Contexte
Les cellules souches mésenchymateuses (CSM) ont récemment capté l’attention des chercheurs en sclérose en plaques (SP) en raison de leur capacité de réduire l’inflammation nocive et de promouvoir la réparation tissulaire. Cela dit, on ne connaît pas encore leurs effets sur la sclérose en plaques, maladie auto-immune ciblant le système nerveux central. À ce jour, des études sur les animaux de laboratoire et des essais cliniques préliminaires sur des êtres humains ont donné des résultats prometteurs quant à l’innocuité et à l’efficacité potentielle des CSM pour réduire l’inflammation et réparer les lésions. Les données ainsi obtenues ouvrent la voie à la mise en place d’études plus vastes et plus approfondies sur les bienfaits thérapeutiques éventuels du traitement par les CSM chez les personnes atteintes de SP.
La découverte du potentiel des CSM pour le traitement de la SP a mené au lancement de l’étude MESCAMS (MEsenchymal Stem cell therapy for CAnadian MS patients), essai clinique de phase II subventionné conjointement par la Fondation pour la recherche scientifique sur la SP, Research Manitoba et Services alimentaires A&W du Canada. L’étude MESCAMS, qui sera dirigée par le Dr Mark S. Freedman (Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa/Université d’Ottawa), chercheur principal au sein de l’équipe de recherche concernée à Ottawa, et le Dr James J. Marriott (Université du Manitoba), chercheur principal à l’œuvre à Winnipeg, s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme de recherche sur les cellules souches mésenchymateuses auquel participent neuf pays.
Les auteurs de cette étude ont pour but d’évaluer l’innocuité d’un traitement par thérapie cellulaire autologue (c'est-à-dire que le donneur et le receveur sont la même personne) pour les personnes atteintes de SP et de déterminer si ce traitement peut réduire l’inflammation cérébrale nocive et, peut-être, contribuer à réparer le système nerveux central.
Description de l’étude
MESCAMS est une étude croisée à répartition aléatoire et à double insu qui regroupera 40 participants et se déroulera dans deux centres de recherche : l’Hôpital d’Ottawa et le Centre des sciences de la santé (CSS) de Winnipeg. À cet essai participeront des personnes atteintes de SP cyclique (poussées-rémissions) qui n’ont pas bien répondu aux traitements actuels, ainsi que des personnes atteintes d’une forme progressive (primaire ou secondaire) de SP. Tous les participants, répartis en deux groupes de façon aléatoire, recevront par intraveineuse des CSM prélevées de leur propre moelle osseuse selon le protocole d’une étude croisée :
- Groupe traité au début de l’essai : ce groupe recevra une seule perfusion de CSM autologues au tout début de l’étude, puis une perfusion de placebo à 24 semaines.
- Groupe traité au milieu de l’essai : ce groupe recevra une seule perfusion de placebo au tout début de l’étude, puis une perfusion de CSM autologues à 24 semaines.
Tous les participants seront suivis durant 48 semaines. Au cours de l’étude, ils seront soumis à des évaluations de l’innocuité du traitement. Les chercheurs recenseront et documenteront les effets secondaires et événements indésirables observés. Ils noteront également tout bienfait clinique potentiel du traitement, y compris la réduction de l’inflammation cérébrale mesurée par l’imagerie par résonance magnétique (IRM), la diminution des poussées, le ralentissement de l’évolution de l’incapacité et plusieurs autres indicateurs potentiels de réparation du système nerveux central.
Commentaires
L’étude MESCAMS est le premier essai clinique canadien destiné à évaluer l’innocuité et l’efficacité d’un traitement par les CSM contre la sclérose en plaques. Ces travaux constituent un pas en avant notable dans la recherche sur la SP et le traitement de cette maladie, étant donné que les premières études sur l’utilisation des cellules souches ont donné des résultats encourageants. Soulignons que cette étude se distingue de l’essai intitulé « Canadian Bone Marrow Transplantation » (BMT – essai canadien sur la greffe de moelle osseuse), mené précédemment au Canada, par le fait que la réinjection de CSM n’est pas précédée de la chimiothérapie intensive nécessitée par la greffe de moelle osseuse pour supprimer le système immunitaire du patient.
Le traitement par les CSM maîtrise les cellules immunitaires nocives impliquées dans le contexte de la SP. Selon les chercheurs, il devrait comporter moins de risques que la greffe de moelle osseuse pour les participants du fait qu’il exclut la chimiothérapie et qu’il pourrait freiner l’inflammation, même si le patient ne prend pas d’autres médicaments contre la SP. De surcroît, les chercheurs utilisent des CSM autologues pour cette étude, ce qui signifie que le risque de rejet est nettement amoindri puisque ce sont les cellules souches du patient lui-même qui sont réinjectées à ce dernier.
Les résultats de l’étude MESCAMS s’ajouteront aux données issues du programme de recherche international sur les CSM, ce qui procurera un bagage de connaissances qui n’aurait pu être obtenu par des chercheurs travaillant de manière isolée. La participation du Canada à ces travaux contribuera à faire de notre pays un chef de file de la recherche sur les traitements faisant appel aux CSM, grâce à la grande compétence de nos chercheurs et d’autres collaborateurs chevronnés, ainsi qu’à des investissements substantiels dans des installations de pointe conçues spécialement pour la recherche sur les cellules souches et conformes aux normes gouvernementales rigoureuses en cette matière. Au bout du compte, nous espérons que les résultats de l’étude MESCAMS enrichiront les connaissances obtenues grâce aux études préliminaires sur les CSM et favoriseront la mise au point de traitements contre la SP.