Une étude financée par la Société de la SP démontre à quel point il importe de traiter les maladies concomitantes chez les personnes atteintes de SP en vue d’améliorer leur santé et leur survie

Contexte

Les personnes qui sont aux prises avec une maladie chronique telle que la sclérose en plaques doivent souvent faire face à des défis d’envergure compte tenu de la nature persistante de l’affection et des incapacités associées à celle-ci. Il importe que les professionnels de la santé et les chercheurs comprennent davantage l’impact que peut avoir au fil du temps la maladie chronique sur l’état de santé général de la personne qui en est atteinte. Il est également crucial qu’ils sachent comment les complications liées à cette maladie peuvent être prises en charge et ainsi contribuer à l’amélioration de la qualité de vie de la personne. Ils doivent aussi savoir que toute maladie chronique peut influer sur la survie. En ce qui concerne la SP, des études laissent supposer que les gens atteints de cette affection vivent plus longtemps que par le passé, mais que leur espérance de vie demeure inférieure à celle des personnes du même sexe et du même âge qui n’ont pas la SP. La Dre Ruth Ann Marrie, neurologue spécialisée en SP et chercheuse renommée de l’Université du Manitoba, a entrepris de déterminer si la comorbidité (présence d’autres troubles que la maladie primaire, en l’occurrence la SP) pourrait être un facteur contribuant au taux de survie moindre observé chez les personnes qui ont la SP. Les résultats de son étude, subventionnée par la Société canadienne de la SP, ont été publiés dans la revue en ligne Neurology.

Description de l'étude

La Dre Marrie et ses collaborateurs ont collecté et passé en revue des documents et des données issus du réseau de la santé tels que le sexe, l’âge, les réclamations pour soins de santé et les actes de décès de personnes du Manitoba. L’équipe de recherche a étudié des données concernant 5 797 personnes ayant reçu un diagnostic de SP et 28 807 témoins appariés (personnes n’ayant pas la SP et présentant des caractéristiques semblables aux sujets atteints de SP). Elle a noté et évalué la présence de maladies concomitantes parmi ces deux groupes de personnes, comme l’hypertension, le diabète, des maladies cardiaques, pulmonaires ou thyroïdiennes, l’épilepsie, la migraine, la dépression, l’anxiété et le trouble bipolaire.

Résultats

Les chercheurs ont constaté que l’espérance de vie des personnes ayant la SP s’est allongée au fil du temps. L’âge médian de survie rapporté pour le groupe de sujets atteints de cette maladie était de 76 ans, donc un peu moins élevé que celui du groupe de personnes n’ayant pas la SP, qui était de 83 ans. Les données étudiées ont révélé que, chez 44 p. 100 des personnes décédées qui avaient la SP, le décès était lié à cette affection ou à des complications en lien avec celle-ci. Ce taux est toutefois inférieur à celui qui avait été rapporté par le passé. Il s’est également avéré que les décès dus à des infections ou à des maladies pulmonaires étaient plus fréquents parmi les personnes atteintes de SP comparativement à l’autre groupe.

Aussi, les chercheurs ont découvert que les personnes aux prises à la fois avec la SP et une autre maladie, comme la dépression, l’anxiété, le diabète, une maladie cardiaque ou une affection pulmonaire chronique, présentaient un risque accru de mourir à un âge plus précoce en comparaison des personnes qui étaient atteintes de SP, mais qui ne présentaient aucune autre maladie. Toutefois, ces affections étaient également associées à une espérance de vie moindre parmi les personnes qui n’avaient pas la SP. Cette observation signifie que la comorbidité ne semble pas avoir influé davantage sur l’espérance de vie des gens atteints de SP que sur celle des personnes qui n’avaient pas cette maladie.

Il convient de noter que, dans le cadre de leur étude, les chercheurs n’ont pas tenu compte de l’impact potentiel de la gravité de la SP ni de l’usage ou du non-usage de médicaments modificateurs de l’évolution de la SP.

Commentaires

Malgré les différences constatées entre l’espérance de vie des personnes qui avaient la SP et celle des personnes qui n’en étaient pas atteintes, il importe de noter que les observations de la Dre Marrie et de son équipe étayent les résultats d’études antérieures qui montraient déjà que les personnes ayant la SP vivent plus longtemps qu’auparavant. L’association entre l’espérance de vie et la comorbidité relevée par les chercheurs souligne la nécessité impérieuse de mieux comprendre et de mieux traiter les affections concomitantes chez les personnes atteintes de SP pour permettre à ces dernières de bénéficier de la meilleure qualité de vie possible et d’une espérance de vie améliorée.

Source

MARRIE, R. A. et coll. (2015). « Effect of comorbidity on mortality in multiple sclerosis », Neurology, Diffusion en ligne avant impression.