Contexte
La SP se manifeste par des symptômes imprévisibles qui varient d’une personne à l’autre. Si certains d’entre eux, notamment les symptômes physiques tels que les troubles de l’équilibre et les difficultés à marcher, sont nettement visibles, il y en a d’autres, comme la dépression et la fatigue, qu’on ne peut voir. La dépression, qui peut être aussi bien un symptôme de la SP qu’une maladie concomitante à celle-ci (maladie qui coexiste avec elle), est un important facteur de risque d’idées suicidaires, de tentative de suicide ou de suicide chez les personnes atteintes de SP.
Dans un article de synthèse qu’il a corédigé et qui a été publié récemment dans le Multiple Sclerosis Journal, le Dr Anthony Feinstein, neuropsychiatre et chercheur à l’Université de Toronto dont certains travaux sont subventionnés par la Société de la SP, examine le lien qui existe entre la SP et le suicide en s’appuyant sur les données publiées d’études épidémiologiques antérieures. Cet article traite également de la prévalence des tentatives de suicide et des facteurs de risque de suicide chez les personnes atteintes de SP.
Description de l’étude
L’article de synthèse en question regroupe les données probantes de neuf études sur le taux de suicide chez les personnes atteintes de SP, qui ont été menées en Finlande, au Danemark, en Suède, aux États-Unis, au Canada (au Manitoba et en Nouvelle-Écosse, plus précisément) et au Royaume-Uni entre 1953 et 2006. La taille des populations à l’étude variait de 1595 à 12 834 personnes. Pour établir si le taux de suicide est élevé chez les personnes atteintes de SP, les chercheurs ont examiné le ratio de mortalité normalisé (RMN), soit le rapport du nombre de décès observés chez les personnes atteintes de SP pendant une période donnée sur le nombre de décès prévisibles au sein de la population générale durant cette période. Un RMN supérieur à 1,0 dénote un taux de suicide accru; cela dit, il se peut que cette hausse ne soit pas statistiquement significative. Il est à noter qu’il y a eu plus d’études sur le suicide et la SP dans les pays scandinaves qu’ailleurs, parce qu’on dispose de vastes bases de données dans ces pays.
Résultats
En général, les résultats des neuf études allaient dans le même sens : ils indiquaient une augmentation de la prévalence du suicide au sein de la population atteinte de SP. À titre d’exemple, le RMN rapporté dans l’étude finnoise était de 1,7. Des résultats similaires ont été obtenus dans les trois études danoises (RMN de 1,83, 1,62 et 2,12).
Les données relatives au taux de suicide chez les Canadiens atteints de SP provenant d’une étude d’envergure nationale sont limitées. En revanche, il en est autrement pour les études provinciales sur les tentatives de suicide et les intentions suicidaires. Par exemple, selon un rapport néo-écossais, les tentatives de suicide sont trois fois plus nombreuses chez les personnes atteintes de SP que chez celles qui sont exemptes de cette maladie.
En Allemagne, on a réalisé un sondage dans lequel on demandait à des personnes atteintes de SP à quelle fréquence elles pensaient au suicide sur une échelle allant de « jamais » à « constamment ». Les résultats ont révélé que plus de 20 % des répondants envisageaient « souvent », « très souvent » ou « constamment » le suicide.
Par ailleurs, des études démontrent que l’intention suicidaire et la vulnérabilité sont accrues chez les jeunes hommes atteints de SP au cours des cinq années qui suivent l’établissement du diagnostic.
Enfin, l’article de synthèse traite des facteurs liés au suicide chez les personnes atteintes de SP, tels que la dépression et l’isolement social ou la solitude.
Commentaires
Cet examen d’études sur le suicide et la SP souligne la complexité des répercussions physiques, sociales et émotionnelles de cette maladie et la nécessité de fournir un soutien adéquat aux personnes qui en sont atteintes. D’après une étude visant à recueillir les impressions de personnes atteintes de SP sur l’aide médicale à mourir dont les résultats ont été publiés récemment, une forte proportion d’entre elles envisagerait cette possibilité dans certaines circonstances. Toutes ces observations montrent que les efforts déployés doivent porter entre autres sur la mise en évidence et la prise en charge des facteurs qui amoindrissent la qualité de vie des personnes atteintes de SP et qui provoquent une dépression, des idées suicidaires, voire un passage à l’acte suicidaire. Ces neuf études font également ressortir la nécessité d’améliorer les programmes, les services, les mesures de soutien social et les ressources destinés à aider les personnes atteintes de SP à composer avec leur maladie de manière positive.
L’étude de cohorte canadienne relative à la progression de la SP qui a été annoncée récemment pourrait aider les chercheurs à recueillir divers types de données sur les répercussions sociales et économiques de la SP. Elle permettra ainsi à la collectivité de la SP de comprendre les facteurs de risque de dépression et de suicide chez les Canadiens atteints de SP et contribuera par là même à orienter la pratique clinique.
La Société de la SP offre un large éventail de programmes et de services destinés à aider les personnes atteintes de SP à composer efficacement avec leur maladie et à la prendre en charge. Communiquez avec un agent info-SP, par téléphone, au 1 844 859‑6789, ou par courriel, à l’adresse agentinfosp@spcanada.ca
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Référence
FEINSTEIN, A et B. PAVISIAN. « Multiple sclerosis and suicide », Mult Scler, 2017, 24(7):504-8.