Contexte
Environ 20 p. 100 des personnes atteintes de sclérose en plaques (SP) consomment du cannabis (aussi connu sous l’appellation « marihuana ») dans le cadre de la prise en charge de leurs symptômes, telle la douleur. Dans le contexte de la SP, l’altération de la fonction cognitive est plus importante chez les hommes que chez les femmes. Or, des travaux de recherche menés récemment ont permis de découvrir que la consommation de cannabis contribue à l’atteinte cognitive. Toutefois, le lien entre l’utilisation du cannabis et les troubles cognitifs chez l’homme, comparativement à la femme, n’a pas encore été établi.
Un article publié récemment dans la revue Multiple Sclerosis Journal-Experimental, Translation, Clinical – corédigé par le Dr Anthony Feinstein, neuropsychiatre et chercheur à l’Université de Toronto dont certains travaux sont subventionnés par la Société de la SP – fait état d’une analyse rétrospective de résultats de recherche qui visait à établir l’existence d’une interaction entre le genre et l’utilisation du cannabis sur le plan des déficiences cognitives chez les personnes qui vivent avec la SP.
Description de l’étude
Les auteurs de l’article en question ont analysé les données d’une étude psychologique à laquelle avaient participé 140 personnes atteintes de SP en vue de déterminer l’utilisation du cannabis parmi ces dernières (consommation mensuelle ou plus fréquente, ou non-recours à cette substance). Cette étude, dont les auteurs avaient pour objectif d’établir si les distractions contribuent à alourdir le fardeau cognitif associé à la SP, comprenait des évaluations cognitives consistant à tester la vitesse de traitement de l’information, la mémoire et les fonctions exécutives (maîtrise de l’attention, capacités de planification) des participants. Le Dr Feinstein et son collaborateur ont analysé les résultats de ces évaluations afin de déterminer s’il y a corrélation entre la cognition et la consommation du cannabis et s’il existe des différences entre les hommes et les femmes quant aux effets du cannabis sur la fonction cognitive.
Résultats
Sur les 140 participants à l’étude, 33 personnes (soit 14 hommes et 19 femmes) consommaient du cannabis régulièrement. Indépendamment du sexe des participants, le traitement de l’information s’est révélé plus lent chez les personnes qui faisaient usage du cannabis que chez celles qui n’en consommaient pas. Fait intéressant, les chercheurs ont constaté que les hommes obtenaient de moins bons résultats que les femmes au chapitre de la mémoire visuelle et de la mémoire verbale selon le test d’apprentissage verbal CVLT-II (California Verbal Learning Test-II)
Commentaires
Dans l’ensemble, l’étude susmentionnée a montré que la consommation de cannabis dans le cadre de la prise en charge de la SP peut avoir des effets sur la fonction cognitive, notamment un impact négatif sur la mémoire, et ce, plus particulièrement chez les hommes, comme l’ont révélé certains tests de mémoire. Toutefois, il convient de noter que l’étude en question comportait des limites. En effet, parmi les participants figuraient seulement 33 personnes ayant régulièrement recours au cannabis, ce qui a impliqué une comparaison restreinte à 14 hommes et à 19 femmes. De plus, les chercheurs ne disposaient d’aucun renseignement précis sur la fréquence de consommation du cannabis par ces participants (nombre de fois où ces personnes utilisaient du cannabis par semaine, par mois, etc.). Ils n’ont donc pu établir si la fréquence de consommation du cannabis a eu un impact sur les résultats des évaluations cognitives effectuées durant l’étude.
La Société de la SP est d’avis que les personnes atteintes de SP devraient avoir accès à toutes les options thérapeutiques sûres et efficaces offertes contre cette maladie. C’est pourquoi elle soutient des études de recherche de grande qualité, tels les travaux du Dr Feinstein, qui fournissent de l’information précieuse sur l’usage de la marihuana à des fins médicales, soit des renseignements qui aident les personnes aux prises avec la SP, leur famille et leur équipe soignante à prendre des décisions éclairées en matière de traitement.
Référence
PATEL, V. P. et A. FEINSTEIN. « Cannabis and cognitive functioning in multiple sclerosis: The role of gender », Mult Scler J Exp Transl Clin; 2017,3(2): 2055217317713027.