Une étude financée par la Société canadienne de la SP permet de découvrir une protéine capable de tenir en échec les cellules inflammatoires

Contexte

La microglie est un ensemble de cellules immunitaires spécialisées, présentes exclusivement dans le système nerveux central (SNC), c'est-à-dire dans le cerveau et la moelle épinière. Lorsque ces cellules sont activées dans un système nerveux central sain, elles aident à coordonner la réponse inflammatoire en stimulant le recrutement d’autres cellules immunitaires et en éliminant les débris de cellules mortes. Il faut souligner, par contre, que les cellules microgliales activées participent aussi à la réponse auto-immune caractéristique de la sclérose en plaques (SP). En effet, elles peuvent libérer des molécules neurotoxiques et pro-inflammatoires nocives et mobiliser diverses cellules immunitaires inflammatoires qui provoquent la détérioration du SNC.

Dernièrement, une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Denis Gris, à l’Université de Sherbrooke, au Québec, a découvert la présence d’une protéine à la surface des cellules microgliales, qui régule le processus inflammatoire. Les chercheurs ont émis l’hypothèse que cette protéine, baptisée Nlrp12, est neuroprotectrice et peut freiner l’inflammation. Financée par la Société canadienne de la SP et le Fonds de recherche du Québec – Santé, cette étude a fait l’objet d’un article dans la revue scientifique Journal of Neuroinflammation.

Description de l’étude

Pour mieux saisir le rôle de la Nlrp12 dans la réponse immunitaire typique de la SP, les chercheurs ont créé un modèle de souris dépourvu de ce gène. Par la suite, ils ont induit une maladie semblable à la SP chez ces souris afin de voir si le retrait de la Nlrp12 allait modifier le profil clinique des animaux à l’étude (paralysie des membres et de la queue) ou la réponse inflammatoire dans la moelle épinière de ces derniers (présence de molécules pro-inflammatoires et activation des cellules microgliales).

Les chercheurs ont ensuite voulu mieux comprendre le rôle de la Nlrp12 dans le contexte de la microglie. Pour y arriver, ils ont eu recours à des techniques de culture cellulaire. Ils ont ainsi cultivé des cellules microgliales prélevées sur les souris modifiées génétiquement pour voir si, lorsqu’elles étaient activées, elles libéraient plus de molécules toxiques ou pro-inflammatoires ou les deux, en l’absence de la Nlrp12.

Résultats

Parmi toutes les souris atteintes d’une maladie semblable à la SP, les symptômes de SP se sont présentés plus rapidement et plus gravement chez celles qui étaient dépourvues de la Nlrp12 que chez celles qui étaient toujours porteuses du gène Nlrp12. Les chercheurs n’ont pas tardé à trouver une explication possible à ce fait : la moelle épinière des premières renfermait plus de molécules pro-inflammatoires diverses et plus de cellules microgliales pro-inflammatoires activées que la moelle épinière des secondes.

Mises en culture, les cellules microgliales activées dépourvues de Nlrp12 ont produit un nombre accru de molécules neurotoxiques et pro-inflammatoires, ce qui confirmait les observations des chercheurs auprès des animaux vivants.

Commentaires

Ces résultats donnent à penser que, lors d’une réponse auto-immune comme celle qui est observée dans le contexte de la SP, la Nlrp12 joue un rôle protecteur contre l’activité pro-inflammatoire des cellules microgliales. Chez les souris atteintes d’une maladie semblable à la SP, qui sont dépourvues de cette protéine, le système immunitaire sera plus actif et causera davantage d’inflammation; les symptômes cliniques seront également aggravés.

La découverte et l’étude de ce type de protéines (appelées protéines « garde-barrière ») servent non seulement à enrichir nos connaissances sur la réponse inflammatoire dans le contexte de la SP, mais aussi à nous donner des indices quant à la voie à suivre vers la mise au point de traitements neuroprotecteurs. Cet aspect est important, car l’activation de la microglie n’a pas que des effets nocifs. À preuve, dans l’un de nos précédents comptes rendus, nous avons décrit les travaux effectués dans le laboratoire du Dr Peter Stys, qui montraient que la microglie favorisait la remyélinisation (capacité de l’organisme à réparer la myéline détériorée par la SP) en éliminant les débris cellulaires laissés par les poussées d’une maladie semblable à la SP chez la souris. En définitive, les études des Drs Gris et Stys, entre autres, contribuent à tous les efforts déployés en vue de guider l’élaboration de futures stratégies thérapeutiques ciblant la microglie, stratégies qui devront favoriser la réparation de la myéline tout en freinant le processus inflammatoire nocif.

Source

GHARAGOZLOO, M. et coll. « The nod-like receptor, Nlrp12, plays an anti-inflammatory role in experimental autoimmune encephalomyelitis », Journal of Neuroinflammation, 2015, 12:198.