Résultats d’une étude sur l’IVCC et la SP menée auprès d’enfants et subventionnée par la Société canadienne de la SP

Contexte : Recherche d’indices sur le lien qui pourrait exister entre l’IVCC et la SP au sein d’une population d’enfants

On considère généralement que la sclérose en plaques (SP) se déclare chez les adultes et les adolescents, mais cette maladie touche aussi une faible proportion d’enfants. Lorsque la SP est diagnostiquée avant l’adolescence, son évolution est cyclique, c’est-à-dire qu’elle est caractérisée par l’alternance de poussées bien définies et de périodes de rémission. Les symptômes observés chez l’enfant sont semblables à ceux qui se manifestent chez l’adulte, si ce n’est que certains d’entre eux, comme l’irritabilité ou les fébricules (fièvre peu élevée), sont plus fréquents chez l’enfant.

Les études menées auprès des enfants atteints de SP peuvent fournir aux chercheurs beaucoup d’information sur les causes et l’évolution de cette maladie, pour la simple et bonne raison que ces sujets sont jeunes et qu’il est possible de les observer attentivement à la recherche des tout premiers signes de la maladie, qui ne peuvent être étudiés chez l’adulte. Jour après jour, ces études enrichissent le corpus de connaissances sur la SP, si bien que les chercheurs parviennent à mieux cibler les stratégies de traitement et de prévention de cette maladie. Selon eux, si l’insuffisance veineuse céphalorachidienne chronique (IVCC) est bel et bien un facteur étiologique de la SP, elle devrait être décelable chez toutes les personnes qui sont atteintes de cette maladie, y compris chez les plus jeunes. Enfin, en réalisant des études auprès d’enfants atteints de SP, on peut exclure la possibilité que les incapacités et les problèmes de santé liés au vieillissement influent sur la prévalence de l’IVCC chez les personnes atteintes de SP.

En juin 2010, la National MS Society (États-Unis) et la Société canadienne de la SP ont affecté plus de 2,4 millions de dollars à sept nouveaux projets de recherche visant à mieux faire comprendre le lien qui pourrait exister entre l'IVCC et la SP. L’une de ces études est dirigée par la Dre Brenda Banwell, qui après avoir occupé le poste de directrice de la clinique de SP pour enfants de l’Hôpital pour enfants malades (SickKids) de Toronto, s’est jointe à l’équipe du Children’s Hospital of Philadelphia à titre de chef du service de neurologie.

Cherchant à examiner en profondeur le rôle que pourrait jouer l’IVCC chez les enfants atteints de SP, la Dre Banwell a mis sur pied une équipe de neuropédiatres et d’experts en imagerie cérébrale chez l’enfant en vue de déceler d’éventuelles anomalies veineuses chez des enfants et des adolescents atteints de SP et de comparer les résultats obtenus à ceux de sujets en bonne santé du même âge. Selon les résultats préliminaires de l’étude qui ont été publiés le mois dernier dans l’American Journal of Neuroradiology, l’IVCC ne serait pas caractéristique de la SP chez l’enfant.

Description de l’étude

Vingt-six (26) enfants atteints de SP (âgés de 18 ans ou moins), 26 témoins en bonne santé du même âge et 13 adultes dont la SP s’est déclarée dans l’enfance (adultes ayant reçu un diagnostic de SP alors qu’ils étaient enfants) ont passé une échographie des veines de la tête et du cou. Les technologues en échographie pédiatrique et les radiopédiatres qui ont examiné les données échographiques à la recherche de signes d’IVCC ignoraient à quel groupe appartenaient les sujets. En outre, on a soumis les enfants atteints de SP et les témoins du même âge à des examens d’IRM faisant appel à des techniques de pointe afin de déceler d’éventuelles anomalies de la structure des veines à l’étude et de la circulation du sang dans ces dernières.

Précisons par ailleurs que les technologues en échographie et

les radiopédiatres ont suivi un programme de formation d’une

semaine sur la physiologie et les anomalies des veines cérébrales

dirigé par le Dr Robert Zivadinov, au Neuroimaging Analysis

Center de l’Université de New York à Buffalo. Ce programme

comprenait des directives, des démonstrations ainsi que des

exercices pratiques sur des techniques d’échographie des veines

céphalorachidiennes semblables à celles décrites par le

Dr Zamboni.

Résultats

Cinquante-cinq (55) sujets (73,5 %) ont obtenu des résultats normaux à l’échographie, 15 sujets (23,1 %) répondaient à un critère diagnostique de l’IVCC, et deux enfants atteints de SP et un jeune adulte dont la SP s’était déclarée durant l’enfance satisfaisaient à plusieurs critères diagnostiques de l’IVCC. L’analyse statistique des données de l’étude indique qu’il n’y a pas de lien entre l’IVCC et la SP chez les enfants.

On n’a pas observé de différence entre les jeunes atteints de SP qui présentaient des signes d’IVCC et ceux qui en étaient exempts quant aux caractéristiques démographiques et pathologiques. En outre, il n’y avait pas de différence entre les deux enfants atteints de SP qui présentaient des signes d’IVCC et les témoins en bonne santé pour ce qui est des évaluations de la circulation sanguine dans les veines cérébrales. On n’a pas décelé d’obstruction veineuse chez les enfants. L’évaluation de l’anatomie des veines à l’étude et du débit sanguin dans ces veines a révélé que le drainage veineux était normal chez les enfants atteints de SP.

Dans l’ensemble, les résultats de cette étude tendent à réfuter l’hypothèse selon laquelle l’IVCC serait un facteur étiologique de la SP.

Commentaires

Les résultats de cette étude viennent s’ajouter au nombre croissant de données dont on dispose sur l’IVCC et la SP. Les chercheurs soulignent la nécessité de mener des études auprès des enfants atteints de SP afin de mettre au jour les facteurs déclencheurs qui interviennent dans les tout premiers stades de cette maladie et qui ne sont modifiés ni par le vieillissement ni par les incapacités. Il ressort des données échographiques et des données d’IRM recueillies par la Dre Banwell et ses collaborateurs qu’il n’y a guère de signes d’IVCC chez les enfants atteints de SP. À l’instar de nombreux Canadiens, la Société canadienne de la SP accueille avec déception les résultats de cette étude et ceux d’autres études récentes qui vont dans le même sens. La Société de la SP est consciente que les personnes atteintes de SP veulent en savoir plus sur l’IVCC et elle demeurera à l’affût des résultats des études en cours, qui sont susceptibles de fournir des réponses définitives à leurs questions.

Référence :

Laughlin S et al. No Evidence for Impairment of Venous

Hemodynamics in Children or Young Adults with Pediatric-Onset

Multiple Sclerosis. American Journal of Neuroradiology 18

July 2013 [Version électronique publiée avant la version imprimée]