Résumé : Un groupe international d’experts a soulevé la nécessité d’établir un nouveau cadre de référence pour décrire la sclérose en plaques (SP). L’objectif de ce nouveau cadre de référence, qui serait fondé sur les processus biologiques sous-jacents à la SP (lesquels varient au fil du temps), consisterait à remplacer les descriptions actuelles (selon lesquelles on distingue la SP cyclique, la SP progressive primaire [SPPP] et la SP progressive secondaire [SPPS]) et ainsi à mieux décrire l’évolution de cette maladie au cours d’une vie. Il pourrait donc améliorer les soins prodigués aux personnes atteintes de SP et la mise au point de médicaments contre cette affection.
Contexte : Par convention, on distingue plusieurs formes de SP en fonction du tableau clinique observé, à savoir la SP cyclique, la SP progressive primaire (SPPP) et la SP progressive secondaire (SPPS) (cliquez ici pour en savoir plus sur les diverses formes de SP). À ce jour, c’est cette classification qui sert de base à la prestation des soins, aux activités de recherche et aux décisions prises par les organismes de réglementation, et c’est elle qui est utilisée dans les communications qui se rapportent à cette maladie. Or, dans bien des cas, les frontières entre ces différentes formes de SP ne sont pas bien définies (c’est le cas par exemple de la frontière entre la SP cyclique et la SPPS et de la transition entre ces deux formes de SP), sans compter qu’elles ne tiennent pas compte des variations interindividuelles (soit les différences qui s’observent entre les personnes atteintes de la même forme de SP).
Détails : Des chercheuses, chercheurs, cliniciennes et cliniciens spécialisés en SP, membres de l’International Advisory Committee on Clinical Trials in Multiple Sclerosis (comité international consultatif sur les essais cliniques sur la sclérose en plaques), lequel est soutenu par la National MS Society (organisme états-unien de la SP) et l’European Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis (ECTRIMS – comité européen pour le traitement et la recherche dans le domaine de la sclérose en plaques), proposent un nouveau cadre de référence pour décrire l’évolution de la SP au fil du temps. À la lumière d’un corpus croissant de données probantes, on envisage désormais la SP comme un processus pathologique continu sous-tendu par des mécanismes biologiques qui varient non seulement d’une personne à l’autre, mais également au fil du temps chez une personne donnée. Ces mécanismes comprennent notamment des mécanismes lésionnels (inflammation, démyélinisation, lésion et destruction des fibres nerveuses) et des mécanismes de compensation (réparation, régénération, remyélinisation et neuroprotection), et les interactions et l’équilibre qui s’établissent entre eux varient au fil de l’évolution de la maladie. De plus, divers facteurs tels que l’âge, le sexe biologique, certains facteurs génétiques et environnementaux, et la durée de la maladie, sont susceptibles d’influer sur la capacité de l’organisme à compenser les lésions provoquées par la SP.
Retombées : Le cadre de référence proposé change notre façon d’envisager la SP, qui n’est plus décrite comme une entité se manifestant sous des formes distinctes (SP cyclique, SPPP ou SPPS), mais plutôt comme un processus pathologique continu que sous-tendent divers mécanismes biologiques (mécanismes lésionnels et mécanismes de compensation) tout au long de la vie. L’application de ce cadre de référence pourrait améliorer les soins prodigués aux personnes atteintes de SP, puisqu’elle permettrait d’améliorer la conception des plans des essais cliniques et qu’elle contribuerait ainsi à personnaliser les traitements et à accélérer le rythme des découvertes de médicaments. Cela dit, il reste fort à faire sur le plan de la recherche : il convient, d’une part, d’élaborer une classification en fonction des caractéristiques biologiques des gens qui ont la SP, et, d’autre part, d’établir un nouveau cadre de référence qui fera consensus et qui sera adopté par la collectivité de la SP à l’échelle internationale.
Référence :
Article publié dans la revue Lancet Neurology le 18 novembre 2022 – « Time for a new mechanism-driven framework to define multiple sclerosis progression ». Pour consulter cet article, veuillez cliquer ici.
Nous tenons à préciser que c’est la National MS Society (organisme états-unien de la SP) qui est l’auteure de l’article original (cliquez ici pour le consulter).