Résumé
Selon les résultats d’une étude exhaustive menée en Australie (Ausimmune Study), le risque des femmes de présenter un syndrome clinique isolé (SCI), syndrome souvent précurseur de la sclérose en plaques, diminue à mesure que s’accroît le nombre de grossesses. Le SCI est un premier épisode de troubles neurologiques provoqué par une inflammation ou la détérioration de la myéline, gaine isolante des fibres nerveuses du cerveau et de la moelle épinière. Bien que ces résultats doivent être vérifiés, ils militent en faveur d’une exploration plus poussée de traitements à base d’hormones sexuelles, par exemple, qui peuvent faire profiter les femmes atteintes de SP des bienfaits des hormones de grossesse. L’une de ces hormones, l’estriol, fait d’ailleurs l’objet d’essais cliniques à titre de traitement des femmes atteintes de SP. [Ponsonby AL, Lucas RM, van der Mei IA, Dear K, Valery PC, Pender MP, Taylor BV, Kilpatrick TJ, Coulthard A, Chapman C, Williams D, McMichael AJ, Dwyer T. Neurology. Offspring number, pregnancy, and risk of a first clinical demyelinating event: The AusImmune Study. 2012 Mar 7. [Epub ahead of print]
Détails
Avant 1950, la plupart des médecins conseillaient aux femmes atteintes de SP de ne pas avoir d’enfants, croyant que la grossesse pouvait faire s’aggraver la SP. Au cours des 40 dernières années, les résultats d’études menées auprès de centaines de femmes atteintes de SP ont presque tous infirmé cette hypothèse : la grossesse contribue à une diminution du nombre de poussées de SP, en particulier durant les deuxième et troisième trimestres de la grossesse. L’étude intitulée Ausimmune Study, menée en Australie, visait d’abord à déterminer si une exposition accrue au soleil et donc un taux accru de vitamine D pouvaient mieux protéger contre la SP les personnes chez qui cette maladie n’avait pas encore été diagnostiquée mais qui avaient présenté un SCI. Pour l’étude dont il est question ici, les chercheurs se sont penchés sur les données provenant de cette population unique pour voir si le nombre de grossesses ou d’enfants influait sur le risque d’apparition d’un SCI.
Les chercheurs ont examiné les dossiers de 282 hommes et femmes qui avaient présenté un SCI, puis ils ont comparé le nombre d’enfants qu’avaient eus ces hommes et ces femmes – ainsi que le nombre de grossesses chez les femmes – à celui de témoins qui n’avaient pas présenté de SCI. Les femmes qui avaient eu une grossesse présentaient un risque 50 % moins élevé de SCI que les témoins, et celles qui avaient eu trois grossesses ou plus présentaient quant à elles un risque presque 75 % moins élevé que les témoins. L’étude d’autres facteurs de risque, dont l’exposition au soleil et les gènes associés au système immunitaire qui ont un lien avec la SP, n’a pas permis d’expliquer ces associations. Aucun lien n’a été établi entre le risque de SCI et le nombre d’enfants des hommes atteints de SP. Les auteurs d’un éditorial accompagnant l’article précisent que ces résultats doivent être validés dans le cadre d’études menées dans d’autres pays et que les travaux ne portaient pas sur les effets de la grossesse sur l’évolution à long terme de la SP ni sur l’apparition d’incapacités. Malgré tout, ils affirment que les résultats d’études comme celles-ci montrent la nécessité d’approfondir la recherche sur des traitements qui peuvent faire profiter les femmes atteintes de SP des bienfaits des hormones de grossesse. Le Dr Voskuhl dirige actuellement une équipe de chercheurs à l’œuvre dans sept centres médicaux. Tous collaborent à une étude comparative à répartition aléatoire, d’une durée de deux ans, sur l’estriol – hormone sexuelle dont le taux s’élève durant la grossesse – administré en association avec l’un des médicaments actuels contre la SP chez 150 femmes présentant une forme cyclique (poussées-rémissions) de la maladie.
Cette étude fournit des données probantes additionnelles quant à une relation entre le genre (sexe) et l’auto-immunité.
Source : National MS Society (organisme états-unien de la SP)