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Résumé
Le 15e congrès de l’ACTRIMS (comité américain pour le traitement et la recherche dans le domaine de la SP) avait pour thème « Les questions liées à la recherche fondamentale et à la recherche clinique ». L’événement, qui a eu lieu le 5 juin dernier à San Antonio, a été tenu conjointement avec le congrès annuel du Consortium des centres de SP (CMSC) et le congrès des chercheurs-boursiers Tykeson de l'organisme états-unien de la SP (National MS Society Tykeson Fellows Conference). L’ACTRIMS était sous la présidence de Jerry S. Wolinsky, M.D. (Centre des sciences de la santé de l’Université du Texas, à Houston) et cocommandité par la National Multiple Sclerosis Society (NMSS) et la faculté de médecine de l’Université du Maryland, en collaboration avec la Société canadienne de la SP.
Au total, sept conférences et 68 exposés oraux et présentations par affiches étaient au programme du Congrès de l’ACTRIMS; 20 des études présentées ont été financées par des programmes de recherche de la NMSS. Le programme complet est affiché sur le site Web de l’ACTRIMS, au www.actrims.org (en anglais). Voici quelques faits saillants des conférences et des exposés oraux livrés à l’ACTRIMS, suivis d’un bref compte rendu sur le congrès du CMSC.
Détails
Traitements par les cellules souches
La conférence en mémoire de Donald Paty, présentée au congrès
conjoint CMSC-ACTRIMS, a été livrée par Neil Scolding, M.D.
(Université de Bristol, R.-U.) qui a souligné les avantages et
les inconvénients du traitement de la SP par les cellules
souches. Le Dr Scolding a récemment diffusé les résultats
positifs obtenus à la suite d’une étude clinique
d’innocuité-faisabilité de phase I. Les six participants atteints
depuis longtemps de SP ont reçu une greffe autologue (injection
par intraveineuse de cellules adultes de leur propre moelle
osseuse qui renferme des cellules souches).
Le Dr Scolding a souligné qu’une meilleure compréhension de la SP
a fait s’accroître la demande de nouvelles thérapies cellulaires.
Nous savons maintenant que les traitements doivent cibler la
détérioration des fibres nerveuses qui entraîne l’incapacité, de
même que les régions du cerveau où l’altération de la gaine de
myéline des fibres nerveuses n’est pas évidente. Cela dit, les
découvertes dans le domaine de la biologie des cellules souches
se font de plus en plus nombreuses et suscitent l’espoir que leur
utilisation aboutira à un traitement de la SP. « Nous avons
appris que les cellules souches de la moelle osseuse peuvent
quitter le flux sanguin circulant et pénétrer dans le cerveau et
la moelle épinière et qu’elles le font en nombre accru lorsque le
système nerveux central est détérioré par la SP, par
exemple », a-t-il fait remarquer.
Stefano Pluchino, M.D., Ph. D. (Institut scientifique
universitaire San Raffaele, Milan), a poursuivi la discussion sur
le même sujet en se concentrant sur les cellules souches
neuronales (nerfs). Son équipe a montré que ces cellules peuvent
renverser les effets de l’EAE, maladie murine (souris) semblable
à la SP, et stimuler le processus de réparation des lésions. Le
chercheur a souligné que le rôle des cellules souches ne se
limitait probablement pas à remplacer d’autres cellules, mais
qu’elles orchestraient également l’activation de plusieurs
mécanismes comme la libération de molécules responsables de la
modulation des réactions immunitaires et du maintien des
tissus.
Tanja Kuhlmann, M.D. (Centre hospitalier universitaire de
Münster, en Allemagne) a parlé de la possibilité de stimuler le
processus de réparation « endogène » – processus
naturel qui, dans le cas de la SP, semble incapable de maintenir
son efficacité. Elle a mentionné plusieurs causes possibles
de cette « panne » : les inhibiteurs tels que la
molécule Lingo-1; une insuffisance de molécules favorisant le
processus de réparation, tels les facteurs de croissance; ou le
dérèglement des mécanismes des voies de signalisation. On cherche
présentement des moyens de surmonter ces obstacles à partir de
modèles animaux de SP.
Gestion des risques liés aux traitements
ACTRIMS offrait également des séances sur la gestion des risques
apparemment accrus, liés aux traitements sur le marché et aux
traitements expérimentaux de plus en plus puissants. Parmi ces
risques, mentionnons le risque de leuco-encéphalopathie
multifocale progressive (LEMP – infection du cerveau) observée
chez certaines personnes traitées par le natalizumab [Tysabrimd,
Biogen Idec et Elan], médicament employé dans le traitement de la
SP.
Russell Katz, M.D., de la FDA (Food and Drug Association –
Secrétariat américain aux produits alimentaires et
pharmaceutiques), a décrit le processus de surveillance des
risques liés aux nouveaux médicaments, établi par cet organisme.
