Une étude subventionnée par la Société de la SP révèle que l’exercice favorise la réparation de lésions semblables à celles de la SP chez des souris

Résumé. Au cours d’une étude subventionnée par la Société de la SP, des chercheurs ont démontré que l’exercice augmente le taux de réparation ou de remyélinisation suivant l’apparition de lésions semblables à celles de la sclérose en plaques (SP) chez des souris. De plus, ils ont cerné un mécanisme potentiel par lequel cette réparation s’effectue et ont découvert que l’exercice associé à un traitement médicamenteux améliore encore plus la remyélinisation.

Contexte. La fatigue étant un important symptôme de la SP, les personnes vivant avec cette maladie se sont historiquement fait conseiller d’éviter les efforts physiques par crainte que l’activité physique aggrave leur état. Au cours des dernières années, des données démontrant les bienfaits de l’exercice en présence de SP ont été accumulées, et les professionnels de la santé conseillent maintenant à leurs patients de demeurer actifs, puisque l’activité physique a été associée à une diminution du taux de poussées, du volume des lésions cérébrales et de la progression de l’incapacité.

Même si les études sur les bienfaits de l’exercice dans le contexte de la SP se sont multipliées, on ignore toujours si celui-ci contribue aux mécanismes de la réparation des lésions. En cas de SP, la perte de myéline (enveloppe qui protège les fibres nerveuses) empêche la transmission adéquate des signaux entre le cerveau et l’organisme. Il est donc essentiel de cerner les mécanismes sous-jacents à la réparation des lésions. Les oligodendrocytes sont des cellules du cerveau et de la moelle épinière qui interviennent dans le processus de réparation; ils fabriquent et maintiennent la myéline.

Dans le cadre d’une étude subventionnée par la Société canadienne de la SP, Alberta Innovates: Health Solutions et les Instituts de recherche en santé du Canada, les chercheurs Samuel K. Jensen et V. Wee Yong ont vérifié si le fait de demeurer actif améliore la réparation ou la remyélinisation chez des souris porteuses de lésions semblables à celles de la SP. Les résultats de leurs travaux ont été récemment publiés dans la revue Cell Reports.

Étude. Après l’induction de lésions de SP chez les souris, des souris ont eu accès à une roue d’exercice mobile, c’est-à-dire qu’elles pouvaient y courir, alors que d’autres ont eu accès à une roue d’exercice verrouillée, c’est-à-dire que la roue était immobile. Les chercheurs ont vérifié si des différences dans la capacité de réparation des oligodendrocytes étaient observées entre les souris qui avaient eu accès à la roue mobile et celles qui avaient eu accès à la roue verrouillée. De plus, grâce à une méthode d’identification du profil génétique au sein des lésions, les chercheurs ont déterminé les mécanismes qui sous-tendent la réparation à la suite de l’exercice. Enfin, ils ont cherché à savoir si une approche associant l’exercice et la prise d’un médicament, soit le fumarate de clémastine (médicament expérimental évalué dans un essai clinique de phase II), améliore encore davantage la remyélinisation.

Résultats. L’exercice pratiqué à la suite de l’apparition de lésions de SP contribue à la croissance du nombre d’oligodendrocytes et du taux de remyélinisation. Cette réparation active une molécule, soit la PGC1a, nécessaire à l’augmentation du taux de myélinisation par l’exercice. Enfin, l’association du traitement par le fumarate de clémastine et de l’exercice chez la souris a permis d’améliorer encore davantage la remyélinisation, ce qui démontre qu’une approche synergique entraîne des effets additifs.

Commentaires. Les objectifs de la pratique de l’exercice chez les personnes atteintes de SP sont l’amélioration de l’endurance aérobique, de la force et de l’endurance musculaires, de la souplesse et de la mobilité, ainsi que la prévention d’affections secondaires telles que la maladie cardiovasculaire et le diabète. Il y a maintenant des données probantes chez l’animal qui portent à croire que l’exercice améliore également la capacité de remyélinisation des lésions démyélinisées. Toutefois, on ignore toujours le degré d’activité physique requis pour favoriser la réparation, car les souris avaient libre accès à la roue d’exercice. D’autres études qui permettront d’évaluer le type, la durée et l’intensité de l’exercice physique optimal requis pour favoriser la réparation de la myéline devront être réalisées.

Un mode de vie sain pourrait permettre aux personnes aux prises avec la SP de prendre en charge la maladie dont elles sont atteintes. En ce sens, la Société de la SP a demandé à des experts et à des personnes vivant avec cette maladie de créer la Boîte à outils sur le mieux-être afin d’aider les personnes atteintes de SP. La Boîte à outils se trouve sur notre site Web. La Société de la SP offre également de l’information sur des études qui ont été menées sur les effets potentiels de l’exercice physique sur l’évolution de la SP, la santé émotionnelle et le bien-être global.

Source :

JENSEN, S. et coll. « Multimodal Enhancement of Remyelination by Exercise with a Pivotal Role for Oligodendroglial PGC1α », Cell Rep, 2018, 24(12):3167-3179.