Résumé. Lors de trois essais cliniques distincts de phase III qui ont été menés auprès de 1 889 personnes atteintes de sclérose en plaques (SP), des chercheurs ont eu recours à une nouvelle méthode d’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour détecter des lésions à croissance lente en tant que marqueurs de lésions chroniques actives. Ce type de lésions est plus fréquent en cas de SP progressive que de SP cyclique. Par conséquent, il pourrait constituer un marqueur pronostique de la progression de la SP.
Contexte. L’IRM est une technique d’imagerie médicale couramment utilisée pour visualiser les tissus mous et diverses structures du corps. Dans le contexte de la SP, elle peut notamment produire des images des lésions (zones détériorées) du système nerveux central (SNC) causées par la SP et révéler une diminution de volume du cerveau. Bien que les techniques d’IRM traditionnelles permettent de déceler les marqueurs d’une activité inflammatoire aiguë, leur capacité à détecter les lésions chroniques de SP n’a pas été démontrée. Ces lésions, qu’on dit chroniques actives et qui évoluent lentement, sont caractérisées par des degrés moindres d’inflammation.
Objectif. Une équipe de recherche dirigée par le Dr Doug Arnold, spécialiste de l’IRM de renommée mondiale, de l’Université McGill, a tenté de mettre au point une méthode qui permettrait de détecter les lésions à croissance lente (LCL). Les résultats de ces travaux ont récemment été publiés dans la revue Multiple Sclerosis Journal.
Méthode. Les chercheurs ont passé en revue les données recueillies auprès de 1 334 personnes atteintes de SP cyclique qui avaient pris part aux essais de phase III OPERA I et OPERA II, et de 555 personnes atteintes de SP progressive primaire qui avaient participé à l’essai de phase III ORATORIO. Les chercheurs ont eu recours aux données d’IRM de ces études pour élaborer un algorithme en fonction des changements longitudinaux caractéristiques des LCL.
Résultats. L’étude des clichés d’IRM obtenus lors de ces essais cliniques a permis aux chercheurs de déceler un nombre élevé de LCL, et ce, tant chez les personnes atteintes de SP cyclique que chez celles qui présentaient une forme progressive primaire de SP. Fait intéressant, le nombre de LCL était plus élevé et le volume des lésions était accru chez les personnes atteintes de SP progressive primaire comparativement aux personnes atteintes de SP cyclique. Soulignons en outre que les lésions n’avaient pas été rehaussées par le gadolinium, produit qu’on utilise couramment lors des examens par IRM pour détecter l’inflammation active.
Commentaires. Les chercheurs ont mis au point un nouveau marqueur qui permet de déceler les LCL et qui pourrait constituer un marqueur pronostique de SP progressive. D’autres études seront toutefois nécessaires pour confirmer le lien entre le nombre de LCL et le volume de ce type de lésions et le pronostic relatif à la SP.
En vue d’une autre étude, financée par la Progressive MS Alliance (PMSA — alliance pour la recherche sur la SP progressive), le Dr Arnold s’est entouré d’une équipe internationale interdisciplinaire vouée à la production de la prochaine génération de marqueurs d’IRM de la progression de la SP, pouvant être utilisés dans les essais cliniques de premier stade. Les résultats de cette étude pourraient avoir un impact sur le processus diagnostique clinique de la SP progressive, le suivi des changements dans l’évolution de la maladie et l’évaluation des bienfaits des traitements.
Source :
ELLIOTT, C. et coll. « Slowly expanding/evolving lesions as a magnetic resonance imaging marker of chronic active multiple sclerosis lesions », Multiple Sclerosis Journal, 2018. [Publication en ligne avant impression]