Contexte. Le processus qui sous-tend la survenue d’affections neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson peut s’enclencher des années avant qu’un diagnostic clinique puisse être posé. Il a aussi été constaté que l’apparition de ces affections est souvent précédée par la manifestation de divers troubles de la santé. Par exemple, les personnes qui ont la maladie de Parkinson peuvent être aux prises avec la dépression et des épisodes de constipation des années avant que ne puissent être détectés les symptômes classiques de cette affection neurologique, tels des troubles de la motricité. La période durant laquelle surviennent des signes et symptômes précoces d’une affection constitue ce qu’on appelle la « phase prodromique » de celle-ci.
Une analyse récente de données probantes plaide en faveur de l’existence d’une phase prodromique de la SP, comme l’a rapporté l’équipe de recherche de Mme Helen Tremlett, Ph. D., à l’œuvre à l’Université de la Colombie-Britannique. Mme Tremlett et ses collaborateurs ont établi qu’au cours des cinq ans précédant l’apparition de symptômes liés à la SP, les personnes qui finissent par recevoir un diagnostic de cette maladie sont jusqu’à quatre fois plus susceptibles que celles qui ne reçoivent jamais un tel diagnostic de se rendre à l’hôpital ou de consulter un médecin à cause de troubles neurologiques. Ces chercheurs ont aussi relevé une fréquence plus élevée d’autres troubles de la santé – tels des douleurs musculosquelettiques, des troubles de l’humeur, de l’anxiété et des migraines – parmi les personnes qui reçoivent finalement un diagnostic de SP. Or, la reconnaissance des signes avant-coureurs de la SP au cours des années précédant l’apparition des symptômes habituels de cette maladie pourrait s’avérer cruciale quant au dépistage et au traitement précoces de la SP. Il importe donc de mener de nouvelles études dont les résultats permettront d’établir les caractéristiques cliniques des prodromes de la SP.
Description de l’étude. Les auteurs de l’étude dont il est ici question avaient pour objectif de cerner d’autres troubles de la santé qui pourraient survenir lors de la phase prodromique de la SP (soit durant les cinq années qui précèdent le diagnostic). Les chercheurs ont porté une attention particulière à la prévalence de la fatigue, des troubles du sommeil, de l’anémie et de la douleur chez les personnes qui avaient la SP et celles qui n’en étaient pas atteintes, puisque ces troubles de la santé sont souvent constatés après un diagnostic de SP. Pour mener leur étude, les chercheurs se sont appuyés sur des données administratives sur la santé et des données cliniques provenant de la Colombie-Britannique. Les données ainsi analysées étaient issues des dossiers d’environ 8 000 personnes atteintes de SP et de plus de 35 000 personnes n’ayant pas la SP (témoins).
Principaux résultats. Le trouble de la santé le plus fréquent parmi les personnes atteintes de SP durant les cinq années précédant la survenue des symptômes habituels de la SP (comme les manifestations d’un premier épisode de démyélinisation) était la douleur, suivie des troubles du sommeil, de l’anémie et de la fatigue. Comparativement aux témoins, l’augmentation de la probabilité des personnes atteintes de SP d’être aux prises avec des troubles du sommeil et de la douleur pouvait atteindre 161 % et 115 % respectivement. Comme les chercheurs pouvaient s’y attendre, la présence de ces troubles s’est traduite par un nombre accru de visites chez le médecin parmi les personnes qui ont finalement reçu un diagnostic de SP.
Retombées. L’approfondissement des connaissances sur la phase prodromique de la SP pourrait faciliter la détection des signes et symptômes avant-coureurs de cette affection avant même qu’un diagnostic ne puisse être posé. Une meilleure compréhension des caractéristiques cliniques de cette phase pourrait apporter un éclairage nouveau sur les causes de cette maladie en plus de renforcer les chances d’un diagnostic précoce. De telles avancées pourraient influer sur l’évolution de la SP et même contribuer à la prévention de cette maladie.
Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Multiple Sclerosis Journal – link.
Pour obtenir davantage d’information sur les prodromes de la SP, on peut consulter l’article suivant - link.