Contexte – Il importe de pouvoir offrir diverses options thérapeutiques aux personnes atteintes de SP progressive. En faisant appel à un modèle animal de SP, des chercheurs se sont penchés sur un antioxydant, soit l’acide lipoïque, dans le cadre d’un essai clinique dont les résultats se sont avérés prometteurs.
La sclérose en plaques (SP) est une maladie qui touche plus de deux millions de personnes dans le monde. Lorsqu’elle se présente sous l’une de ses formes progressives, cette affection tend à impliquer un degré d’incapacité élevé, une qualité de vie moindre ainsi qu’une utilisation accrue des ressources en santé, comparativement à sa forme cyclique. Contre la SP progressive, on ne dispose actuellement que d’un seul médicament modificateur de l’évolution de la SP, et l’homologation dont celui-ci a fait l’objet est limitée au traitement de la SP progressive primaire à un stade précoce. Sur le plan thérapeutique, un médicament efficace contre la SP progressive aurait pour effet de ralentir ou d’empêcher la progression de l’incapacité, ce qui se traduirait par une réduction de l’incapacité globale, le maintien de l’autonomie et une qualité de vie améliorée.
L’acide lipoïque est un antioxydant naturel qu’il est possible de se procurer à un prix abordable et dont les multiples effets biologiques se sont révélés bénéfiques quant aux processus sous-jacents à la SP progressive, et ce, tant dans le cadre d’études portant sur des modèles animaux que lors d’essais de faible envergure réalisés auprès d’humains. À l’occasion d’un essai clinique pilote consacré à l’acide lipoïque dans le contexte de la SP progressive secondaire, des chercheurs ont pu en effet constater que cet antioxydant avait des effets positifs sur les résultats d’IRM cérébrale et relativement au maintien de la vitesse de la marche.
Essai clinique – L’Hôpital d’Ottawa procédera au recrutement de participants en vue d’un essai clinique sur l’efficacité et l’innocuité de l’acide lipoïque.
La Société canadienne de la SP s’associe à la National MS Society (organisme états-unien de la SP) en vue de financer un essai clinique dont les auteurs auront pour objectif de déterminer si la prise d’acide lipoïque – sous forme de supplément oral – constitue un traitement sûr et efficace dans le contexte des formes progressives de SP.
Sous la direction de la Dre Rebecca Spain, chercheuse et clinicienne exerçant aux États-Unis et rattachée à l’Université de la santé et des sciences de l’Oregon, cet essai sera mené auprès de 118 participants atteints d’une forme progressive de SP et mettra à contribution divers centres de recherche situés en Amérique du Nord. C’est le Dr Mark Freedman, de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa, qui recrutera les personnes qui prendront part au volet canadien de cette étude. Les participants seront répartis au hasard pour recevoir de l’acide lipoïque ou un placebo (médicament factice) durant deux ans. Pendant l’essai clinique, ces personnes feront l’objet d’un suivi axé sur l’innocuité du produit administré ainsi que sur les changements qui pourraient être observés en ce qui concerne l’aptitude à la marche, la fréquence des chutes, les résultats des examens neurologiques ainsi que les clichés d’IRM du cerveau. Les résultats de cet essai clinique devraient être divulgués vers la fin de l’année 2021. En analysant les données qu’ils auront recueillies, les chercheurs tenteront d’établir si l’acide lipoïque aura eu des effets significatifs sur le plan clinique, notamment s’il aura permis de ralentir l’atrophie cérébrale. En cas de résultats concluants, l’acide lipoïque pourrait constituer une option thérapeutique abordable, sans danger et accessible contre les formes progressives de SP. Une fois que la phase de recrutement de cet essai clinique aura débuté, il sera possible d’en savoir plus au sujet de celui-ci en consultant le Portail sur la recherche en SP, administré par la Société de la SP.
Commentaires – Bien que les processus qui sous-tendent la SP ne soient pas encore entièrement élucidés, il semble que cette affection emprunte diverses voies pour porter atteinte au système nerveux central. Il est donc envisageable que le traitement des différentes formes de SP consiste, dans les années à venir, en une combinaison d’options thérapeutiques permettant de cibler les multiples causes des dommages infligés par la SP. L’acide lipoïque pourrait s’avérer efficace quant au ralentissement ou à la prévention de l’évolution de la SP, ce qui serait un progrès considérable pour toutes les personnes atteintes de SP, quel que soit le stade de la maladie. Si les résultats de l’essai clinique multicentrique mené actuellement par la Dre Spain confirment l’efficacité de l’acide lipoïque dans le contexte des formes primaire et secondaire de SP progressive, les personnes aux prises avec l’une d’elles pourraient enfin disposer d’une option thérapeutique sûre et abordable.