Dès l’étude préclinique, une évaluation de la toxicité du
médicament est réalisée afin de s’assurer de son innocuité pour
les êtres humains et de son admissibilité à des essais sur des
humains. Au dépôt d’une demande d’approbation par le promoteur,
la FDA examine les résultats des essais cliniques non seulement
pour évaluer l’efficacité du produit, mais également pour voir si
le promoteur a bien défini et pris en considération tous les
aspects liés aux risques. Enfin, une étude de pharmacovigilance,
souvent rendue obligatoire, est menée ultérieurement pour
caractériser les risques à long terme du traitement et trouver
des méthodes de gestion des risques connus.
Plusieurs présentations ont porté sur des stratégies susceptibles
d’aider les médecins et les patients à peser les risques et les
avantages des traitements. La NMSS a subventionné une analyse des
données disponibles sur le natalizumab et le risque de LEMP
associé à ce médicament. À la lumière de ces données, Sascha
Köpke, Ph. D., et ses collaborateurs de l’Université de Hambourg,
en Allemagne, et d’autres établissements de ce pays ont conclu
que les patients avaient généralement une plus grande tolérance
aux risques liés à leur sécurité que les neurologues. Les
chercheurs ont souligné la nécessité de disposer d’informations
non biaisées pour permettre au médecin traitant et à son patient
de prendre ensemble des décisions éclairées.
Traitement des troubles mentaux cognitifs
David Rintell, Ed. D. (Hôpital Brigham and Women, Boston) et ses
collaborateurs ont rendu compte des travaux d’envergure qu’ils
ont menés pour mieux comprendre les troubles cognitifs observés
chez les personnes atteintes de SP. L’étude a été subventionnée
dans le cadre d’un contrat attribué en vertu du programme de
recherche de la NMSS sur la délivrance des soins de santé et les
politiques en cette matière. L’équipe du Dr Rintell a d’abord
sondé 3 300 personnes atteintes de SP, puis a interrogé
les 1 118 répondants qui avaient indiqué avoir été
traités pour des troubles cognitifs. De ces derniers, 60 %
ont déclaré être atteints de troubles cognitifs, et 14 % ont
signalé qu’ils avaient une maladie mentale sérieuse. Des patients
appartenant à ce dernier groupe, 44 % n’étaient pas traités
pour leurs troubles cognitifs. La moitié seulement des personnes
traitées était suivie par un professionnel de la santé mentale.
Les autres étaient soignées par leur généraliste, leur neurologue
ou un membre du personnel infirmier. Selon les résultats de cette
étude, il est essentiel d’améliorer les stratégies de diagnostic
et de traitement des troubles cognitifs chez les personnes
atteintes de SP.
Résultats du tériflunomide oral
Mark Freedman, M.D. (Université d’Ottawa), et ses collaborateurs
ont donné les résultats d’une étude de phase II sur le
tériflunomide (sanofi-aventis), agent immunomodulateur administré
par voie orale. Les 116 participants qui présentaient une forme
cyclique (poussées-rémissions) de SP ont ajouté l’une des deux
doses prévues du médicament ou un placebo à leur traitement
continu par l’interféron bêta-1a durant un an. Par rapport au
groupe témoin, les participants traités par la faible dose du
médicament ont bénéficié d’une réduction de 86 % de
l’activité de la maladie, mesurée par l’IRM, tandis que les
participants qui prenaient la forte dose affichaient une
réduction de 82,8 %. Les événements défavorables les plus
fréquents comprenaient des infections des voies respiratoires
supérieures, des céphalées et des troubles gastro-intestinaux. On
a également observé une augmentation du taux des enzymes
hépatiques, qui n’a toutefois pas excédé trois fois le taux
normal. Des études plus vastes, de phase III, sur le
tériflunomide ont été entreprises auprès de personnes atteintes
de SP rémittente et de personnes dont le risque de SP est
élevé.
Compte rendu du congrès annuel du CMSC (Consortium des
centres de SP)
Le CMSC se concentre sur les soins cliniques dispensés aux
personnes atteintes de SP. Une présentation par affiches, tenue
le 4 juin dernier, a porté sur des données provenant de
l’ACTRIMS et du CMSC. Elle a favorisé les échanges entre les
nombreux spécialistes présents – fondamentalistes,
chercheurs-cliniciens, neurologues et professionnels de la santé
œuvrant dans des domaines liés à la SP. Le programme
intégral, accompagné des résumés, est offert en ligne (en
format PDF; en anglais seulement). Voici quelques-uns des comptes
rendus de recherche centrés sur l’amélioration des soins
prodigués aux personnes atteintes de SP. La centaine de
présentations livrées sur le sujet étaient sous forme d’exposés
oraux.
