Contexte
La microglie est un ensemble de cellules immunitaires (dites « cellules microgliales »), présentes dans le système nerveux central (SNC), lequel est constitué du cerveau et de la moelle épinière. La microglie protège le SNC contre les agents infectieux en émettant des signaux pro-inflammatoires et anti-inflammatoires. Depuis peu, toutefois, des chercheurs se demandent si les cellules microgliales jouent un rôle bénéfique ou néfaste en cas de SP. En effet, certaines études ont montré que la microglie favorise l’inflammation, la démyélinisation et la neurodégénérescence associées à la SP, et ce, probablement en activant les lymphocytes T (type de cellules immunitaires) en cause dans le processus pathologique de cette maladie. En revanche, des données probantes suggèrent que la microglie exercerait une action neuroprotectrice dans le contexte de la SP. Par conséquent, pour que soit élucidé le rôle de la microglie en lien avec cette maladie, il importe que les chercheurs puissent disposer de données fondamentales sur les cellules microgliales et leur activité.
Une équipe de recherche de l’Université de la Californie (San Diego) – dont l’un des membres, David Gosselin, est titulaire d’une bourse de recherche postdoctorale de la Société de la SP – a recueilli récemment de nouvelles données relatives au profil génétique de la microglie. Les résultats de l’étude menée par cette équipe ont été publiés dans la prestigieuse revue Science.
Description de l’étude
Les chercheurs ont examiné des échantillons de tissu cérébral qui provenaient de 19 sujets ayant subi une intervention chirurgicale en raison de crises d’épilepsie, d’une tumeur du cerveau ou de troubles liés à un accident vasculaire cérébral (AVC). Il s’agissait d’échantillons prélevés de régions saines du cerveau. L’équipe de recherche a également analysé des échantillons de tissu cérébral d’origine murine afin d’étudier les différences génétiques entre la microglie humaine et celle des souris. Les auteurs de l’étude ont eu recours à diverses techniques en vue d’identifier les différents gènes présents dans la microglie. Ils ont aussi observé la variation au fil du temps des propriétés de la microglie cultivée en laboratoire afin de déterminer si les cellules microgliales changent de comportement en dehors de leur milieu naturel dans le cerveau. Finalement, les chercheurs ont poursuivi leurs travaux en se penchant sur les gènes qu’ils avaient identifiés en vue de déterminer ceux qui seraient en cause dans le contexte des troubles neurologiques.
Résultats
Les auteurs de l’étude ont constaté que la présence de certains gènes associés aux troubles neurodégénératifs était plus importante dans la microglie que dans les autres cellules du cerveau. Autre observation : la microglie cultivée en laboratoire se distinguait par une réduction de la quantité de plus de 2 000 gènes, ce qui suggère que l’activité et les propriétés génétiques de la microglie seraient tributaires de signaux provenant du milieu environnant. En comparant les gènes présents dans la microglie humaine à ceux de la microglie murine, les chercheurs ont découvert que bon nombre des gènes associés aux troubles neurologiques n’étaient pas autant exprimés chez la souris que chez l’humain. Enfin, les chercheurs ont constaté que la microglie présentait 42 des gènes liés à la SP.
Commentaires
Les données fondamentales issues de cette étude élargissent le champ de nos connaissances sur le profil génétique de la microglie et contribueront à une meilleure compréhension de nombreuses affections neurologiques, dont la SP. Toutefois, d’autres études seront nécessaires pour qu’on sache un jour comment mettre à profit le rôle bénéfique de la microglie tout en empêchant celle-ci de nuire.
Référence
GOSSELIN D. et coll. « An environment-dependent transcriptional network specifies human microglia identity » Science, 2017, 10.1126/science.aal3222. [Publication en ligne avant l’impression]