDA monophasique consiste en un seul épisode de démyélinisation. Les chercheurs ont volontairement choisi de sélectionner des jeunes atteints de ce syndrome afin de faire ressortir les différences qui existent entre la SP cyclique (qui est associée à un processus de démyélinisation continu) et un épisode isolé de démyélinisation. Soulignons que les degrés d’activité physique mesurés dans les deux groupes de participants (au moyen de l’échelle élaborée d’incapacités de Kurtzke, ou échelle EDSS) étaient similaires.

Une fois que le groupe de jeunes atteints de SP et le groupe de jeunes ayant présenté un SDA monophasique ont été formés, les chercheurs ont entrepris de comparer les habitudes d’activité physique de ces deux groupes au moyen du questionnaire Godin Leisure-Time Exercise sur l’activité physique pendant les loisirs. Plus précisément, les participants devaient indiquer à quelle fréquence ils pratiquaient pendant au moins 15 minutes des activités physiques dont l’intensité était élevée (course à pied ou jogging), modérée (marche rapide) ou faible (marche de détente) au cours d’une semaine normale.

En outre, les chercheurs ont comparé les deux groupes en ce qui a trait à la fatigue et à la dépression. Le degré de fatigue a été mesuré au moyen de l’échelle PedsQL Multidimensional Fatigue (évaluation multidimensionnelle de la fatigue chez l’enfant), et la dépression a été évaluée à l’aide de l’échelle CES-D (Center for Epidemiological Studies Depression Scale for Children – évaluation de la dépression chez l’enfant).

Enfin, les chercheurs se sont concentrés uniquement sur le groupe de jeunes atteints de SP en vue d’examiner le lien qui pourrait exister entre l’activité physique et les trois facteurs suivants : fatigue, taille des lésions cérébrales (mesurée à l’IRM) et taux annualisé des poussées (nombre de poussées de SP par an).

Résultats

Les enfants et les adolescents atteints de SP ont rapporté un degré d’activité physique global et un degré d’activité physique d’intensité élevée plus faible que ceux qui ont été rapportés par les jeunes ayant présenté une SDA monophasique. Ils ont également déclaré être en proie à une plus grande fatigue et à une plus grave dépression que ces derniers.

Chez les jeunes atteints de SP, la pratique d’activités physiques modérées a été associée au score global relatif à la fatigue : les jeunes les moins actifs étaient plus fatigués que ceux qui étaient plus actifs qu’eux. Par ailleurs, les jeunes atteints de SP qui s’adonnaient à des activités physiques intenses avaient tendance à avoir de plus petites lésions cérébrales que ceux qui pratiquaient des activités moins vigoureuses qu’eux et à subir moins de poussées de SP que ces derniers.

Commentaires

Les enfants et les adolescents atteints de SP avaient un degré d’incapacité physique comparable à celui des enfants et des adolescents qui avaient subi un SDA monophasique; pourtant, ils faisaient moins d’exercice et ils étaient plus fatigués et plus déprimés que ces derniers. Les chercheurs ont émis l’hypothèse que la sédentarité des jeunes atteints de SP serait attribuable en partie à l’intensification de la fatigue/dépression observée chez ces jeunes, à l’idée qu’ils se font de leurs limitations physiques ou à l’activité constante de la SP (la SP est une maladie évolutive contrairement au SDA monophasique, qui consiste en un seul épisode).

Les résultats de cette étude sont encourageants, puisqu’ils indiquent que la fatigue, la taille des lésions et la fréquence des poussées tendent à diminuer chez les enfants et les adolescents atteints de SP qui mènent une vie active. Précisons cependant qu’il s’agissait là d’une étude transversale, c’est-à-dire que le degré d’activité physique de chaque participant a été examiné à un moment précis. Par conséquent, il faudra mener d’autres études visant à évaluer si l’augmentation du degré d’activité physique (soit par exemple le fait d’encourager un enfant sédentaire à devenir plus actif) atténue également les symptômes associés à la SP pédiatrique. En tout état de cause, l’exercice physique offre des perspectives d’amélioration de la qualité de vie, voire de ralentissement de la progression de la SP chez l’enfant, et les données fournies par une étude coopérative qui est menée actuellement par des membres du Réseau canadien des maladies démyélinisantes pédiatriques devraient permettre d’élucider complètement la question de ses effets sur la SP pédiatrique.

Source

GROVER, S. A. et coll. « Lower physical activity is associated with higher disease burden in pediatric multiple sclerosis », Neurology, 2015, DOI 10.1212/WNL.0000000000001939.