Troubles cognitifs
Des troubles cognitifs surviennent chez la moitié des personnes
atteintes de SP. Sharon Friedman-Urevich, infirmière (Centre
hospitalier universitaire Winthrop, Mineola, N.Y.), a administré
un questionnaire papier et un test cognitif informatisé à
56 personnes aux prises avec des troubles cognitifs associés
à la SP. Les résultats du test informatisé correspondaient de
manière significative aux réponses au questionnaire papier, ce
qui signifie que cette démarche pourrait constituer une méthode
d’évaluation économique, capable d’identifier facilement les
altérations de la fonction cognitive.
Mesure de la qualité des soins
Barbara G. Vickrey, M.D., M. PH. (Université de la Californie, à
Los Angeles), a obtenu un contrat en vertu du programme de
recherche de la NMSS sur la délivrance des soins de santé et les
politiques en cette matière pour définir les normes de qualité
des soins de santé dispensés aux personnes atteintes de SP ainsi
que les outils de mesure de la qualité de ces soins. Ces travaux
avaient pour but d’améliorer les normes en matière de soins des
personnes aux prises avec la SP. La chercheuse a dirigé une
équipe de spécialistes en SP et en sciences sociales, chargée
d’analyser la littérature médicale. Le groupe a ensuite soumis
ses résultats à 15 parties prenantes associées au domaine
des soins des personnes atteintes de SP, dont quatre étaient
elles-mêmes touchées par cette maladie. Les parties prenantes ont
évalué l’importance et l’impact de chaque mesure. Les indicateurs
ayant reçu les cotes les plus élevées furent la rapidité et
le caractère approprié du processus diagnostique, les troubles
vésicaux, les troubles cognitifs, la dépression, le recours à un
immunomodulateur, la fatigue et la spasticité. Ces indicateurs
feront l’objet d’un examen plus approfondi dans le cadre de
futures études destinées, d’une part, à expérimenter de nouvelles
méthodes de prestation de soins de grande qualité aux personnes
atteintes de SP et, d’autre part, à aider les cliniciens et les
systèmes de soins de santé à évaluer la qualité de soins qu’ils
dispensent aux personnes atteintes de SP.
Obstacles à la participation à la vie
communautaire
Karon Cook, Ph. D. (Université de Washington), et ses
collaborateurs ont administré un questionnaire à
1 271 personnes atteintes de SP qui devaient évaluer
l’impact de 15 signes et symptômes sur leur participation à
la vie communautaire : sensibilité à la chaleur,
engourdissement, troubles vésicaux ou intestinaux, troubles
sexuels, troubles de l’équilibre, troubles du raisonnement,
troubles de l’élocution, troubles de la déglutition, troubles de
la vue, spasticité, tremblement, faiblesse des bras, faiblesse
des jambes, fatigue et douleur. Les obstacles jugés les plus
importants étaient la faiblesse des jambes et la fatigue. La
recherche doit se poursuivre dans ce domaine pour voir si le
traitement de ces symptômes permet d’accroître la participation
des patients à la vie communautaire.
Fatigue
La fatigue est l’un des symptômes les plus répandus chez les
personnes atteintes de SP, touchant environ 80 % des
personnes atteintes de cette maladie. Marcia Finlayson,
M. Sc., O.T.R., Ph. D. (Université de l’Illinois à
Chicago), et ses collaborateurs ont mesuré l’efficacité d’un
programme d’autogestion de la fatigue dispensé par téléconférence
auprès de 190 personnes atteintes de SP. Le programme
comprenait six séances hebdomadaires de 70 minutes, animées
par un ergothérapeute. Il a permis d’améliorer de manière
significative les scores enregistrés à une échelle d’évaluation
de la fatigue et de la capacité fonctionnelle. Soulignons que
l’amélioration était toujours maintenue, six mois après la fin du
programme. Après six semaines, on constatait une amélioration
significative de la santé mentale des participants. Par ailleurs,
les interventions téléphoniques peuvent s’avérer un ajout
précieux à la liste des stratégies de lutte contre la fatigue
chez les personnes atteintes de SP à mobilité réduite. Cette
présentation a remporté le Prix du congrès pour le meilleur
exposé oral sur l’information des patients et des proches.
Troubles vésicaux
La majorité des personnes atteintes de SP présentent des troubles
vésicaux. Maria Lopes de Carvalho, M.D., Ph. D, et ses
collaborateurs (Centre de rééducation de l’organisme italien
de la sclérose en plaques, Genève) ont conçu des programmes
individualisés de rééducation urinaire à l’intention de 62
personnes atteintes de SP. Ces programmes en 12 séances étaient
basés sur les réponses obtenues à un questionnaire.
L’incontinence urinaire s’est atténuée de manière significative,
tout comme la rétention urinaire. Les futures études montreront
peut-être qu’une telle démarche pourrait être intégrée aux
options thérapeutiques pour les personnes atteintes de SP aux
prises avec un dysfonctionnement vésical. Cette présentation a
remporté le Prix du CMSC pour le meilleur exposé oral sur la
recherche.
Society (É.-U.).