Une étude subventionnée par la Société de la SP révèle que les variations anatomiques veineuses ne sont pas exclusives aux personnes qui vivent avec la SP

Contexte

L’insuffisance veineuse céphalorachienne chronique (IVCC) est à l’origine de l’hypothèse émise pour la première fois en 2008 par le Dr Paolo Zamboni (Université de Ferrare, en Italie), voulant que les veines de la tête et du cou des personnes qui vivent avec la sclérose en plaques seraient rétrécies ou obstruées, ce qui provoquerait une accumulation de sang dans ces veines. Cette accumulation de sang entraînerait une augmentation de la pression veineuse, ce qui serait à l’origine d’un reflux sanguin vers le système nerveux central qui s’effectuerait par l’intermédiaire de nouveaux vaisseaux sanguins. Étant donné que les nouveaux vaisseaux ont une structure plus faible que celle des veines de formation ancienne, ils auraient tendance à laisser filtrer du sang dans les tissus environnants et seraient à l’origine de dépôts de fer dans le système nerveux central, ce qui déclencherait ainsi la réponse auto-immune sous-jacente de la SP.

Les résultats d’une nouvelle étude ont été publiés par le Dr Carlos Torres (Université d’Ottawa) et ses collaborateurs. À l’aide d’une technique d’imagerie puissante, cette équipe a examiné l’anatomie des veines de personnes qui n’avaient pas la SP afin d’obtenir une réponse à la question suivante : les différences anatomiques des veines sont-elles spécifiques de la SP ou proviennent-elles simplement de variations naturelles observables dans la population en général? Ces travaux, dont les résultats ont été publiés dans la revue European Radiology, ont été financés par une subvention de fonctionnement accordée par la Société canadienne de la SP.

Description de l’étude et résultats

Les chercheurs ont recruté 100 personnes non atteintes de SP pour leur étude. À l’aide de techniques d’imagerie de pointe, y compris l’imagerie par résonance magnétique avec injection d'un agent de contraste et la veinographie par résonance magnétique, ils ont pu examiner des images détaillées du système veineux drainant le cerveau et la moelle épinière des deux côtés du corps, en particulier les veines jugulaires internes et les veines vertébrales. Deux neuroradiologues dûment formés, travaillant indépendamment l’un de l’autre, ont examiné les clichés d’IRM, à la recherche de toute particularité ou variation notable dans l’anatomie des vaisseaux sanguins des participants.

Leur analyse a révélé une constante : environ 75 % des participants non atteints de SP présentaient une asymétrie (incluant un rétrécissement) des veines jugulaires internes, et la moitié, une asymétrie des veines vertébrales. De plus, un élargissement des veines extracrâniennes (telles les veines jugulaires externes) a été observé chez bon nombre de participants, phénomène qu’on avait hypothétiquement lié à l’IVCC chez les personnes atteintes de SP et qu’on croyait être un mécanisme de compensation du rétrécissement des veines jugulaires internes. L’ensemble de ces résultats a amené les chercheurs à la conclusion que les variations normales de l’anatomie des veines qui drainent le cerveau et la moelle épinière infirment l’hypothèse selon laquelle l’IVCC serait associée exclusivement à la SP.

Commentaires

Cette étude fait partie des sept études qui ont été financées conjointement, à hauteur de 2,4 millions de dollars, par la Société canadienne de la SP et la National MS Society (organisme états-unien de la SP), en 2010, dans le but d’explorer le lien possible entre l’IVCC et la SP. Les résultats de l’étude menée par le Dr Torres s’ajoutent aux données probantes montrant l’improbabilité d’un lien entre l’IVCC et la SP. À titre d’exemple, une étude effectuée par le Dr Robert Fox (Clinique de Cleveland, en Ohio) a mené à la même conclusion, l’an dernier, à savoir que l’IVCC n’est pas observée uniquement chez les personnes qui vivent avec la SP et qu’elle semble aussi fréquente chez ces dernières que chez les personnes non atteintes de cette maladie. La Société canadienne de la SP continue de financer l’étude clinique canadienne sur l’IVCC et elle demeure engagée à financer la recherche susceptible d’apporter des réponses aux questions que se posent les personnes atteintes de SP sur l’IVCC.

Source

TORRES, C. et coll. « Extracranial Venous abnormalities: A true pathological finding in patients with multiple sclerosis or an anatomical variant? », Eur Radiol, 2016 [publication électronique avant impression].